Ottawa mobilise plus de 1,2 milliard pour soutenir l’industrie du bois d’œuvre

  • Publié le 5 août 2025 (Mis à jour le 6 août 2025)
  • Lecture : 4 minutes
La ministre des Services aux Autochtones, Mandy Gull-Masty, le 5 août à Val-d’Or, a transmis l’annonce du premier ministre. 

Photo gracieuseté. 
La ministre des Services aux Autochtones, Mandy Gull-Masty, le 5 août à Val-d’Or, a transmis l’annonce du premier ministre.  Photo gracieuseté. 

Le premier ministre Mark Carney a dévoilé, le 5 août, une série de mesures totalisant 1,25 milliard de dollars afin d’aider l’industrie canadienne du bois d’œuvre à faire face aux bouleversements du commerce mondial et à soutenir la construction résidentielle et d’infrastructures. Cette nouvelle revêt de l’importance en Abitibi-Témiscamingue qui est la troisième région forestière au Québec. 

Le gouvernement fédéral annonce une stratégie industrielle visant à stimuler la production intérieure, moderniser les entreprises et soutenir l’innovation. L’industrie forestière, pilier de l’économie canadienne, figure au cœur de cette relance. 

Chiffres clés de la période 2023-2028 dans notre région 

Les possibilités forestières annuelles selon le Bureau du Forestier en chef sont de 4 099 600 m³ de bois (au 1er avril 2025). En détails : 

  • Troisième région forestière en importance sur 13 
  • Il y a 4 785 020 hectares répartis dans 7 unités d’aménagement 
  • Il y a 2 720 610 hectares retenus au calcul des possibilités forestières
     

L’Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue indique que « 4 420 emplois sont directement générés par l’industrie du bois en Abitibi-Témiscamingue. Le poids de ces emplois représente 28 % de ceux du secteur primaire et manufacturier de la région, soit une part deux fois plus importante que la moyenne québécoise (12 %) ». 

Un plan structurant pour moderniser le secteur 

Le gouvernement fédéral entend notamment : 

  • soutenir la transformation des entreprises ; 
  • stimuler la production à valeur ajoutée ; 
  • promouvoir l’usage de matériaux canadiens dans la construction ; 
  • diversifier les débouchés à l’exportation ; 
  • et accompagner les travailleurs dans l’adaptation aux nouvelles technologies. 

Le plan vise à soutenir l’industrie afin qu’elle réponde à la fois aux besoins du marché intérieur et aux attentes de nouveaux marchés à l’international. 

Réactions fédérales

Le premier ministre du Canada, Mark Carney, a déclaré que « le secteur forestier est au cœur de l’économie canadienne. Au moment où nous passons de la dépendance à la résilience, le nouveau gouvernement du Canada veillera à ce que l’industrie puisse se transformer pour saisir de nouvelles opportunités sur les marchés canadiens et internationaux ».  

« Dans ce contexte mondial en évolution, nous privilégions ce sur quoi nous avons une emprise […] : bâtir un Canada fort avec le savoir-faire canadien et le bois d’œuvre canadien », a-t-il ajouté. 

Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, renchérit à son tour par un chiffre : « le secteur forestier canadien fournit près de 200 000 bons emplois dans des communautés rurales et urbaines et génère des milliards de dollars chaque année dans le PIB canadien et en exportations ». 

« Grâce aux mesures annoncées aujourd’hui et aux mesures déjà en place, nous nous engageons à protéger cette industrie névralgique ainsi que les travailleurs qui en sont le moteur », a-t-il conclu.

La ministre Blanchette Vézina satisfaite 

La ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, a réagi aux mesures fédérales. « C’est une bonne nouvelle. En juillet, j’a[vais] interpellé directement le ministre Hodgson pour faire valoir les besoins de nos communautés forestières. Au Québec, on est en première ligne. On produit près du tiers de tout le bois d’œuvre au Canada. […] Maintenant, il faut que l’argent fédéral arrive rapidement sur le terrain. Et il faut, une fois pour toutes, régler le conflit sur les tarifs du bois d’œuvre. » 

Réaction du Syndicat 

Le Syndicat des Métallos accueille favorablement l’annonce du gouvernement fédéral. « Alors que les tarifs américains punissent notre industrie et que des communautés sont en danger, l’annonce d’aujourd’hui envoie un signal fort que le Canada est prêt à défendre et à reconstruire ce secteur vital avec une stratégie industrielle sérieuse », a déclaré le directeur national du Syndicat des Métallos, Marty Warren.

