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05 avril 2018

Thierry de Noncourt - tdenoncourt@lexismedia.ca

Rouyn-Noranda, ville multiculturelle

©Photo La Frontière/Le Citoyen – Thierry de Noncourt

Il y a un peu plus de 80 ans, en 1934, la Grève des Fros (foreigners) a marqué l’imaginaire à Rouyn-Noranda. Aujourd’hui, les traces des immigrants d’Europe de l’Est sont encore bien présentes, mais qu’en est-il de la présence immigrante aujourd’hui?

À l’époque, c’est la Fonderie Horne qui attirait des gens d’ailleurs, alors qu’aujourd’hui, c’est surtout l’UQAT et le Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue qui exercent leur attraction. Cette clientèle permet aux institutions de combler leur clientèle et d’être en mesure de maintenir une offre élargie et de qualité sur un territoire qui ne compte pas une grande population.

«Être présent partout sur la planète est un enjeu important. Avec les besoins criants de main-d’œuvre, l’effectif étudiant en région n’est pas suffisant pour combler l’écart entre l’offre et la demande. Pour conserver la vingtaine de programmes qu’on a, c’est sûr que les étudiants internationaux sont importants. C’est bon aussi pour nos étudiants de fréquenter des gens d’autres cultures», a expliqué Nicole Langlais, directrice des affaires étudiantes au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue.

Actuellement, le collège régional accueille près de 65 étudiants de Nouvelle-Calédonie, de France, du Congo et de l’île de La Réunion parmi les quelque 2200 qui forment ses effectifs globaux. Fait à noter, les étudiants de La Réunion arrivent souvent ici dans l’espoir de rester et de s’établir ailleurs en région ou au pays. Grâce aux programmes en alternance travail-études, les étudiants ont plus de facilité à trouver un emploi et à s’établir ici.

Même son de cloche à l’UQAT, qui accueille quelque 400 étudiants étrangers, sans compter le personnel professoral en provenance d’autres pays, qui est aussi très important pour combler les postes.

Il y a aussi de plus en plus d’entreprises qui engagent des travailleurs étrangers pour combler des postes au sein de leurs organisations. Selon les données de l’organisme d’accueil La Mosaïque, 140 immigrants qui s’installent dans la région chaque année, dont 39 % à Rouyn-Noranda, soit un peu plus d’une cinquantaine. La Mosaïque compte 150 membres.

Emma

©Photo Gracieuseté

Emma Charbonneau aime le froid.

Emma Charbonneau est Française et elle étudie au doctorat en génie minéral à l’UQAT. Elle est tombée en amour avec la région et ses gens il y a quelques années, à l’occasion de ses études, mais elle a encore trop la bougeotte pour s’établir.

«J’ai toujours aimé les pays froids. Je me suis dit que l’hiver qui dure cinq ou six mois par année, c’est fabuleux. J’aime le ski et la randonnée. Dans cette petite ville, il fait froid, mais les gens sont très chaleureux. Ici, il y a toujours quelque chose à faire au niveau culturel, c’est fou!», a-t-elle lancé.

Leandro et Erika

©Photo La Frontière/Le Citoyen – Thierry de Noncourt

Léandro et Érika se sentent Québécois.

Leandro Passarini et Erika Sayuri Naruzawa sont originaires du Brésil, mais ils ont vécu le coup de foudre avec le Québec lors de leurs études doctorales à l’Université Laval. Ils ont aussi habité aux États-Unis, puis ont fini par s’établir en Abitibi-Témiscamingue. «J’ai trouvé un travail à l’UQAT en tant que chercheur en biomatériaux composites bois/plastique», a confié M. Passarini.

Si elle est née au Brésil, les parents de Mme Naruzawa, eux, sont d’origine japonaise, ce qui lui donne tout un parcours. Elle travaille en recherche en foresterie à l’UQAT.

«Aux États-Unis, le Québec me manquait. Les gens y sont très gentils, ouverts à la diversité. Il y a beaucoup moins de préjugés. Je me sens Québécoise! À Rouyn-Noranda, les gens sont encore plus chaleureux qu’à Québec ou à Montréal», a-t-elle assuré.

Erika Sayuri Naruzawa aime l’attitude des Québécois, qu’elle considère moins machos que les Brésiliens ou les Américains. Elle s’implique aussi à La Mosaïque. «J’ai profité de la générosité des Québécois et je voulais donner en retour», a-t-elle indiqué.

Le couple attend un bébé pour l’été. Leandro Passarini apprécie l’accueil des gens d’ici, mais les deux scientifiques admettent qu’ils éprouvent certaines difficultés pour se trouver un emploi, en partie en raison de leur surqualification, mais aussi à cause de leurs origines étrangères.

Pierre

©Photo Gracieuseté

Pierre Tchakoua est chez lui à Rouyn-Noranda.

Originaire du Cameroun, Pierre Tchakoua est pompier à temps partiel et président du Forum jeunesse de l’Abitibi-Témiscamingue. Il est venu à Rouyn-Noranda pour son doctorat en génie électrique, il y a sept ans. Il est maintenant propriétaire d’une maison avec sa conjointe, Romy, qui est éducatrice en garderie, et leurs deux enfants.

M. Tchakoua travaille à la Société québécoise des infrastructures. «J’apprécie la facilité d’entrer en relation avec les gens. Je fais beaucoup de choses que je ne pourrais pas faire dans une grande ville. J’ai pris le temps de me tisser un bon réseau d’amis. Ici, je ne suis pas un numéro parmi tant d’autres. Chacun a sa place à Rouyn-Noranda», a-t-il confié.

Il reconnaît qu’il a éprouvé de la difficulté à s’adapter au climat. Il a aussi été confronté à du racisme à l’occasion. S’il avait un conseil à donner aux nouveaux arrivants, ce serait de faire preuve de patience et de s’impliquer. «Être présent ici, de corps, d’esprit et de cœur, avoir une présence sincère, c’est la clé du succès», a-t-il expliqué.

Fahd

©Photo Gracieuseté

Fahd Barka est un vrai Abitibien.

Fahd Barka est venu à Rouyn-Noranda parce qu’il voulait y élever ses enfants avec son épouse québécoise. Il est originaire de Rabat au Maroc et habite ici depuis 11 ans. Il travaille chez le concessionnaire automobile Thibault.

Quand il est arrivé en Abitibi-Témiscamingue, il a vécu un choc à cause du temps froid et du transport en commun peu efficace. «Je n’avais pas de véhicule. Il fallait donc que je marche, que j’utilise le taxi, que je me débrouille», a-t-il raconté.

M. Barka a aussi été confronté à une certaine ignorance. «C’est plus de la naïveté qu’autre chose, a-t-il nuancé. Ce n’est pas méchant. Il faut prendre le temps d’expliquer, faire comprendre que je suis comme les autres. Parfois, je suis encore "l’ethnie de service". Je suis le lien avec le reste du monde.»

Il s’est cependant rapidement adapté à son nouvel environnement et s’est fait des amis. «Quand j’ai décroché mon premier emploi, j’ai commencé à développer mon réseau», a-t-il signalé. Pour lui, Rouyn-Noranda est un gros village. «C’est à échelle humaine: si tu as besoin d’aide, quelqu’un va débarquer pour t’aider, même sans te connaitre», a-t-il souligné.

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