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05 décembre 2018

Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca

L’industrie minière est-elle archaïque?

Deux sommités du secteur se prononcent

Xplor2018_Pierre_Lassonde_Bryan_Coates

©Patrick Rodrigue

Risques financiers, impératifs humains, conservatisme, méfiance, les défis énumérés par Pierre Lassonde et Bryan A. Coates ont été nombreux.

Lors du congrès Xplor 2018 de l’Association de l’exploration minière du Québec, deux sommités du monde minier ont débattu sur l’avenir du secteur, dans le cadre d’un déjeuner-conférence parrainé par l’organisme Young Mining Professionals Montréal.

Questionné à savoir si l’industrie minière était archaïque, Pierre Lassonde, cofondateur et président du conseil d’administration de Franco-Nevada Corporation, la plus importante société de redevances minières de la planète, a reconnu que les changements s’effectuaient souvent lentement.

«C’est vrai qu’une certaine partie fonctionne encore comme il y a cent ans, avec le forage, le broyage et l’usinage. Mais il faut aussi comprendre que le changement peut parfois coûter très cher et même conduire à la faillite. C’est un risque qui doit être soigneusement calculé», a-t-il expliqué.

Bryan A. Coates, président de Redevances aurifères Osisko, a fait observer que l’industrie minière pouvait quand même faire preuve d’innovation, citant en exemple les communications souterraines, le remblai en pâte, l’automatisation de plusieurs procédés et l’adaptation des techniques et des technologies aux conditions climatiques.

Ce à quoi M. Lassonde a rétorqué que contrairement à l’industrie pétrolière, l’industrie minière n’avait pas encore réalisé d’inventions qui allaient la transformer de fond en comble. «Dans le pétrole, pour seulement 4 M $, ils sont à présent capables de forer un mille à la verticale, puis deux milles à l’horizontale, a-t-il indiqué. On n’a pas encore assisté à un tel saut quantique dans les mines.»

«Nous restons quand même la seule industrie où, à partir d’un unique trou de forage, on peut générer une valeur de plus d’un milliard de dollars» – Pierre Lassonde

Des défis de taille

Les deux hommes d’affaires ont cependant convenu que la modernisation des mines souterraines représente un défi de taille. M. Coates a comparé l’exercice à la rénovation d’une maison.

«On décide de refaire une pièce. On a de bonnes idées. On fait des plans. On choisit les matériaux et les couleurs. Et quand on arrive à la phase de la réalisation, on découvre que les murs ont été construits d’une façon inattendue, que des fils passent là où ils ne devraient pas, etc. C’est la même chose dans une mine: c’est beaucoup plus difficile de moderniser à travers les opérations courantes que de partir de zéro», a-t-il exposé.

Citant un voyage qu’il avait fait en Chine, Pierre Lassonde a ajouté qu’il fallait aussi tenir compte des impératifs humains. «J’ai visité une mine où, à côté d’une foreuse jumbo high-tech, des centaines de personnes poussaient à la main des wagonnets d’une tonne. Le contremaître m’a expliqué que oui, ils auraient pu automatiser le processus, mais que s’ils l’avaient fait, cela se serait traduit par des centaines de pertes d’emplois et par une révolte dans la communauté», a-t-il raconté.

Conservatisme et méfiance

Enfin, ceux qui font preuve d’audace se heurtent souvent au conservatisme, voire à la méfiance. «L’exploration minière est le seul secteur industriel qui va chercher du capital de risque pour la recherche et développement et qui se botte lui-même le derrière lorsque les rendements ne sont pas immédiatement au rendez-vous», a déploré Bryan A. Coates.

Il a cité en exemple le cas de ses anciens collègues, les trois fondateurs de la défunte Corporation minière Osisko. «Quand ils soutenaient qu’il y avait encore de l’or à Malartic, au début des années 2000, ils ont fait rire d’eux. Regardez aujourd’hui», a-t-il souligné.

Alors, encore un avenir pour l’industrie minière? «Nous restons quand même le seul secteur industriel où, à partir d’un unique trou de forage, on peut générer une valeur de plus d’un milliard de dollars», a lancé Pierre Lassonde.

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