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23 mai 2018

Rouyn-Noranda, plaque tournante du métal

20 ans de spectacles

©(Photo gracieuseté – Hugo Lacroix)

Vingt ans de présentation de spectacles métal à Rouyn-Noranda, c'est un exploit en soi, mais aussi une histoire construite par des passionnés et un public exceptionnel.

Si la popularité de ces soirées a connu des hauts et des bas au cours des années, la constance des spectacles est le fruit d'une équipe qui s'est façonnée avec les années et qui n'a surtout pas l'intention d'arrêter.

©(Photo gracieuseté – Louis-Charles Levasseur)

Ian Campbell, alors qu'il était chanteur de Neuraxis.

Les débuts

Avant 1997, quelques spectacles métal ont été présentés à Rouyn-Noranda, dont Voivod au Théâtre du Cuivre ou Anonymus. «Il n'y avait toutefois pas de "bookeur" précis», souligne Ian Campbell, l'un des premiers producteurs officiels de spectacles dans ce style musical particulier à Rouyn-Noranda.

La première tentative fut avec un spectacle de Neuraxis, un des rares groupes métal présents sur Internet à l'époque. «Je me mets à parler avec eux et ils me disent: "Si on t'aide à en monter un, es-tu intéressé?" Moi, je discutais avec un gros band de Montréal, j'étais tout excité. On travaillait dans les mines comme job étudiante, donc on avait de l'argent. Alors, on a loué le Canadian Corps (devenu depuis le Petit Théâtre du Vieux-Noranda). On a eu Neuraxis et Quo Vadis, deux bands totalement inconnus, mais qui venaient chacun de sortir un premier album. Il y a eu 400 personnes. On était alors en septembre 1997», raconte Ian Campbell.

À l'église ukrainienne

Dès lors, la réputation de Rouyn-Noranda sur la scène métal commence à se forger. «J'ai reçu deux appels: l'un du chanteur de BARF et l'autre de la formation Necrotic Mutation. Ceux-là, ils avaient entendu parler du show à Rouyn-Noranda et ils voulaient venir», poursuit Ian.

De fil en aiguille, le projet prend forme et c'est à l'église ukrainienne que le spectacle est présenté. «C'est une salle qui pouvait accueillir à peu près 200 personnes. Il y en a eu 500. S'il y avait un feu là, on aurait eu une tragédie nationale», se souvient Ian Campbell.

Le souvenir est bien gravé dans sa mémoire, même s’il n’a malheureusement pas pu conserver de vidéo de cette époque. «Mais elles sont dans ma tête avec un immense thrash qui faisait le tour de la salle, de l'avant de la scène, jusqu'à la console de son», évoque-t-il.

Le spectacle mythique n'a pas marqué que Ian Campbell. «On est vingt ans plus tard et les gars de BARF m'en parlent encore. Il faisait -30 dehors, mais en dedans, il devait faire 40 degrés», se rappelle-t-il.

Le choc des températures avait été tel que lorsque les organisateurs sont retournés dans la salle quelques jours plus tard, une épaisse couche de boue et de glace recouvrait les tuiles qui, elles, avaient toutes levé du plancher. «Il n'y a plus eu de spectacles à l'église ukrainienne», précise Ian Campbell, un sourire en coin.

La belle époque

Ce fut le début des spectacles métal de façon plus régulière. Le tout a été entrecoupé de quelques spectacles plus punk, dont celui de Reset, qui deviendra Simple Plan un peu plus tard.

À l'époque, Rouyn-Noranda rivalisait avec Rimouski pour le titre de plaque tournante du métal au Québec. «Rimouski perdait un peu de sa ferveur et c'est Rouyn-Noranda qui a pris la place comme l'endroit où aller pour un band métal au Québec», indique Ian Campbell.

Malgré l'éloignement, les groupes appréciaient la route pour venir. De plus, la paie était bonne, tandis que le public, lui, était bien présent. Tous les groupes métal du Québec du temps ont, un jour ou l'autre, foulé les planches à Rouyn-Noranda. On n'a qu'à penser à Gorguts, Kataklysm, Voivod et Cryptopsy, qui ont poursuivi ensuite sur la scène internationale.

