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13 juin 2017

Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca

Règlements de comptes sur la liberté à Notre-Dame-de-Protection

Les élèves ont vécu une expérience unique avec Alexandre Castonguay

©TC Media - Patrick Rodrigue

Une des scènes que le public pouvait contempler lors de la présentation publique.

Une réflexion qui étonne et détonne sur la liberté et ses limites, le tout sur fond de lutte contre les préjugés, voilà la tâche colossale à laquelle les élèves de l’école primaire Notre-Dame-de-Protection de Rouyn-Noranda se sont attelés au cours des cinq derniers mois.

Le 13 juin, les jeunes de 1re à 6e année ont offert aux parents une performance artistique reprenant l’essentiel des nombreux ateliers dans lesquels l’artiste Alexandre Castonguay les a plongés depuis la fin de janvier, flanqué de son acolyte de toujours, le réalisateur Dominic Leclerc.

Dans une ambiance vaporeuse, suivant les notes à la fois claires et lointaines d’une guitare de table, les élèves ont enchaîné une chorégraphie surréaliste: enfants sans bras ou sans visage qui erraient sans but, élèves qui récitaient des fables à des animaux empaillés, coureur qui fonçait à répétition dans un mur, fillette qui se déplaçait uniquement sur les traces animales qu’elle déposait devant elle. Et à travers cette scène, Alexandre Castonguay qui poussait un chariot rempli d’enfants, dont l’un d’entre eux orchestrait les chorégraphies au son d’une grosse cloche.

Défaire les préjugés

L’artiste s’est installé en résidence à Notre-Dame-de-Protection à la fin de janvier. Muni de sa caméra, le réalisateur l’a accompagné en vue d’en tirer un documentaire. La subvention qu’ils avaient obtenue dans le cadre du volet Une École accueille un artiste du programme La Culture à l’école leur permettait un séjour de trois mois. Le 13 juin, soit un mois et demi après l’expiration de ce délai, ils s’y trouvaient toujours.

«Comme l’école est cotée 8 sur 10 sur l’échelle de défavorisation, on avait reçu le mandat de défaire les préjugés. J’ai cherché à voir ce que je pouvais apporter en tant qu’artiste. C’est là que j’ai eu l’idée de la réflexion sur la liberté, mais aussi de ses limites», a expliqué Alexandre Castonguay.

Nombreuses questions éthiques

L’artiste s’est inspiré de la fable Le Chien et le Loup de Jean de La Fontaine, dans laquelle un dogue domestique bien gras dialogue avec un loup affamé mais libre. Il en a émergé une œuvre qui, pour quiconque connaît le travail d’Alexandre Castonguay, n’avait rien de surprenant. Ce qui l’était, par contre, c’était de voir des jeunes du primaire l’exécuter.

«Outre les ateliers théâtraux, on a abordé de nombreuses questions éthiques, a indiqué Alexandre Castonguay. Quelles sont les limites de la liberté? L’humain a-t-il droit de vie et de mort sur les animaux sauvages et domestiques? Et en examinant l’étymologie de chaque mot de la fable, on a aussi fait de l’archéologie. Pourquoi tel mot s’écrit de telle manière? Quel est son sens réel? D’où vient-il? Disons qu’on a brassé pas mal d’affaires.»

©TC Media - Patrick Rodrigue

Les élèves se sont impliqués à fond dans un processus créatif pour le moins surprenant.

Former les jeunes au «politically correct»

L’artiste aussi s’est fait ébranler. «Quand j’échangeais avec eux, je me suis rendu compte que l’école forme les jeunes au politically correct. Je les interrogeais sur les préjugés et ils évitaient tous les pièges que je leur tendais. Mais à l’extérieur, le vrai fond ressortait tout de suite. Ça m’a flabbergasté de voir qu’un jeune qui venait de sacrer une mornifle à un autre dans la cour de l’école était capable de me répondre tout en douceur une fois dans la classe», a-t-il raconté.

Le fait de vivre au quotidien avec des élèves en situation d’échec l’a aussi ébranlé. «L’école, c’est un moyen, pas une fin, a-t-il fait valoir. J’ai vu des jeunes qui vont toujours avoir de la misère en classe, mais qui vont quand même réussir dans la vie parce qu’ils ont ce qu’il faut. Ça leur prend juste des encouragements.»

©TC Media - Patrick Rodrigue

Depuis la fin janvier, Alexandre Castonguay a littéralement pris possession d’un local à Notre-Dame-de-Protection. À partir de cet antre baroque, il a poussé les élèves aux limites de leurs réflexions sur la liberté et les préjugés.

Des centaines d’heures de film

L’expérience vécue par Alexandre Castonguay à Notre-Dame-de-Protection pourrait éventuellement déboucher sur un documentaire, dont le titre serait Les chiens-loups. C’est du moins ce que souhaite Dominic Leclerc. Mais pour cela, le tandem a besoin d’un financement de 15 000 $.

«Ce serait une sorte de suite à Alex marche à l’amour et peut-être même le deuxième volet d’une trilogie dont le dernier acte évoquerait les particularités du Vieux-Noranda, a-t-il confié. On a énormément de matériel. Alexandre, c’est l’incarnation des limites de la liberté. Son travail m’amené à une réflexion. Nos écoles disposent de services spécialisés pour intervenir à plein de niveaux. Imaginons à présent si on pouvait aussi se payer des artistes à temps plein, histoire de sortir du champ gauche une fois de temps en temps.»

«Des élèves m’ont demandé à quoi servait mon travail. Je leur ai répondu: à rien. Mais ça peut être très utile d’être inutile», a conclu Alexandre Castonguay.

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