Main-d’œuvre: il faut s’attaquer aux causes, pas aux symptômes dans la région

  • Publié le 23 sept. 2025 (Mis à jour le 23 sept. 2025)
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L’étude récemment commandée vise à mieux comprendre les impacts concrets du navettage dans la région, un phénomène qui accentue la pression sur un système déjà fragilisé. 
Crédit photo : Ricardo Jr Emmanuel – Le Citoyen
L’étude récemment commandée vise à mieux comprendre les impacts concrets du navettage dans la région, un phénomène qui accentue la pression sur un système déjà fragilisé. Crédit photo : Ricardo Jr Emmanuel – Le Citoyen

Lors d’une conférence de presse, le lundi 22 septembre, les représentants syndicaux ont souligné que la pénurie de main-d’œuvre, aggravée par le recours au navettage, fragiliserait sérieusement l’accès aux services sociaux dans la région.

Cette déclaration fait suite à une étude menée par la firme MCE Conseil, qui met en lumière les conséquences du navettage sur le réseau de la santé et des services sociaux en Abitibi-Témiscamingue.

« L’étude démontre hors de tout doute l’urgence d’agir. Si le gouvernement, en tant qu’employeur, ne prend pas les mesures nécessaires, c’est non seulement le réseau de la santé qui s’effondrera, mais l’ensemble du développement socio-économique de notre région. C’est pourquoi nous appelons aussi les acteurs économiques à une action concertée pour enrayer le navettage », a souligné Félix-Antoine Lafleur, président du CCATNQ-CSN.

La pénurie de main-d’œuvre a été identifiée comme un défi central. Selon la FSSS, il ne s’agit pas seulement d’un manque de personnel, mais d’un déséquilibre structurel qui pousse de nombreux travailleurs à quitter la région, notamment en raison des conditions salariales et de travail jugé peu attrayant. Une politique de rétention serait donc essentielle pour freiner l’exode de la main-d’œuvre indépendante.

Julien Racicot accompagne les organisations dans l’optimisation de leur positionnement stratégique
Crédit photo : Ricardo Jr Emmanuel – Le Citoyen

Le fly-in, fly-out coûte cher à la région

Les conclusions de l’étude commandée par la FSSS–CSN sont sans appel : le recours massif à la main-d’œuvre indépendante dans le réseau de la santé en Abitibi-Témiscamingue a des effets économiques et sociaux profondément néfastes.

En 2024 seulement, plus de 144 millions de dollars ont été versés à des agences privées, dont près de 95 % des travailleurs provenaient de l’extérieur via le système de navettage, aussi appelé fly-in, fly-out.

« Si ces 144 millions de dollars avaient été investis dans du personnel permanent résidant dans la région, environ 40 % de cette somme seraient restés ici, réinjectés dans l’économie locale, notamment dans les commerces et autres », a souligné Julien Racicot, économiste senior.

Toujours selon l’étude, sur le plan économique, le modèle est loin d’être rentable pour la région : pour chaque tranche de 100 $ dépensée, seulement 5,60 $ reviennent dans l’économie locale lorsqu’il s’agit de travailleurs en navettage, contre 40,60 $ lorsque la main-d’œuvre est régionale.

Navettage en Abitibi, les syndicats tirent la sonnette d’alarme
Crédit photo : Ricardo Jr Emmanuel – Le Citoyen

Autre point névralgique

La Loi 10 est décrite comme un choix crucial pour l’avenir de la région. Cette loi, qui redéfinit la gouvernance du réseau de la santé, pourrait entraîner des conséquences majeures sur la capacité des régions à conserver leur autonomie décisionnelle. Entre autres, la région est confrontée à des défis sans commune mesure au Québec.

Cette loi vise à interdire le recours aux agences privées et à la main-d’œuvre indépendante. D’ici octobre 2026, l’Abitibi-Témiscamingue se retrouve à la croisée des chemins.

Dans une région durement frappée par la pénurie de personnel, le gouvernement devra bientôt trancher entre deux options aux conséquences lourdes : appliquer la loi intégralement, quitte à devoir fermer certains services faute de personnel, ou en retarder l’application, maintenant ainsi une dépendance coûteuse aux agences privées et prolongeant les effets sociaux et économiques néfastes du navettage. Un choix délicat qui pourrait redéfinir l’avenir du réseau de la santé dans la région.

« Les conclusions sont sans équivoque : investir dans la main-d’œuvre locale profite bien au-delà du milieu de travail. Le gouvernement doit rapidement mettre en place des incitatifs majeurs pour retenir et attirer des travailleuses et travailleurs dans le réseau public, tel que nous le demandons depuis déjà trop longtemps », a conclu Lyne Massicotte, vice-présidente régionale de la FSSS-CSN et présidente du CSN-SRPPSAM.

Lyne Massicotte, vice-présidente régionale de la FSSS-CSN et présidente du CSN-SRPPSAM
Crédit photo : Ricardo Jr Emmanuel – Le Citoyen

 

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