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19 mars 2019

Radiée trois mois pour avoir mal évalué un patient abitibien

Médecin docteur médecine

©depositphotos.com

Dre Johanne Morin avait plaidé coupable à trois chefs d’infraction devant le Conseil de discipline du Collège des médecins, en décembre.

SANTÉ. Dre Johanne Morin, qui avait plaidé coupable à trois chefs d’infraction relativement à un patient de l’Abitibi, a été radiée pour une période de trois mois par le Conseil de discipline du Collège des médecins, le 5 mars dernier.

L’urgentologue du Centre hospitalier Pierre-Boucher de Longueuil avait reconnu sa culpabilité le 6 décembre. On lui reprochait de ne pas avoir reconnu la sévérité de la condition du patient, de ne pas avoir procédé au traitement requis par son état de santé et de ne pas avoir assuré son suivi médical en n’avisant pas un médecin de l’établissement où il devait se rendre. Son avocat a suggéré une radiation d’un mois, le syndic du Collège, une radiation de cinq mois.

La plainte a été formulée par la conjointe du patient, puisqu’il est décédé à l’été 2015. Les faits remontent à la nuit du 30 décembre 2013. Le patient alors âgé de 73 ans s’est présenté avec sa conjointe à l’urgence en se plaignant de nausées, vomissements et douleurs abdominales. Il a été vu par Dre Morin sept heures après son arrivée.

Tempête parfaite

S’en est suivi une tempête parfaite. Pour des raisons qu’on ignore, Dre Morin n’a pas examiné toutes les radiographies, n’a pas demandé de bilan sanguin ni une décompression intestinale avant de lui donner congé.

Elle a indiqué à la conjointe qu’il s’agissait d’une subocclusion intestinale provoquée possiblement par une tumeur. Elle a recommandé qu’ils retournent immédiatement à La Sarre où il était suivi et où une coloscopie était prévue le 8 janvier.

Bien que le patient se soit dit très souffrant, elle a assuré au couple qu’il était en état de faire le trajet, qu’elle estimait à 7 heures de route. Elle n’a pas soulagé sa douleur, l’invitant à prendre des Tylénol.

Voyage infernal

Le retour a finalement pris 12 heures, parce qu’il y avait un accident dans la réserve faunique La Vérendrye. Le patient a souffert le martyre. «Le voyage fut un véritable calvaire», a témoigné sa conjointe.

Arrivé à l’urgence de La Sarre le 31 décembre, le patient a été pris en charge immédiatement. Il a été transféré à Amos pour une chirurgie d’urgence, qu’il a subie le 1er janvier pour un cancer des intestins avec présence de métastases à l’abdomen. Le chirurgien amossois a écrit à la Commissaire locale aux plaintes et à la qualité des services du CSSS de Pierre-Boucher pour dénoncer la situation.

Un rapport d’expert mis en preuve par la plaignante a démontré que Dre Morin s’est méprise de façon importante sous plusieurs aspects du cas du patient.

Protection du public

Témoignant le 6 décembre dernier, Dre Johanne Morin a exprimé des remords et assuré que cette situation n’arrivera plus jamais. Elle a aussi précisé qu’elle avait toujours reconnu qu’elle avait pris une mauvaise décision dans ce dossier. Elle a plaidé que le risque de récidive était nul. Outre cet incident, sa feuille de route serait impeccable depuis le début de sa pratique (1982). Elle n’a aucun antécédent disciplinaire.

Le Conseil a reconnu tous ces facteurs atténuants. Parmi les facteurs aggravants, il a retenu l’expérience de Dre Morin ainsi que les conséquences sur le patient et sa famille. Il a donc insisté sur le caractère dissuasif de la sanction qu’il devait imposer, pour l’intimée et pour les autres membres de la profession, et de prioriser la protection du public, avant de radier le médecin pour trois mois.

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