Le ministre du Travail, Jean Boulet, remplace Mathieu Lacombe à titre de ministre responsable de l’Abitibi-Témiscamingue, ce qui inquiète les acteurs politiques de la région. 

L’annonce a été confirmée le matin du 19 octobre 2023 par le bureau du premier ministre du Québec, François Legault.

Jean Boulet devient ainsi le représentant régional auprès du conseil des ministres, en plus de poursuivre ses fonctions à titre de ministre du Travail et de ministre responsable de la région de la Mauricie et de la région du Nord-du-Québec.

Jean Boulet sera épaulé dans ses nouvelles fonctions par le député d’Abitibi-Est, Pierre Dufour, qui remplissait déjà le rôle d’adjoint gouvernemental auprès du ministre responsable de la région de l’Abitibi-Témiscamingue.

Le premier ministre François Legault a par ailleurs salué l’implication de Mathieu Lacombe, sans toutefois expliquer les raisons derrière le changement de garde au niveau du représentant de la région au conseil des ministres. 

Des réactions en Abitibi-Témiscamingue 

Le président de la Conférence des préfets de l’Abitibi-Témiscamingue, Sébastien D’Astous, a eu des mots très durs envers Mathieu Lacombe.

« Ça ne peut pas être pire », a lancé M. D’Astous, soulignant au passage que Mathieu Lacombe n’était pas très présent dans la région.

Du reste, le président de la CPAT veut donner la chance au coureur dans le cas de Jean Boulet.

« Il est venu nous voir récemment. Il connaît bien le Nord-du-Québec, notre région voisine, et l’Abitibi-Témiscamingue. De plus, il aura l’aide de nos trois députés régionaux, qui font un bon travail pour porter nos dossiers à Québec. » 

Quant à savoir si le changement de ministre affectera la suite des choses, Sébastien D’Astous croit que les préfets de la région continueront de faire leur travail.

« Il s’agit d’un remaniement des tâches et non d’un vrai remaniement ministériel, précise M. D’Astous. On ne s’attendait pas à un grand changement. Est-ce que c’est parfait? Non. Mais nous avons toujours nos entrées dans les ministères. » 

Pour sa part, la mairesse de Val-d'Or, Céline Brindamour, trouve inquiétant que la responsabilité de la représentation ministérielle en Abitibi-Témiscamingue échappe toujours aux députés caquistes de la région.

« Je trouve ça dérangeant de voir qu’à nouveau, la région soit représentée par un ministre d’en dehors de l’Abitibi-Témiscamingue. Tant qu’à faire des changements, j’aurais bien aimé qu’on utilise les gens ici, dans la région, pour nous représenter », a d’ailleurs commenté la mairesse. 

L’Opposition s’en donne à cœur-joie 

L’Opposition à Québec est elle aussi tombée à bras raccourcis sur la décision de redonner la responsabilité de l’Abitibi-Témiscamingue à un ministre de l’extérieur. « Le pouvoir, il ne devrait pas être à Trois-Rivières ou à Gatineau, il devrait être à Rouyn-Noranda, Val-d'Or, Ville-Marie ou Amos », affirme le député péquiste, Pascal Bérubé.

« La décision du premier ministre en 2022 était décevante, en 2023, elle est insultante. »

 À titre informatif, le PQ a indiqué, dans son communiqué, le temps de trajet reliant le ministre Jean Boulet à sa nouvelle région: le ministre est à 6h44 de Val-d'Or, 7h29 d’Amos, 7h58 de Rouyn-Noranda, 8h21 de Ville-Marie et 8h40 de La sarre.

« Je trouve que ça n'a pas de sens pour les organismes, les entreprises et les municipalités, qui s'attendaient à une oreille attentive de la CAQ et qui se demandent avec raison pourquoi l'une ou l'un de leurs élus n'est pas assez bon pour s'asseoir à la table des ministres, c'est difficile à justifier », de dire le député péquiste de Matane-Matapédia.