«En 1962, nous étions situés sur la rue Ste-Anne à Ville-Marie dans l’édifice qui est devenu la Papeterie Allain, s’est remémoré Léo Delorme. C’était loin d’être comme aujourd’hui. Il s’agissait d’un comptoir, avec un petit carreau pour répondre aux clients. En 1977, nous sommes déménagés sur la rue des Oblats lorsque nous sommes devenus un libre-service.»

Jean Delorme, son fils, a commencé à travailler à la SAQ de Rouyn-Noranda les fins de semaine alors qu’il était étudiant au cégep début 1980. Il a par la suite travaillé plusieurs années à temps partiel à Ville-Marie et obtenu un poste à temps plein en 1989. Après avoir été directeur par intérim à La Sarre, il a finalement pris la relève de son père à Ville-Marie en 1993. D’aussi loin qu’il se souvienne, il avait un contact avec la SAQ. «Quand j’étais enfant, je me rappelle, les fins de semaine, je jouais dans l’entrepôt, a-t-il confié. Je courrais à travers les caisses de Baby Duck.»

Évolution des goûts et des clientèles

Quand Léo Delorme est entré au service de Régie des Alcools du Québec, anciennement Commission des liqueurs du Québec depuis sa fondation en 1921, les plus gros vendeurs étaient le Gin de Kuyper, le St-Georges et le Baby Duck. Depuis, son fils et lui-même ont été aux premières loges pour assister aux grands tournants de la consommation d’alcool dans la société.

«Quand les gens ont commencé à s’intéresser aux vins, nous avons vu notre clientèle se modifier, a-t-il relaté. Des formations avaient été données aux consommateurs pour développer leur goût, leur sensibilité aux différents vins. La variété des vins a beaucoup augmenté aussi sur les tablettes.»

«Encore aujourd’hui, les gens s’informent, veulent en savoir plus. Maintenant, ils peuvent même retrouver sur les affichettes des produits, le nombre de grammes de sucre», a renchéri Jean Delorme.

Dans l’espace culturel

Contrairement à la mauvaise presse que connaissait l’alcool il y a plus d’un demi-siècle, MM Delorme s’entendent pour dire que la consommation d’alcool est pratiquement devenue, au fil des décennies, une manifestation culturelle, au même titre que le cinéma, le théâtre.

«Nous avons connu une période où les différents portos piquaient la curiosité des consommateurs, mais aujourd’hui, nous constatons un intérêt marqué pour les différents vins, les vins plus structurés, a noté Jean Delorme. Les alcools québécois comme les gins, les whiskys ont vraiment la cote aussi. Nous constatons que la plupart des clients boivent un verre de vin le soir avec leur repas, et ils choisissent un bon vin. Notre rôle auprès de la clientèle a aussi beaucoup évolué. Nous sommes passés de vendeurs à conseillers.»

Dates à retenir

1921 : Fondation de la Commission des liqueurs du Québec

1961 : Transformation en Régie des alcools du Québec, incluant la gestion des permis de vente d’alcool.

1962 : Léo Delorme devient commis à Ville-Marie

1967 : Il devient gérant

1970 : Première succursale libre-service au Québec

1971 : Changement de nom pour Société des alcools du Québec

1977 : Création de la succursale libre-service sur la rue des Oblats à Ville-Marie

1980 : Jean Delorme commence à travailler à temps partiel à la SAQ de Rouyn-Noranda

1993 : Léo Delorme prend sa retraite à Ville-Marie, son fils Jean prend la relève