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21 mars 2019

Dominic Chamberland - dchamberland@lexismedia.ca

Un coup de poing qui bouleverse des vies

Neuf mois à l’ombre pour avoir blessé gravement une policière

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©Photo - Archives

Un seul coup poing, mais de multiples conséquences. Scott Tooktoo Morin, 32 ans, a écopé de neuf mois de prison et d’une probation surveillée de deux ans après avoir plaidé coupable à une accusation de voie de fait grave contre une policière de Val-d’Or.

Entérinée par la juge Denise Descôteaux, jeudi après-midi au palais de justice de Val-d’Or, cette sentence découle d’une suggestion commune négociée entre l’avocate de l’accusé, Me Érika Marier, et le procureur de la Couronne, Me Jonathan Tondreau.

Selon les faits rapportés au tribunal et reconnus par l’accusé, Tooktoo Morin a blessé gravement une agente de police en lui assénant un violent coup de poing au visage alors qu’elle et un collègue de la Sûreté du Québec procédaient à son arrestation, dans la nuit du 21 au 22 juillet 2018 à son domicile de Val-d’Or.

Les policiers, toujours selon le récit des faits, avaient appréhendé l’individu pour que cessent diverses infractions qu’il commettait contre l’ordre public. Les agents estimaient aussi que Scott Tooktoo Morin, agité et intoxiqué par l’alcool, représentait alors un danger pour autrui et pour lui-même.

«L’agente de police a eu une joue fracturée et a dû être opérée à Amos, a indiqué Me Tondreau. Elle a aussi subi des blessures au nez et n’a plus de sensibilité aux dents d’en haut. La policière aura des séquelles physiques et psychologiques pour le reste de ses jours, c’est très lourd à porter pour elle», a-t-il signalé.

Le procureur du ministère public a ajouté que la victime portera en permanence une plaque et des vis à l’intérieur de la joue, en plus d’avoir subi des pertes financières. «Ça lui fait mal par temps froid et son absence du travail lui a fait encourir des pertes salariales, dans le sens où elle ressent une grande fierté à exercer sa profession de policière et de faire du temps supplémentaire quand il y a un manque d’effectifs», a souligné Me Tondreau.

La juge à la victime: «Je vous trouve super belle»

L’émotion était forte dans la salle de cour alors que la juge Descôteaux se montrait très empathique à l’égard de la victime, qui a repris ses fonctions de policière et qui était présente à l’audience.

Souhaitant la voir de près après avoir lu (dans sa tête) une déclaration écrite de la victime, la juge Descôteaux, dans un geste aussi inhabituel que spectaculaire, s’est levée de sa tribune pour s’approcher de la policière assise dans la salle et lui dire, en souriant: «Je vous trouve super belle».

Reprenant son siège, la juge a ensuite mentionné que cette déclaration de la victime (qui demeure confidentielle) méritait beaucoup d’attention, ayant été écrite avec son cœur. «Elle a été attaquée de manière foudroyante comme policière et aussi comme femme, a signifié la magistrate.

«On parle d’un seul coup de poing, mais qui a des conséquences dramatiques; la victime aura des séquelles permanentes, son visage est changé à jamais. Quand une femme a du mal à se regarder dans le miroir, ça montre à quel point c’est difficile pour elle», a exposé la juge Descôteaux.

Regrets sincères

Tout en qualifiant son crime «d’odieux et d’épouvantable», la juge a aussi affiché de l’empathie pour Scott Tooktoo Morin en raison de ses regrets sincères et de sa volonté évidente exprimée en cour de faire le nécessaire pour régler ses problèmes de consommation d’alcool et de comportement afin de se réhabiliter, lui qui a déjà entrepris un programme en ce sens.

«On sentence l’individu, pas le crime, a rappelé la juge Descôteaux. On comprend que vous vous sentiez attaqué lors de l’intervention policière et qu’avec l’alcool, ç’a dû exploser. Vous vous êtes bien exprimé devant le tribunal, c’est étonnant de voir un jeune homme faire ainsi face à la musique en admettant ses torts. Le programme que vous suivez vous est d’un grand secours et votre probation vous permettra de poursuivre ce processus de réhabilitation. Je vous félicite de prendre le bon chemin, d’autant plus que vous devez servir d’exemple à votre fils (de 3 ans)», a-t-elle dit à l’accusé.

«Je suis conscient des graves dégâts que j’ai causés et que j’ai créé un dommage collatéral en décevant des gens qui m’aiment, a raconté Tooktoo Morin au tribunal. Ça s’est passé ultra vite (l’incident) mais je n’ai pas su me contenir et je me sens coupable de ne pas avoir collaboré en premier lieu. J’ai fait un bon cheminement avec le programme SATAS (visant à contrer les problèmes de violence), j’ai fleuri ma relation avec mon ex-conjointe et j’essaie de travailler sur moi.»

Nombreuses conditions

Acquitté sur les trois autres chefs d’accusation qui pesaient contre lui (évasion d’une garde légale, voies de fait armées contre d’autres policiers et résistance à des agents de la paix), Scott Tooktoo Morin devra entre autres conditions s’abstenir de consommer de l’alcool et de la drogue durant sa probation de 24 mois, il lui sera interdit de fréquenter les bars, il devra bien prendre sa médication et continuer le suivi avec son psychologue, en plus d’effectuer 240 heures de travaux communautaires en 18 mois.

L’individu devra aussi rembourser, dans un délai de 60 jours, une somme de près de 3500 $ à sa victime et une somme d’environ 1500 $ à sa mère, argent qui sera prélevé à même sa caution de 5000 $. «Cette sentence répond aux notions de dissuasion et de dénonciation, a affirmé Me Érika Marier, avocate de la défense. Monsieur a respecté ses conditions de remise en liberté, il a repris son emploi de camionneur et il a acquis de bonnes façons de faire en suivant le programme SATAS», a-t-elle fait valoir.

«Cette peine tient compte des conséquences graves pour la victime, de l’antécédent de l’accusé en semblable matière (remontant à 2009), du profil et des origines de Monsieur (un métis inuit) et du fait qu’il a pris conscience de ses problèmes, a renchéri Me Jonathan Tondreau. La sentence vise aussi à protéger les policiers pour rassurer la population qu’eux-mêmes doivent protéger.»

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