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25 février 2020

Réforme du mode de scrutin: pour des régions plus fortes

Émilise Lessard-Therrien Députée Rouyn-Noranda-Témiscamingue

©Photo capture d’écran – Séances de l’Assemblée nationale

Le 5 mars, de 17h à 19h à la Galerie du Rift de Ville-Marie, Émilise Lessard-Therrien sera aux côtés de Françoise David, vice-présidente de Mouvement Démocratie Nouvelle, pour animer une discussion sur la réforme du mode de scrutin.

Depuis le dépôt du projet de loi 39, la réforme du mode de scrutin a suscité l’ire de plusieurs acteurs régionaux, qui craignent que l’implantation d’un mode de scrutin proportionnel mine le poids politique des régions et brise le lien de proximité entre les électeurs et leurs élus. En tant que députée de l’une des circonscriptions les plus vastes et les plus éloignées de l’Assemblée nationale, permettez-moi de vous présenter un autre son de cloche.

Loin de mettre en péril le poids politique des régions à l’échelle nationale, un mode de scrutin proportionnel viendrait au contraire le renforcer. Dans la mouture actuelle du projet de loi, l’Outaouais, la Mauricie et le Centre-du-Québec obtiendraient ainsi chacune un député de plus au détriment de Montréal, tandis que la Gaspésie, la Côte-Nord ou l’Abitibi-Témiscamingue conserveraient au minimum le même nombre de députés qu’à l’heure actuelle.

Ceux qui s'inquiètent de l’affaiblissement du poids politique des régions omettent également de rappeler qu’avec le système électoral actuel, rien n’empêche que lors de la prochaine révision de la carte électorale, prévue en 2026, des régions comme la Gaspésie ou l’Abitibi-Témiscamingue perdent un député en raison de leur déclin démographique. Nos régions se retrouveraient ainsi privées de voix pourtant essentielles à leur représentation au niveau national.

Cette diversité de représentation est à mes yeux la clé de voûte de cette réforme. Les dernières semaines ont démontré à quel point il est pertinent d’avoir des voix plurielles à l’Assemblée nationale avec l’adoption coup sur coup de deux projets de loi qui portent atteinte au développement de nos régions: le projet de loi 40 sur la gouvernance scolaire et le projet de loi 37 sur le centre d’acquisitions gouvernementales. Quand une région entière est représentée par un seul parti politique, vers qui les acteurs régionaux peuvent-ils se tourner pour faire avancer des dossiers locaux? Qui peut se faire les porte-voix de leurs réalités dans l’espace public et médiatique?

À plusieurs reprises, j’ai pu constater sur le terrain la pertinence pour une région d’avoir une députée siégeant dans l’opposition. Certes, d’un parti à l’autre, et même d’un député à l’autre, les priorités et les sensibilités ne sont pas les mêmes. Or, ce pluralisme d’opinions est un avantage énorme pour le développement de nos régions. Les acteurs régionaux peuvent faire entendre leurs préoccupations et porter différents dossiers auprès des élus qui seront les plus susceptibles d’être à l’écoute et de poser des actions pour les soutenir.

La réforme du mode de scrutin impliquera aussi une plus grande étendue de territoire à couvrir pour les futurs élus dans toutes les circonscriptions. Étant la députée d’un des plus grands comtés au Québec, je suis bien placée pour comprendre les enjeux très pratico-pratiques liés à l’étendue d’un territoire, ne serait-ce que les heures passées dans une voiture à se déplacer d’un pôle à l’autre du comté, autant d’heures qui ne seront pas dédiées à faire du travail de terrain auprès de la population. Mon nouveau comté pourrait s’étendre sur une distance aussi grande que de Montréal à Québec, avec un bureau à Trois-Rivières!

Mais est-ce que cet enjeu de l’étendue du territoire devrait avoir préséance sur celui de la nécessaire représentativité de la grande diversité de toutes les opinions politiques qui coexistent dans nos régions? Je ne le crois pas. Au contraire, nous avons tous les leviers pour pallier les défis qu’imposent les grands comtés, par exemple en révisant les budgets de fonctionnement des députés pour leur permettre d’ouvrir de nouveaux bureaux ou en modifiant le calendrier des travaux parlementaires pour y inclure davantage de semaines en circonscription.

Moderniser notre mode de scrutin pour le rendre plus fidèle à nos aspirations et à nos besoins comporte son lot de défis, certes, mais au bout du compte, les régions – toutes les régions – en sortiront gagnantes.

Loin de nous affaiblir à l’échelle du Québec, cette réforme représente au contraire une formidable occasion de renforcer notre poids politique et de tendre vers une meilleure collaboration entre partis et entre élus. À ce chapitre, je ne peux m’empêcher de penser à cette fameuse maxime: seul, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin.

 

Émilise Lessard-Therrien
Députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue

 

N.B.: Le 5 mars, de 17h à 19h à la Galerie du Rift de Ville-Marie, la députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue sera aux côtés de Françoise David, vice-présidente de Mouvement Démocratie Nouvelle, pour animer une discussion sur la réforme du mode de scrutin.

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