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04 octobre 2019

«Rien dans ce projet de loi ne se préoccupe de l’élève» - Alain Fortier

Abolition des commissions scolaires

Alain Fortier Gaétan Gilbert

©Photo L’Éclat/Le Citoyen – Marc-André Gemme

Alain Fortier en compagnie de Gaétan Gilbert, lors de leur passage à La Sarre pour s’entretenir au sujet de la nouvelle réforme du système d’éducation.

Le président de la Fédération des commissions scolaires du Québec, Alain Fortier, était de passage dans la région, les 3 et 4 octobre. Il a rencontré les médias à La Sarre en compagnie de quatre des cinq présidents des commissions scolaires de la région afin de dénoncer le projet de loi 40 touchant l’abolition des commissions scolaires.

La plus grande déception de M. Fortier est de voir que le gouvernement ne semble pas en mesure de tenir compte des vraies priorités du milieu de l’éducation. 

«Nous avons fait un sondage à la Fédération pour les connaître. Des 12 éléments qui sont ressortis, la réforme de la gouvernance arrivait en 10e place, tout juste avant le fait d’offrir un meilleur service pour les élèves doués. La pénurie de main-d’œuvre est tellement plus urgente que la gouvernance! Malgré ça, la réforme Roberge refuse de voir les difficultés et les défis que présente le monde de l’éducation», a-t-il souligné. 

«Il n’y a absolument rien dans ce projet de loi qui se préoccupe de l’élève, a-t-il ajouté. Le ministre avance que les écoles vont pouvoir décider de leur projet éducatif. Or, elles le font déjà. Il soutient aussi qu’elles vont pouvoir choisir les deux arts qui y seront enseignés. Là aussi, elles le font déjà. En tant qu’élu scolaire, je ne suis jamais entré dans la classe d’un enseignant pour lui dire quoi enseigner. En tant qu’élu, je suis là pour lui demander: que puis-je faire pour te soutenir.» 

Ça coûte cher 

Plusieurs opposants aux commissions scolaires brandissent l’argument que les élus scolaires coûtent cher. À cet égard, M. Fortier a tenu à rappeler que le budget pour faire la promotion des candidats du Québec est seulement de 35 000 $. 

«À titre indicatif, les élections scolaires coûtent 0,64 $ par électeur par année. Même si le ministre Roberge avance que les élections scolaires coûtent 20 M$, nous estimons que la facture n’atteint que 13 M$. En comparaison, les élections municipales en coûtent 60 M$. La démocratie a une valeur et cette valeur a un coût», a déclaré Alain Fortier. 

Vote électronique 

Celui-ci propose de trouver des solutions pour diminuer ce coût en favorisant le vote électronique. Par exemple, en planifiant un projet-pilote afin de voir si les citoyens participent plus de cette manière. «On commande des voitures par Internet et on ne pourrait pas y voter?», a-t-il lancé comme question. 

Selon lui, le peu d’investissement dans les élections scolaires entraîne une incidence sur le faible taux de participation. Ce ne serait d’ailleurs pas le seul obstacle. «Aux dernières élections scolaires, M. Legault lui-même avait demandé aux gens de ne pas aller voter. Quand un élu dit aux gens de ne pas le faire parce que ça ne donne rien, ça n’aide en rien la vie démocratique», a rappelé M. Fortier. 

Mauvaise presse 

Le Journal de Montréal a publié récemment un reportage dans lequel il exposait six raisons pour abolir les commissions scolaires. Selon Alain Fortier, des six événements rapportés, seulement deux avaient un lien avec des élus scolaires. «À ce compte-là, si l’on devait abolir toutes les institutions qui ont connu des ennuis de ce genre, les villes de Laval, Mascouche, Montréal et Chambly le seraient également», a-t-il fait valoir. 

Un mince espoir  

Même si le projet de loi a été déposé par le gouvernement de la CAQ et que celui-ci est majoritaire à l’Assemblée nationale, Alain Fortier reste optimiste que des modifications au texte actuel pourrait être apportées. 

«Plus il y aura de voix qui vont s’élever pour faire réaliser au gouvernement qu’il se trompe de direction avec son projet de loi, plus de choses positives vont arriver. Ces voix doivent principalement venir des régions parce que la loi est très centralisatrice. Cela veut dire que ce qui se passe chez vous ne reflète pas du tout ce qui se passe au Ministère à Québec», a philosophé Alain Fortier. 

Une autre réforme Barrette? 

Alain Fortier croit que la centralisation du système d’éducation du Québec risque de provoquer autant de dommages que la réforme Barrette en a fait au système de santé. 

«Le véritable enjeu, c’est qu’on veut regarder l’éducation d’une manière normative plutôt qu’avec un regard réfléchi sur les besoins individuels et particuliers des milieux, a-t-il affirmé. Moi, je dis non à un système dirigé de Québec. Je n’ose pas trop le dire, car je respecte beaucoup l’Assemblée nationale, mais je trouve que ça ressemble beaucoup à une récente réforme qu’on a vécue dans un autre réseau.» 

Les écoles véritablement gagnantes? 

Le gouvernement Legault ne cesse de répéter qu’avec l’abolition des élus scolaires, il économisera 45 M$ sur quatre ans et qu’il pourra ainsi embaucher 160 professionnels supplémentaires. Selon Alain Fortier, ces embauches génèreront une dépense de 8 M$ annuellement en masse salariale. 

Ainsi, sur quatre ans, l’embauche des professionnels aura coûté 32 M$ (en excluant l’indexation salariale). Il ne resterait donc que 13 M$ sur l’économie projetée par le gouvernement, donc 3,25 M$ par année. En redistribuant cet argent dans les quelque 2740 écoles publiques du Québec, cela se traduirait par un ajout de 1186,13 $ par année au budget de chacune. 

Une consultation publique demandée 

Comme ses confrères et consœurs, Gaétan Gilbert, président de l’Association des commissions scolaires de l’Abitibi-Témiscamingue (ACSAT), se dit très préoccupé par le projet de loi 40. «Actuellement, les conseils de commissaires sont composés de représentants de tous les milieux et de chaque territoire, qu’il soit urbain, rural, favorisé ou défavorisé, a-t-il rappelé. Dans la nouvelle structure proposée, l’association se soucie du manque de représentativité proportionnelle du milieu.» 

M. Gilbert craint aussi la centralisation du pouvoir à Québec, un trop grand pouvoir aux mains d’une seule personne, soit le ministre de l’Éducation, et des solutions mur à mur qui ne correspondraient pas aux réalités des régions. 

«Il est inconcevable que le gouvernement n’ait pas ouvert une vaste consultation pour décider de l’avenir de l’éducation publique au Québec, a lancé Gaétan Gilbert. Donc, l’ACSAT souhaite une vaste consultation publique afin de redéfinir le projet de loi 40.» 

 

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