Économique
Retour01 mai 2019
Thierry de Noncourt - tdenoncourt@lexismedia.ca
L’industrie du taxi en péril à Rouyn-Noranda
Les personnes vulnérables pourraient perdre un précieux service

©Photo L’Éclat/Le Citoyen – Thierry de Noncourt
L’industrie du taxi pourrait être en danger à Rouyn-Noranda, alors que plusieurs travailleurs autonomes redoutent de perdre plus qu’ils ne peuvent l’assumer si le projet de loi 17 devait être adopté sous sa forme actuelle.
Les chauffeurs de taxi de Rouyn-Noranda craignent de perdre gros avec la déréglementation de l’industrie du taxi prévue dans le projet de loi 17 du gouvernement Legault.
De nombreux chauffeurs pourraient voir un recul important de la valeur de revente de leur permis, surtout ceux qui l’ont acheté il y a plusieurs années. Des conducteurs envisagent à présent de quitter leur emploi pour travailler ailleurs.
C’est le cas de Ghislain Caya, qui a acheté son permis il y a plus d’une dizaine d’années et qui voit la valeur de celui-ci disparaître. Comme d’autres, cette valeur représentait un petit bas de laine pour ses vieux jours. À Rouyn-Noranda, un permis de taxi valait entre 30 000 $ et 45 000 $, selon la règle de l’offre et de la demande, avant le dépôt du projet de loi 17. M. Caya pense à présent retourner à son travail d’électricien, qu’il avait quitté pour devenir travailleur autonome et améliorer sa qualité de vie.
«J’étais tanné de travailler dans la poussière et de me maganer les poumons, de travailler en dehors et ne jamais être chez nous. Je voulais la liberté de ne pas me chicaner pour avoir mes vacances à Noël», a expliqué Ghislain Caya. Il croit qu’avec l’adoption de la loi, plusieurs de ses collègues pourraient abandonner le métier.
Quel dédommagement?
Actuellement, il y a un nombre limité de 46 permis de taxi pour le territoire rouynorandien. Les chauffeurs ne savent pas comment le gouvernement prévoit les dédommager. À la fin de 2018, les chauffeurs de l’Abitibi-Témiscamingue n’avaient reçu qu’un maigre 1000 $ pour les dédommager de la perte de valeur de leur permis.
Plus que de simples chauffeurs
Avec l’application du projet de loi 17, les chauffeurs de taxi craignent que le service ne soit fortement affecté, en particulier si plusieurs devaient décider de quitter le métier. Ce sont les personnes vulnérables qui risquent d’en subir les conséquences en premier.
Régulièrement, les chauffeurs de taxi accompagnent des personnes seules à l’hôpital ou à l’épicerie. «Je me souviens d’une dame qui avait un problème avec sa pression. Elle n’avait ni famille ni ami. Quand je me suis présenté chez elle, je lui ai dit de me prendre par le bras et je l’ai accompagnée jusqu’au taxi. Quand nous sommes arrivés à l’hôpital, je suis allé chercher un fauteuil roulant pour la transporter à l’intérieur», a raconté Denis Parent, représentant pour l’Abitibi-Témiscamingue de l’Association des taxis des régions du Québec. Des histoires comme celle-ci, les chauffeurs de taxi en ont des dizaines.
Augmentation des coûts
Avec le projet de loi 17, les taxis n’auront plus la possibilité d’utiliser leur système de facturation, puisque tout serait centralisé. Les concessionnaires automobiles, entre autres, n’auraient plus accès à un prix fixe pour le raccompagnement de leurs clients, ce qui pourrait entraîner des frais importants.
De plus, si de nombreux chauffeurs de taxi devaient cesser leurs activités, il n’y a pas, pour le moment, de système en place en Abitibi-Témiscamingue pour prendre le relais. Le modèle de facturation dynamique, à la Uber X, n’assurerait pas nécessairement non plus la disponibilité du service 24h sur 24h, 365 jours par année.
«Parfois je travaille à 30 $ de l’heure, mais d’autres fois, je travaille à 10 $ de l’heure, selon la demande», a signalé Ghislain Caya.
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