 « Les garanties d’emprunt aideront les entreprises à survivre et l’initiative visant à prioriser le bois d’œuvre canadien constitue un grand pas en avant. Mais nous ne pouvons pas nous permettre une nouvelle vague de fermetures d’usines en attendant que les programmes soient mis en œuvre. Les travailleurs doivent voir les résultats dès maintenant, avec des subventions salariales, de solides mesures de soutien au marché du travail […] », a expliqué le président du Conseil du bois des Métallos, Jeff Bromley.

Les Métallos représentent des dizaines de milliers de travailleurs forestiers à travers le Canada.

Un soutien financier direct à l’industrie 

Pour alléger les pressions que subit actuellement le secteur, Ottawa offrira jusqu’à 700 millions de dollars en garanties de prêt. Ce soutien permettra aux entreprises forestières d’accéder au crédit nécessaire pour restructurer leurs activités pendant cette période charnière. 

À cela s’ajoute un investissement de 500 millions de dollars pour encourager la diversification des produits et des marchés, avec une attention particulière portée à la transformation du bois et à la production à valeur ajoutée. Des initiatives ciblées soutiendront également l’expansion d’entreprises forestières dirigées par des Autochtones. 

Le bois canadien au cœur des grands chantiers 

Le gouvernement fédéral modifiera ses processus de passation de marchés pour exiger que les entreprises retenues utilisent du bois canadien. Il compte ainsi accélérer la construction de logements et d’infrastructures en privilégiant les matériaux nationaux. 

Une fois le programme Maisons Canada lancé, un financement sera offert à des constructeurs du secteur privé qui emploieront du bois massif ou du bois d’œuvre provenant du Canada et intégrant des technologies de pointe. 

Objectif annoncé : près de 500 000 nouvelles habitations par an, ce qui équivaudra à doubler la consommation de bois d’œuvre dans la construction résidentielle, soit une hausse de 2 milliards de pieds-planches. La demande en panneaux structuraux devrait également doubler. 

Conquérir de nouveaux marchés 

Dans un contexte où les exportations vers les États-Unis subissent une hausse des droits de douane — ceux-ci ayant doublé le 25 juillet 2025, d’autres augmentations étant anticipées — le gouvernement lancera une nouvelle initiative de diversification des exportations. 

Ce programme reposera sur la revitalisation de dispositifs fédéraux existants afin d’accroître l’accès aux marchés étrangers, notamment dans les régions où la croissance rapide stimule la demande en logements et en infrastructures. Le bois d’œuvre canadien, à la fois durable et abordable, y sera activement promu. 

Accompagner les travailleurs de la filière bois 

Pour répondre aux besoins de main-d’œuvre et soutenir les personnes touchées par les changements en cours, Ottawa investira 50 millions de dollars dans le perfectionnement et le recyclage des compétences, ainsi que dans des mesures de soutien au revenu. 

Plus de 6 000 travailleurs bénéficieront de ces programmes, qui s’appuieront sur les Ententes sur le développement du marché du travail. Ces initiatives s’ajoutent aux ajustements temporaires au régime d’assurance-emploi et au programme de Travail partagé. 

Un secteur stratégique pour l’économie et la transition 

Le secteur forestier canadien représente : 

  • près de 200 000 emplois, dont plus de 11 000 Autochtones ; 
  • une contribution de 20 milliards de dollars au PIB du pays ; 
  • et un rôle clé dans l’atteinte de la carboneutralité d’ici 2050, grâce à l’émergence de produits innovants comme le bois d’ingénierie, les biocarburants et les matériaux biodégradables à base de cellulose.

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