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01 novembre 2020

Jean-François Vachon - jfvachon@lexismedia.ca

My Salinger year: quand les bouteilles à la mer se fracassent

My Salinger Year

©Gracieuseté

Le film My Salinger Year de Philippe Falardeau démontre à quel point les lettres envoyées à Salinger étaient des bouteilles à la mer qui n’allaient jamais atteindre leur destination.

L’attrape-cœur de J.D Salinger aura marqué bon nombre de personnes par ses mots. Tellement que des gens prenaient le temps d’écrire à l’auteur. Malheureusement, jamais les lettres ne se rendaient. Joanna Rakoff, assistante dans l’agence littéraire représentant l’auteur, récupérait ses bouteilles à la mer.

:«Quand j’ai lu les mémoires de Joanna Ratkoff sur cette année, de la voir lire le courrier de Salinger et, à quel point son œuvre touchait les gens, mais qu’il ne les lisait pas, ça me touchait», a avoué le réalisateur Philippe Falardeau.

Un peu comme des bouteilles à la mer qui ne se rendaient jamais de l’autre côté de l’océan.  «C’est ça. C’est une bouteille qui se fracasse sur une roche et qui coule au fond de l’eau. Tu te dis que tu ne comprends pas, mais, en même temps, les grosses stars ne peuvent répondre à tout le monde. Mais ça brise cet élan des gens et c’est cruel», a confié le réalisateur.

Les bouteilles qui atteignent leur destination

Même comme réalisateur, Philippe Falardeau a lui aussi été une de ses personnes qui a envoyé une bouteille à la mer vers des personnes qu’il admirait. «J’ai écrit à des réalisateurs qui m’ont répondu et qui ont influencé le reste de ma carrière. Bertrand Tavernier ne m’avait jamais répondu, mais, quand il est venu à Montréal, il avait demandé à sa publiciste de me trouver. J’écrivais Congorama à cette époque et j’étais convaincu que mon film n’était pas suffisamment politiquement engagé. Cette rencontre m’a vraiment permis de me libérer dans mon écriture et je n’aurais peut-être jamais fini le scénario sans cela», a-t-il raconté.

Aujourd’hui, lui-même tente de redonner aussi. «J’en reçois et j’essaie de répondre à tous. Ça peut aller autant du roman à un simple merci pour un de mes films. J’en avais lu un d’une fille du Brésil qui n’avait pas nécessairement les moyens de faire des films. Je ne l’ai jamais rencontré, mais elle m’avait touché et je lui ai envoyé une vieille caméra que je ne me servais plus par la poste pour lui permettre de faire de petits projets», a-t-il exposé.

«Ou cette mère de famille qui voulait offrir un cadeau à son gars. La façon dont elle m’a écrit me rappelait énormément quelque chose que ma mère aurait pu faire. J’ai passé une heure au téléphone avec son gars à parler de cinéma et de ses courts-métrages», a-t-il ajouté.

Des thèmes importants

Deux autres thèmes importants se retrouvent dans le film. Joanna, à l’époque, amorce une carrière dans une agence littéraire. Comme jeune professionnelle, avec ses aspirations, ses rêves, dans un monde de possibilités, elle est confrontée à la réalité. «Je crois que le film montre un moment de nos vies où on doit faire des choix et où c’est angoissant. On ne se rend pas compte à quel point, on a beaucoup de possibilités et, en même temps, peu de responsabilités», a expliqué Philippe Falardeau.

De plus, comme jeune femme dans le monde littéraire, les possibilités sont aussi différentes. Et elle s’illustre bien avec celles de son copain, dans le film. «Je trouvais ça intéressant de présenter le point de vue d’une femme, dans le monde littéraire, de New York. Les occasions n’étaient pas pareilles à l’époque. Les hommes se ramassaient à discuter entre eux dans un café alors que les femmes qui souhaitaient devenir écrivaines, elle travaillait comme secrétaire ou assistante. Les contraintes n’étaient pas les mêmes», a soutenu le réalisateur québécois.

Le poumon culturel du Québec

Philippe Falardeau était aussi plus qu’heureux de se retrouver au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT). Il faut dire que son film avait été présenté à Berlin à la fin février. «Quand je parle de Berlin, on dirait que ça fait 8 ans que c’est arrivé. Ce n’est plus vraiment possible, dans le monde actuel, de présenter des films devant du monde. Je mesure vraiment ma chance d’être là et de pouvoir le vivre», a-t-il fait savoir.

«J’ai hésité avant de venir parce que c’est aussi la fête de ma fille cette fin de semaine. Mais je ne pouvais pas me permettre de manquer le Festival cette année. De voir une ville, se mobiliser, pour présenter un évènement devant du monde, comme elle l’a fait pour le FME, c’est incroyable. Vous êtes le poumon culturel du Québec actuellement» - Philippe Falardeau

Ce dernier ne s’en faisait pas trop de voir une salle beaucoup moins remplie qu’à l’habitude. «Le Festival est toujours plein. Même si la salle peut avoir l’air vide, une fois le choc initial passer, ça ne reste pas qu’elle est aussi vivante. On le sait qu’elle est pleine malgré tout», a-t-il souligné.

Il reste que le FCIAT à une place bien particulière dans le cœur du réalisateur québécois. «Rouyn-Noranda est un de mes festivals préférés. Quand je suis venu il y a 20 ans, j’avais rencontré un cinéaste belge et notre rencontre avait donné l’inspiration pour écrire Congorama. Quand je suis venu présenter Monsieur Lazhar, Marc Lemay était mon conducteur et j’avais fait le tour de la région avec lui. Ça m’avait donné l’idée de Guibord s’en va en guerre. Je ne pense pas que j’aurais la même filmographie sans le festival ici», a-t-il précisé.

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