Carrières dans votre région Avis de décèsÉdition Électronique Rabaischocs.com

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Achat local

Retour

23 septembre 2018

Communiqué Rouyn-Noranda - redactionrouyn@medialo.ca

La main d’œuvre, cette ressource en voie d’extinction

Jean-Philippe Perrier

Jean-Philippe Perrier est copropriétaire du restaurant Horizon Thaï de Rouyn-Noranda.

Chronique de Jean-Philippe Perrier

Je vois mal comment j’aurais pu faire ma première chronique sans parler du sujet de l’heure pour un entrepreneur en ce moment: la pénurie de main-d’œuvre. En effet, on n’entend parler que de ça dans les conseils d’administration, dans les événements d’affaires ou même dans un souper de famille, entre deux gorgées de vin, quand un proche nous demande comment va notre entreprise.

Les offres d’emplois tapissent les murs électroniques des médias sociaux comme les affiches le font dans une chambre d’ado de 14 ans. Même les organisations les plus prospères ont du mal à recruter cette si précieuse ressource qu’est le travailleur. Le grand défi des dix ou vingt prochaines années est si évident pour les entreprises qu’il faut vraiment être dans la lune de façon omniprésente ou souffrir de cataractes pour ne pas le voir.

Comment faire face à ce changement majeur? Les solutions sont relativement limitées, bien que parfois, cela pousse une entreprise à revoir complètement l’efficacité de son système.

L’immigration est certainement une option de plus en plus envisageable. Non seulement les gens qui ont du mal à trouver un emploi dans leur pays d’origine sont-ils contents de pouvoir travailler et veulent performer, mais cette avenue permet également de combler les lacunes de notre faible taux de fécondité de 1,6 %. En plus d’ajouter de la nouvelle main-d’œuvre, elle accroît le bassin des consommateurs et payeurs de taxes. Sans compter la diversité culturelle, laquelle s’en voit enrichie.

On peut également penser aux avancées en matière de technologie et qui, dans certains cas, permettent de remplacer les emplois existants par des machines. Bien qu’il puisse paraître triste de procéder de la sorte, les gens qui sont remplacés pourront probablement trouver un nouvel emploi rapidement et, dans certains cas, avec de meilleures conditions. En ce sens, alors qu’autrefois, les institutions financières et organismes de développement accordaient une importance capitale à la création d’emplois, on voit maintenant de plus en plus de programmes qui favorisent l’automatisation pour aider les entreprises en manque de ressources humaines.

Par ailleurs, on entend souvent le commentaire que les employeurs n’ont qu’à mieux rémunérer leurs employés. Le problème est que certaines entreprises auront du mal à accorder des augmentations importantes sans hausser leurs prix. L’inflation est donc directement touchée, mais pour les entreprises qui exportent à l’étranger, une augmentation de prix signifie aussi une perte de compétitivité face au reste du monde. Ça peut donc sembler simple, mais ça ne l’est pas tant que ça. Sans oublier que dans bien des cas, comme ça l’est en restauration, les marges sont tellement minces, avec une rentabilité moyenne de 3 % au Québec, qu’il est impossible d’accorder des augmentations à tout le monde sans monter les prix, sinon les clés risqueraient de tourner la serrure pour une dernière fois.

Finalement, il faudra peut-être se poser la question philosophique à savoir pourquoi faut-il absolument que les magasins soient ouverts 7 jours sur 7, que les épiceries le soient de 8h à 22h à tous les jours, qu’il y ait autant de dépanneurs 24 heures, etc. Alors que la ressource est aussi rare que vous savez quelle matière organique papale, on continue d’étendre les heures d’ouverture partout. Comme si acheter un sac de chips au ketchup était considéré comme un besoin essentiel à 4h du matin…

Quoi qu’il en soit, il faut quand même avouer une chose: la notion de gestion des ressources humaines qui, à une époque pas si lointaine, était souvent négligée devient plus que jamais le nerf de la guerre pour toute entreprise qui souhaite continuer à jouer au même Monopoly, mais avec de nouveaux règlements dans la boîte. Alors que les syndicats ont vu le jour au 19e siècle pour protéger l’abus fait par certains employeurs, force est de constater que cette rareté oblige enfin les entreprises à prendre soin de leur plus grande richesse: les employés.

Avec les différentes solutions possibles et un plus grand respect de l’être humain au sein de l’organisation, on assiste peut-être à une nouvelle forme d’entrepreneuriat, qui consiste à mettre l’individu au centre de tout au lieu du signe de dollar. Après la révolution industrielle, pourquoi pas la révolution humaine?

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web - Caméléon Média