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19 novembre 2020

George He: son déplacement aurait dû être suivi

L’infirmier a dérogé des trajets proposés par l’employeur

George He camion

©Sûreté du Québec

La position de la camionnette de George He sur le pont de la rivière de l’Esturgeon.

Si l’infirmier George He a dérogé à la procédure de déplacement de son employeur en empruntant une route moins sécuritaire afin de se rendre dans le Nord-du-Québec, cette même procédure s’est avérée incomplète en ne prévoyant pas une méthode de surveillance en milieu isolé sans couverture cellulaire.

Ce sont les conclusions qu’a présentées la CNESST, lors d'un point de presse virtuel tenu le 19 novembre, au terme de son enquête sur l’accident de travail qui a coûté la vie de George He, le 28 novembre 2019. L’infirmier de 29 ans se déplaçait avec son véhicule personnel de son domicile de Brossard vers le village nordique de Nemaska pour le compte de Soins de santé Bayshore, comme infirmier nordique après du Conseil Cri de la Santé et des Services Sociaux de la Baie James. Il avait été retrouvé sans vie à 16,8 km de sa camionnette Nissan Frontier 2019 immobilisée sur un pont fermé de la route forestière R1000, au sud-ouest de Matagami.

Dans son rapport, la CNESST explique qu’une fois rendu à Senneterre, , George He a bifurqué vers Barraute pour ensuite choisir un trajet plus court privilégié par Google Maps qui lui faisait emprunter la route forestière R0801, puis la R1000, pour se rendre à Matagami, où il devait passer la nuit. La route était alors couverte de 20 cm de neige, ce qui ne l’a pas fait rebrousser chemin. Des affiches signalant la fermeture du pont enjambant la rivière de l’Esturgeon étaient installées à 1 km et à 0,5 km de celui-ci, mais il a tout de même choisi de s’engager après avoir roulé 70 km.

George He

©Gracieuseté - Le Citoyen Rouyn - La Sarre

George He

Son véhicule s’est immobilisé à la sortie du pont (fermé en 2015 par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs), où une section artisanale plus étroite avait été aménagée sur 8 mètres pour remplacer des sections manquantes du tablier . Le secteur n’est pas desservi par les ondes cellulaires. Le travailleur a éventuellement quitté sa camionnette, s’exposant aux conditions hivernales avec un mercure oscillant entre 0 et -10 degrés. Sa disparition a été signalée deux jours après son départ, soit le 22 novembre. Il a été retrouvé sans vie en forêt après plusieurs journées de recherche, huit jours après avoir quitté le domicile familial.

Deux trajets proposés

L’enquête de la CNESST permet de démontrer qu’une procédure de déplacement très claire existait chez l’employeur au moment de l’accident. Les travailleurs peuvent prendre l'avion ou se déplacer avec leur propre véhicule. Deux trajets ont alors proposés à George He, l’un empruntant la route 109 en passant par Val-d’Or et Matagami, et un autre passant par Chibougamau puis la Route du Nord. En privilégiant une autre route, l’infirmier a toutefois dérogé à la procédure, qui demande d’utiliser «une route asphaltée en tout temps et d’utiliser la route la plus sécuritaire».

S’il existait chez Soins de santé Bayshore un programme de déplacement en lieu isolé au moment de l’accident, celui-ci ne contenait pas de procédure de communication bilatérale lors du trajet et des points de communications établis. Un téléphone satellite ou un équipement de géolocalisation auraient pu être utilisés à cette fin. La CNESST conclut qu’une telle procédure «n’aurait peut-être pas permis d’éviter que le travailleur se retrouve dans cette situation», mais elle «aurait sans doute facilité et accéléré les opérations de recherches».

Au point de presse, la CNESST a précisé qu'elle n'avait pas d'éléments qui permettaient d'en conclure qu'un constat d'infraction pouvait être émis à l'endroit de l'employeur, puisqu'elle ne peut établir qu'il a enfreint ou contrevenu à un article de loi ou agi d'une façon à compromettre la santé et la sécurité du travailleur.

Prévention

À la lumière de son enquête, la CNESST annonce qu’elle mettra en ligne les différentes mesures de prévention à appliquer pour le travail en milieu isolé, en particulier pour les déplacements, au début de 2021. Elle recommande notamment de mettre en application une méthode de surveillance efficace, intermittente et continue dans de telles situation ainsi que de former et informer les travailleurs sur les risques reliés au travail dans un lieu isolé.

Elle transmettra aussi son rapport d’enquête à l’Association nationale des entreprises en recrutement et placement de personnel, aux associations sectorielles paritaires et mutuelles de prévention.

 

 

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