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23 mars 2018

Jean-François Vachon - jfvachon@lexismedia.ca

Trois ans de probation surveillée pour Richard St-Michel

Il a été déclaré coupable de menaces envers le conseil municipal

©La Frontière - Archives

Au premier de ses deux procès, Richard St-Michel a été déclaré coupable d’avoir proféré des menaces envers le conseil municipal de Rouyn-Noranda.

Le juge Claude P. Bigué a pris son temps pour expliquer sa décision. «Dans sa déclaration, M. St-Michel confirme qu’il utilise les mots "y passer", alors qu’aujourd’hui, il mentionne les mots "mort politiquement". Je ne vous crois pas. Vous ne pouvez pas avoir une meilleure mémoire aujourd’hui que lorsque vous avez signé cette déclaration. Vous avez même dit aux policiers que vous alliez signer la déclaration», a-t-il exposé.

Je ne dirai jamais à quelqu’un que je vais le tuer. Je ne suis pas un malade. C’est épais et indécent. J’ai un cerveau, Monsieur le juge -Richard St-Michel

Le juge Bigué a souligné que le témoignage de la personne à qui St-Michel avait transmis ses menaces était crédible. «Payer, y passer, dans un tel contexte, fait référence à payer de sa personne. Cela fait allusion directement à la violence», a-t-il fait valoir.

Il a aussi mentionné qu’il fallait tenir compte du contexte. «Vous avez entrepris un combat depuis 2013 pour que la Ville puisse fournir le transport adapté gratuitement. Par vos propos, qui étaient menaçants, vous vouliez intimider et déranger les personnes visées. Cela est confirmé par votre historique et vous avez reconnu les paroles», a-t-il signalé, avant de déclarer l’accusé coupable.

Probation longue, mais pas déraisonnable.

La procureure de la Couronne, Me Mélanie Gagné, a demandé une probation de trois ans.

«C’est une personne peu criminalisée et handicapée. Je crois qu’il faut mettre l’accent sur la dissuasion personnelle. La probation peut paraître longue, mais ce n’est pas déraisonnable. Le témoignage de l’accusé met en lumière qu’il a fait des menaces en vue de se faire arrêter pour venir devant un juge. De plus, M. St-Michel ne parle pas fort en général, mais il s’emporte quand il parle de son combat», a-t-elle souligné.

Le juge Claude P. Bigué a approuvé cette proposition, mais est allé plus loin: la probation de Richard St-Michel sera surveillée. «Vous devrez suivre les directives et conseils de votre agent de probation sur les moyens de faire valoir vos droits pour vous éviter d’avoir des problèmes», a-t-il expliqué.

De plus, St-Michel ne pourra se rendre à l’hôtel de ville à moins d’avoir l’accord du greffe de la Ville. Il lui est également interdit d’entrer en contact avec les élus de l’ancien conseil municipal qui ont été réélus à l’automne 2017.

Le matin du 3 novembre

Dans la matinée du 3 novembre 2017, Richard St-Michel se présente au bureau d’avocats de Cain Lamarre avec l’intention de rencontrer Me Bernard Barrette. «M. St-Michel ne m’inspirait pas confiance par la façon dont s’exprimait. Il parlait fort, il avait le visage rouge, il faisait peur. Je trouvais ses propos incohérents, alors je lui ai demandé de repasser», a mentionné une des témoins.

Cette dernière avait aussi mentionné qu’elle croyait que l’accusé semblait être sous l’effet de l’alcool, présomption qui a cependant été infirmée par les policiers qui ont procédé à son arrestation et l’autre témoin.

St-Michel aurait menacé l’ensemble du conseil municipal. «En s’adressant à notre réceptionniste, il disait, en pointant ma collègue, qu’ils allaient payer et que c’était leur dernier avertissement. Elle lui a répondu: sinon quoi. M. St-Michel a alors lancé qu’ils allaient payer s’ils étaient encore là dimanche», a soutenu une autre témoin, qui a indiqué qu’elle comprenait que l’accusé parlait du conseil municipal.

Collaboration

Les policiers qui ont procédé à l’arrestation de Richard St-Michel ont raconté leur intervention. Ils ont indiqué lui avoir lu ses droits à deux reprises. Durant tout ce processus, l’accusé a été calme et il a collaboré ,selon eux.

L’enquêteur au dossier a été questionné par Richard St-Michel, qui lui a demandé s’il était heureux d’entrer en prison, ce que le policier a répondu par l’affirmative.

Le juge a accepté que la déclaration faite par St-Michel soit admise comme preuve, car elle avait été obtenue de façon libre et volontaire.

«Je ne suis pas un malade»

Dans son témoignage, l’accusé est revenu sur les paroles qu’il avait prononcées au bureau de Cain Lamarre. «La réceptionniste a eu peur de ma voix et elle n’a pas compris ce que je disais. Elle a mis des bouts ensemble. Elle pensait même que j’étais sous l’effet de l’alcool. Elle avait de la misère à suivre», a-t-il relaté.

«Elle a compris un seul mot, un seul. Ce que je disais, c’était de passer le message aux élus qu’ils sont déjà politiquement morts. Je leur donne une dernière chance. S’ils ne veulent pas se ramasser dans la rue avec leurs bobettes, qu’ils se retirent», a-t-il ajouté.

Richard St-Michel a soutenu qu’il était impossible pour lui d’agresser quiconque. «C’est physiquement impossible pour moi de le faire. Je ne les ai pas agressés verbalement. Je ne dirai jamais à quelqu’un que je vais le tuer. Je ne suis pas un malade. C’est épais et indécent. J’ai un cerveau, Monsieur le juge», a-t-il clamé.

Il s’est aussi lancé dans une salve contre Me Bernard Barrette. «Un juge, Jacques Fournier, avec l’aide de Bernard Barrette, ont décidé que j’étais quérulent. Ils m’ont enlevé mon droit à la justice. J’ai pris les moyens pour me présenter devant vous. Les élus doivent m’accorder le droit à la vie et à la sécurité», a-t-il exposé, en soufflant un baiser au juge Claude P. Bigué pour terminer son témoignage.

Non coupable

Me Mélanie Gagné a soutenu que l’accusé reconnaissait, dans sa déclaration faite aux policiers, qu’il avait proféré les menaces qui lui étaient reprochées. «Deux témoins et sa déclaration démontrent que la preuve a été faite hors de tout doute raisonnable», a-t-elle déclaré.

«Il a bien exposé sa colère et les raisons pourquoi il en veut aux élus et à Me Barrette. On a un individu qui avait un message à passer et qui a proféré des menaces pour le faire», a-t-elle ajouté.

L’accusé s’est défendu. «Je suis non coupable. Certains ont les oreilles qui bourdonnent. C’est le seul jugement possible, a-t-il évoqué avant de repartir sur son droit à la vie et à la sécurité. Si vous me déclarez non coupable, vous me donnez raison et vous prouvez que Philippe Couillard, le juge en chef Jacques Fournier et les conseillers ont tous perdu.»

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