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27 octobre 2019

Jean-François Vachon - jfvachon@lexismedia.ca

Les tensions entre policiers et citoyens portées à l’écran

Les Misérables, prix du jury à Cannes en 2019, présenté au FCIAT

Les Misérables

©Gracieuseté - TVA Films

Les Misérables entrent dans l’univers des tensions entre policiers et citoyens dans un quartier où la misère n’appartient pas seulement aux pauvres.

Prix du jury à Cannes en 2019, Les Misérables, film de Ladj Ly, s’est intéressé à ce clash entre policiers et citoyens, dans un endroit où la misère n’est pas seulement l’apanage des plus pauvres.

Damien Bonnard, un des acteurs principaux de ce film, était de passage en Abitibi-Témiscamingue pour présenter ce film. Il s’agit de sa deuxième présence en autant d’années à Rouyn-Noranda. «J’avais adoré le Festival, le public et la ville. Je suis devenu accro. Je suis très content d’être de retour», a-t-il souligné.

Le film Les Misérables s’intéresse particulièrement à la situation vécue dans de nombreuses banlieues françaises, où les tensions entre policiers et citoyens peuvent être nombreuses. «Le sujet de ce film peut toucher n’importe qui. Nos vies deviennent de plus en plus difficiles et on s’intéresse de moins à moins à la souffrance des autres. On abandonne les gens et on ne les autorise plus à avoir des rêves», a-t-il évoqué.

Le film raconte l’histoire de trois policiers qui verront leurs faits et gestes, lors d’une intervention, être filmés par un drone. «Les enfants jouent avec un drone comme n’importe quel enfant pourrait le faire. Mais ils évoluent dans un système où il y a de la violence. Ils se retrouvent pris dans quelque chose qui ne leur appartient pas. Pour eux, cet endroit, c’est un terrain de jeu», a relaté Damien Bonnard.

Gardien de l’ordre ou force de la paix?

L’œuvre de Ladj Ly amène une réflexion intéressante sur les droits des policiers versus ceux des citoyens.

Depuis Sarkozy, en France, les policiers sont devenus les forces de l’ordre, alors qu’avant, ils étaient les gardiens de la paix. La sémantique n’est pas la même. Ça ne veut plus dire la même chose» - Damien Bonnard

«Avant, on parlait de police de proximité, où l’important était d’être en contact. Ce lien a disparu. Si on change son regard, qu’on s’intéresse à la personne, à sa vie, on agit différemment», a-t-il ajouté.

Cette réflexion, pourtant française, peut aussi s’appliquer ici, notamment avec la situation entre policiers et Autochtones. «L’avantage de ce film, c’est qu’il peut avoir des résonances partout», a indiqué le comédien.

Un jugement à évoluer

Les cinéphiles découvrent la perspective de la commune de Montfermeil à travers les yeux du personnage joué par Damien Bonnard.

«Mon personnage arrive et a du recul sur la situation. Je savais que mon regard allait provoquer un jugement, que ce jugement allait mener à des actes. Chaque jour, en revenant du tournage, je lisais mon code de déontologie policière pour être le plus droit possible» - Damien Bonnard

«Et, pour changer les choses, il faut changer de regard. Si on ne s’arrête pas à croire que quelqu’un est comme cela, on a déjà gagné», a-t-il ajouté.

Pour lui, la solution à ce problème est simple. «La solution n’est pas une révolte violente. Il faut en parler. Il faut offrir quelque chose. Il faut proposer de rêver. Quand j’étais jeune, le job dont je pouvais rêver, c’était l’usine. Il faut agrandir les rêves. Il faut que les gens puisse imaginer», a-t-il soutenu.

Promouvoir un quartier

Le tournage des Misérables a cependant permis à Montfermeil de vibrer. «Le film a été fait avec les gens du quartier. Toutes les histoires qu’on y relate sont arrivées à Ladj Ly ou à des proches. Ce sont des événements qu’il a vus et qui ont existé», a assuré Damien Bonnard.

Pour ce dernier, ce tournage a eu des impacts sur la population de la commune. «Il y a plein de jeunes du quartier qui ont travaillé sur le film qui avaient des histoires écrites. Ils avaient envie de faire des films et certains ont été produits», a-t-il mentionné, tout en précisant que Ladj Ly a aussi ouvert une école de cinéma offerte à tous dans ce quartier.

«Même si certains des jeunes ne décident pas d’être comédiens, ce film a contribué à les amener à ouvrir leur imaginaire. Lorsqu’on est allé à Cannes, un des jeunes a vu un portrait de Marilyn Monroe. Si on n’avait pas fait le film, il n’aurait pas vu les films de Monroe par la suite», a-t-il ajouté.

Critique en quelques lignes: tout simplement époustouflant

Si la situation décrite dans ce film correspond à une réalité bien française, elle évoque cependant des tensions entre policiers et citoyens qui peuvent s’appliquer à la population d’ici. Cette tension, Ladj Ly l’a met brillamment en scène. Cette histoire amène à remettre en question l’impact d’un geste sur la globalité. Et la fin laisse le cinéphile sur une note tout simplement parfaite pour susciter la réflexion que le film souhaite amener. Un film à voir

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