Une réputation internationale

L'emplacement entre Montréal et Toronto donne un avantage à Rouyn-Noranda, en plus de son excellente réputation. Si bien que vers 1999, même les formations de renommée internationale commencent à placer Rouyn-Noranda comme un arrêt obligatoire de leur tournée.

Alors que ces musiciens de l’étranger sont incapables de prononcer le nom de la ville et qu’ils parlent plutôt d'une «petite ville dans le Nord», la réputation de Rouyn-Noranda pour son accueil et l'enthousiasme de ses spectateurs gagne en popularité.

Ian Campbell, à ce moment chanteur du groupe Neuraxis, a entendu parler de son patelin au Japon, en Europe et aux États-Unis. «Ça se jasait. J'étais à l'autre bout du monde et on me parlait de Rouyn-Noranda!», s’exclame-t-il.

La planète converge à Rouyn-Noranda

En 2004, alors qu'Ian Campbell est en tournée avec Neuraxis, Sébastien Audet et Geneviève Dumont prennent le relais en tant que producteurs. «C'était payant, les shows métal à l'époque, puis les gens du milieu sont respectueux. S'il y a eu une seule bagarre, c'est beau. Donc, les salles comme le Petit Théâtre voulaient continuer à les présenter», raconte Ian Campbell.

Le duo travaille avec BCI pour booker les spectacles et accueille de gros noms comme Suffocation (New York), Kreator (Allemagne), Napalm Death (Angleterre) et Dying Fetus (Maryland). «On a reçu des bands de la Finlande, de la Suède, de la Pologne, de la Russie, des États-Unis… C'était parfois leur première tournée nord-américaine, mais aujourd'hui, on n’aurait plus les moyens de les accueillir ici», signale Ian Campbell.

Si bien qu'au dos des fameux t-shirts de tournées de groupes de grande envergure, après Chicago et New York, on retrouvait Rouyn-Noranda à la fin de la liste. «Il y avait beaucoup de métalleux au pied carré à Rouyn-Noranda à l'époque», fait observer Ian Campbell.

En 2011, face à un déclin de l'assistance et au départ de Sébastien Audet et de Geneviève Dumont, on constate un petit intermède dans la présentation de spectacles métal. «C’était quand même risqué. Des fois, ça prenait 8000 $ pour couvrir la paie du groupe. Ça faisait pas mal d'entrées à assurer à 20 $ du billet pour couvrir les dépenses», calcule Ian Campbell.

Les Productions Ça bûche

En 2012, Ian Campbell est de retour dans le coin et reprend le mandat de la production des spectacles à Rouyn-Noranda en partageant le risque avec le Petit Théâtre du Vieux-Noranda. «J'ai organisé un spectacle de Mononc' Serge. Ce n'était pas du métal, mais ça s’en rapprochait. Il est bien respecté dans le milieu. On a fullé le Petit Théâtre», se souvient-il.

Il réinvite alors Geneviève Dumont à se joindre à l'équipe. «On l'a surnommée Iso Gen, lance Ian Campbell en riant. Quand Gen est là, on a une totale confiance que l'argent va aller au bon endroit et qu'on ne va rien manquer.»

C'est la naissance des Productions Ça bûche, qui inclut aussi Jérôme Gamache. Encore aujourd’hui, ce sont eux qui organisent les soirées métal.

L'accueil, toujours l'accueil

Pour Geneviève Dumont, l'importance d'offrir un accueil hors de commun a toujours été un souci constant. «Les groupes peuvent faire beaucoup de route pour venir ici. Donc, je me dis toujours qu'on peut les recevoir autrement qu'avec de la pizza. On me reproche souvent de m'enfarger dans les fleurs du tapis, mais je crois que c'est important», insiste-t-elle.

Si bien que c'est elle qui cuisine personnellement pour ces musiciens, comblant tous leurs besoins culinaires, qui sont parfois plutôt précis. «C'est cet accueil particulier qui marque tous les groupes qui sont de passage à Rouyn-Noranda», affirme Ian Campbell.

«La particularité de Rouyn-Noranda, à l'époque, c’était la salle, qui est très belle comparée aux Foufounes électriques de Montréal, par exemple. Puis, les groupes sont accueillis par une bonne équipe et le traitement est bon. La paie aussi», mentionne Ian Campbell. Cette réputation se poursuit encore aujourd'hui.

Voyez aussi: Des soirées métal pour les années à venir

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