Carrières dans votre région Avis de décèsÉdition Électronique Rabaischocs.com

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Chroniques

Retour

04 mai 2018

Ce n’est pas la solution

Une chronique hebdomadaire comme celle-ci demande qu’on prenne le temps de réfléchir, d’analyser et, avant même de la projeter sur du papier, se demander si le sujet peut être abordé.

Je sais, vous me direz que les dirigeants du journal ont le dernier mot sur le sujet, mais je pense que le sujet de cette chronique se doit d’être exploré. Je le dis avec sincérité, le suicide est souvent un sujet tabou, mais il faut en parler. L’idée de cette chronique m’est venue en consultant les pages nécrologiques des médias sociaux et dans nos journaux. On cherche nos idées où l’on peut.

Plus sérieusement, je visitais ces sites nécrologiques par distraction lorsque j’ai accroché sur plusieurs avis de décès de jeunes hommes et de jeunes femmes. Oui, plus d’hommes que de femmes faisaient l’objet de ces avis. Alors, j’ai décidé d’y regarder d’un peu plus près et de visiter les sites de cette dizaine d’avis publiés depuis le début de l’année 2018, uniquement dans notre région. À part les avis qui ne faisaient pas mention de la cause du décès – mais quelques coups de fil m’apprirent la vraie raison de la disparition d’un être cher – la première question qui s’impose d’elle-même, c’est «pourquoi».

Pourquoi de jeunes adolescents ou de jeunes adultes décident-ils qu’ils en ont assez? Pourquoi décident-ils, un beau matin, d’éteindre la lumière dans leurs yeux? Pourquoi plus d’hommes que de femmes passent-ils à l’acte? Je pourrais vous défiler bon nombre de ces questions. Loin de moi l’idée de me poser en expert ou quasi-expert de ce phénomène. Bien au contraire, j’aurais tendance à répondre: Je ne comprends pas ce geste définitif. J’ai toujours dit que le suicide est une solution permanente à un problème temporaire. Assis sur mon patio, en ce premier dimanche du véritable printemps, je révise mes notes et je tente de comprendre ce qui pousse certains et certaines à commettre ce geste irréparable et la première réflexion qui me vient à l’esprit est le mot échec. Échec comme dans ma vie ne vaut plus la peine d’être vécue, car j’ai perdu l’amour de ma vie, ou mon travail, ou quoi d’autre… Comme ma vie est un échec, je n’ai plus rien à y faire.

Comment un jeune de 17 ou de 35 ans et de combien entre les deux âges peuvent-ils ou elles croire que la vie est finie à cet âge si jeune? Je vais tenter une réponse. Ils n’ont pas appris que, dans la vie, il peut y avoir des difficultés qui peuvent sembler à première vue insurmontables. Ils n’ont pas appris comment faire face aux défis que la vie peut mettre sur leur chemin. Surtout, ils n’ont pas compris qu’ils pouvaient en parler pour ne pas garder tout ça en dedans d’eux en se disant que ça allait passer. Ensuite, à force d’accumuler, petit à petit, on ne voit plus le bout du tunnel et la seule façon que l’on voie pour s’en sortir est la solution finale.

Mais qui est responsable de ces gâchis, de ces pertes de vie? Il nous faut trouver un ou une coupable, n’est-ce pas? C’est là que je dis non! Non, pourquoi, devrait-il y avoir quelqu’un de responsable? C’est déjà tellement difficile pour les familles éprouvées que les faire se sentir responsables d’une décision pour laquelle elles n’ont rien eu à voir est, pour moi, injuste et inacceptable. Ce doit être tellement difficile de se répéter, jour après jour: «Je ne l’ai jamais vu venir» ou encore «Je ne l’aurais jamais cru…» Évitons d’accabler ces familles, qui sont, bien souvent, anéanties par ces deuils.

Honnêtement, je crois que ces hommes et ces femmes désespérés ont trop peur ou qu’ils ne savent pas comment appeler à l’aide. Alors, la responsabilité d’intervenir nous appartient. Nous qui voyons une personne se refermer sur elle-même, qui dit que tout va bien quand on lui annonce son congédiement, ou que son conjoint ou sa conjointe ne sera pas là, ce soir, quand elle va rentrer. Croyez-le, il y a des signes avant-coureurs de ces drames en devenir. Un seul conseil s’impose: si ce sont vraiment vos amis, soyez à l’écoute et, surtout, n’hésitez pas à demander de l’aide à des organismes comme le Centre de prévention du suicide. Ces organismes sont là pour vous aider à sentir venir cette crise qui risque, tel un tsunami, de tout emporter, amour, jeunesse et vie. Comme le dit si bien la maxime: «Vaut mieux en parler avant qu’après».

À vous, les indécis devant votre avenir, sachez bien, la vie n’est jamais un fleuve tranquille. Il y aura toujours des rapides à traverser. Ce serait dommage de ne pas le faire, car vous risqueriez de ne pas profiter de cette mer tranquille qui vous mènera vers des lieux où tout est à découvrir.

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web - Caméléon Média