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19 mars 2019

Un cours d’éducation physique offert à distance par le Cégep

Le Regroupement provincial des enseignants est perplexe

AB-Educ phys distance

©Photo gracieuseté

Le Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue est à la tête d’un projet-pilote qui consiste à dispenser le deuxième cours d’éducation physique à distance. Cinq étudiants provenant de différents cégeps de régions y sont présentement inscrits.

Le Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue a choisi de développer un cours d’éducation physique qu’il offre à distance pour permettre la diplomation d’étudiants ayant des parcours atypiques. Cette décision laisse perplexe le représentant provincial du Regroupement des enseignants d’éducation physique au collégial, Jérôme Leriche.

Offrir des cours d’éducation à distance n’est pas une nouveauté. Le Cégep à distance offre depuis près de 10 ans les cours 1 et 3 d’éducation physique dans une formule de ce type. Jérôme Leriche croit que le contenu de ces deux cours était plus propice à l’enseignement à distance que le cours no 2 du corpus actuel, qui est présentement à l’essai au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue. 

«La compétence de ce cours consiste à améliorer son efficacité dans la pratique d’une activité physique, a cité M. Leriche. L’étudiant doit appliquer une démarche pour s’améliorer. Cela exige de faire un relevé initial des capacités de départ de l’étudiant et de valider s’il a cheminé au cours de la session. Il y a aussi un volet sur le respect des règles de sécurité. Si un accident arrive lorsque l’étudiant n’est pas supervisé, qui va être garant de sa sécurité?» 

Impossible à offrir à distance? 

Le Cégep à distance avait également réfléchi à adapter le second cours d’éducation physique pour qu’il devienne un cours à distance. Cependant, un comité avait jugé que cela n’était pas possible si l’on désirait respecter les compétences du cours. 

«Ça fait déjà plus de dix ans que les experts ont conclu qu’avec les outils technologiques de l’époque, ce n’était pas possible à ce moment-là. Les choses sont différentes. Notre modèle n’est pas le même que celui de Cégep à distance», a fait valoir le directeur des études du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, Éric Aubin. 

Le modèle développé par le Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue est de type synchrone. «L’enseignant rencontre l’étudiant de façon hebdomadaire, a poursuivi M. Aubin. L’étudiant fait son activité physique de son côté, mais s’assure d’avoir des suivis avec son enseignant à toutes les semaines. Les deux peuvent alors convenir des ajustements qu’il y a à faire. Le cours a été développé par notre équipe d’enseignants en éducation physique. Ceux-ci ont été accompagnés par une conseillère pédagogique.» 

«Je trouve que c’est aller à l’opposé des fondements même de ce à quoi sert l’éducation physique» - Jérôme Leriche 

Importance du présentiel 

Jérôme Leriche, lui-même enseignant en éducation physique au Cégep de Sherbrooke et professeur associé à la Faculté des sciences de l’activité physique de l’Université de Sherbrooke, a insisté sur les bienfaits du cours en présentiel. 

«Pour améliorer des habiletés motrices, il a été démontré dans le cadre de recherche que cela prend un enseignant ou un modèle, a-t-il souligné. En médecine, par exemple, des études ont porté sur l’enseignement d’actes chirurgicaux par télé-enseignement. Ces études en sont venues à la conclusion que ça ne fonctionne pas.» 

Les principales conclusions étaient que les futurs chirurgiens avaient besoin d’observer d’autres personnes faire des erreurs pour éviter de les reproduire. De plus, l’enseignant avait la possibilité de donner de la rétroaction immédiatement, en plus d’avoir un impact sur la motivation. 

Pas d’étude sur les impacts 

«Aucune recherche n’a été effectué jusqu’à présent sur les impacts d’enseigner l’éducation physique à distance, a poursuivi M. Leriche. Les étudiants ont déjà des dépendances aux écrans ainsi que des problèmes de gestion du stress, de sommeil et d’obésité. Tous ces éléments sont liés. C’est documenté par la recherche. Le cours d’éducation physique leur permet de sortir de ce cycle-là, mais on leur permet de suivre leur cours en ligne. Je trouve que c’est aller à l’opposé des fondements mêmes de ce à quoi sert l’éducation physique.» 

Cas d’exception 

Le directeur des études du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue a indiqué qu’à l’heure actuelle, le cours à distance est offert à seulement cinq étudiants. 

«Ce sont des étudiants qui ont un cheminement atypique, a-t-il précisé. Nous avons de la difficulté à leur donner le deuxième cours d’éducation physique dans leur horaire, et les cours d’éducation physique sont obligatoires pour l’obtention du DEC. Avant d’être inscrits à ce cours, ils ont dû rencontrer leur aide pédagogique individuelle pour discuter de cette possibilité comme on le fait quand on inscrit un étudiant à Cégep à distance.» 

Éric Aubin a expliqué que le Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue croit qu’il y a une demande pour offrir le deuxième cours d’éducation physique à distance. «La décision a été prise plusieurs mois avant que les inscriptions soient ouvertes. On avait de bonnes raisons de croire qu’il y avait un intérêt», a-t-il rapporté. 

Le Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue est appuyé par huit autres collèges soit ceux de La Pocatière, de la Gaspésie-et-des-Îles, de Beauce-Appalaches, de Thetford Mines, de Rivière-du-Loup, de Baie-Comeau et de Matane. 

Problème de gestion 

Pour M. Leriche, cette décision relève plutôt d’un problème de gestion. «Je crois que c’est plutôt une question de rentabilité des cégeps parce que les ressources ne sont pas infinies. Les cégeps des régions sont parmi les premiers touchés. Les ratios enseignant-étudiants sont en diminution et les administrations doivent trouver des solutions pour retrouver la rentabilité», a-t-il fait valoir. 

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