04 octobre 2018

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©Jean-François Vachon - Le Citoyen Rouyn - La Sarre

[Lettre ouverte signée par les carrossiers de la région]

Revenons aux faits.

Depuis nombres d’années que les carrosseries dénoncent le fait de travailler à rabais et bien en deçà du tarif moyen pour du travail comparable dans des secteurs de même nature. Plusieurs, pour ne pas dire la majorité des compagnies d’assurance, ont accepté les augmentations demandées par les carrossiers et se disent compréhensifs quant à la situation que nous vivons dans ce secteur d’activités.

Présentement, les assureurs remboursent à une tarification de 82,00$ de l’heure les travaux conventionnels de carrosserie. Le groupe Intact, Bélair et Banque Nationale Assurances offre un maximum de 70,00 $ de l’heure sans augmentation jusqu’en mars 2020, soit 14% de moins que leurs confrères et cela perdure depuis les premiers mois de 2018.

Ce qui se paie dans un marché similaire:

Atelier mécanique entre 92,00 $ et 104,00 $ de l’heure;
Atelier mécanique petit moteur entre 80,00$ et 98,00$ de l’heure;
Atelier de soudure et manufacture entre 90,00 $ et 95,00 $ de l’heure;
Électricien, plombier, Ventilation, etc. entre 85,00 $ et 95,00 $ de l’heure;
Menuisier et quarts de métier semblables entre 80,00 $ et 92,00 $ de l’heure.

Dans l’ensemble, l’industrie de la carrosserie requiert des investissements beaucoup plus dispendieux que l’ensemble des métiers cités plus haut. Prenons, par exemple, les cabines de peinture qui coûtent 100 000 $ et plus, les bancs de redressement spécialisés à 85 000 $, le système de mesure 3D à 40 000 $ et les soudeuses par point à 28 000 $, etc.

Ce sont plusieurs centaines de milliers de dollars, même des millions en équipements et formation continue, pour rencontrer les normes exigées par les manufacturiers, l’environnement, la CNESST, etc.

Que dire de la main-d’œuvre. Nous n’avons pas à refaire le bilan sur la situation concernant la main-d’œuvre en région. Nous devons avoir du personnel compétent, formé, motivé pour s’assurer un travail de qualité, à la hauteur des attentes de la clientèle, déjà affectée par les bris dûs aux accidents.

Alors, pourquoi accepterions-nous de travailler à environ 30 % de moins que ce qui est payé dans des secteurs semblables. C’est tout simplement inacceptable. Ce n’est pas une question de volonté et de volume d’affaires. C’est une question de respect envers notre clientèle et nos employés et d'avoir un minimum de rentabilité.

Présentement Intact, Bélair et Banque Nationale Assurances traitent avec certains carrossiers qui ne possèdent pas l’équipement exigé par les manufacturiers et transportent des véhicules hors de la région, vers les Hautes-Laurentides, l’Outaouais et autres régions pour effectuer les réparations pour mettre de la pression sur les carrossiers de l’Abitibi-Témiscamingue, qui se retrouvent pris en otages.

Les clients, nos clients, leurs clients.

Nous n’avons pas à faire un grand calcul mathématique pour savoir qu’il en coûte beaucoup plus cher de transporter les véhicules à l’extérieur de la région en plus des délais et tous les problèmes subis par la clientèle qui ont malheureusement eu à affronter ces situations.

La différence entre le coût de main-d’œuvre demandé et celui offert par le groupe Intact est en moyenne de moins de 240,00 $ par événement. De plus, votre traitement de réclamation et réparation sera autrement plus rapide et personnalisé localement plutôt qu’à l’extérieur.

Plusieurs clients qui ont à subir cette situation s’en disent très déçus et insatisfaits.  Ils ne souhaitent pas revivre pareille chose.

Selon le rapport annuel du président d’Intact Assurance au Canada, Monsieur Brindamour, dans sa lettre du chef de la direction, fait état d’une excellente performance en indiquant des revenus nets de 771 millions de dollars.

Le secteur automobile n’a pas eu la performance souhaitée selon ses dires, dû à l’augmentation des coûts de réparation.

Il est évident qu’il en coûte plus cher pour réparer les véhicules circulant sur nos routes. Selon le groupement des assureurs du Québec, dans la revue Le Carrossier d’août 2018, le coût moyen des sinistres en 2016 grimpait de 3 725 $ à 4 220 $. Les voitures sont beaucoup plus sophistiquées et complexes. Construites avec des matériaux plus durables et avec beaucoup plus de technologies (capteurs de toute sorte, sacs gonflables multiples, GPS, système de sécurité, hybride ou totalement électrique). Il est facile de comprendre pourquoi il nous faut des employés qualifiés et que les coûts de réparations augmentent sans cesse.

Est-ce aux carrossiers d’en payer le prix en limitant ou réduisant les taux horaires pour les réclamations, alors que les exigences augmentent, la formation continue devient nécessaire sinon obligatoire et la responsabilité sociale que nous avons envers nos employés? Il est inconcevable de se voir imposer de telles mesures.

Devons-nous demander à nos employé(e)s de réduire ou geler leurs salaires pour quelques années et les limiter par la suite, à des augmentations en deçà du coût de la vie? La réponse est NON.

D’autres assureurs majeurs sont confortables à payer un tarif de 82,00 $ de l’heure et le font déjà depuis le début de l’année. Alors pourquoi Intact, Bélair et Banque Nationale Assurances refusent de le faire?  Sommes-nous devant un géant du marché qui utilise son pouvoir au détriment des petits?  La question mérite de se poser.

Les commerces affectés par cette situation emploient des centaines d’employés, font vivre des centaines de familles et contribuent à chaque année au mieux-être de nos citoyens locaux. Nous réinvestissons des centaines de milliers de dollars en dons et commandites et avantages de toutes sortes. Qu’en est-il de ce géant Intact?