09 mars 2021

Lucie Charest - lcharest@medialo.ca

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©(Archives) - Le Citoyen Rouyn - La Sarre

Un service de plus pour les uns, une menace pour les autres.

«L’implantation d’une clinique privée de soins de santé au Témiscamingue ouvre la porte à un système de santé à deux vitesses sur le territoire et c’est très inquiétant», s’est insurgée la députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien, dans un communiqué émis le 9 mars.

«Ça n’a aucun sens qu’on laisse nos services publics s’enfouir aussi profondément dans le gouffre de la privatisation, a-t-elle enchaîné. On ne devrait jamais avoir besoin de consulter une clinique privée pour une otite ou une infection urinaire. Il faut mettre fin immédiatement au système à deux vitesses. On ne peut pas laisser le privé faire du profit avec la santé de notre population. Le privé en santé n’a pas de baguette magique pour faire apparaître des infirmières, il va les chercher directement dans le réseau public, qui s’affaiblit davantage.»

Autre son de cloche

Richard Barbe, président du conseil d’administration de la Coop santé Témiscavie, ne l’entend toutefois pas sur ce ton. Au contraire, il voit davantage l’arrivée de cette infirmière comme un plus pour la population du Témiscamingue.

«Nous avons évalué le pour et le contre, a-t-il assuré. Personne n’est obligé de payer pour avoir des services de santé. Les services déjà offerts par nos médecins restent les mêmes. Aussi, ce n’est pas la première fois que nous louons des locaux à des domaines complémentaires à nos services de base. Dans le passé, nous avons déjà eu un ostéopathe et une psychologue, tous deux issus du privé.»

Exode des médecins

À l’automne 2020, trois médecins ont quitté la Coop Santé Témiscavie, ce qui lui a fait perdre son statut de groupe de médecine familiale ainsi que le financement et les privilèges qui y étaient associés, dont dont les services d’une infirmière clinicienne. «Actuellement, il ne nous reste que quatre médecins, a poursuivi M. Barbe. Ils ne peuvent pas subvenir à eux seuls à tous les frais liés au bâtiment.»

Rappelons que la Coop santé Témiscavie a ouvert ses portes en septembre 2008. Une part importante de son financement, estimée à plusieurs centaines de milliers de dollars, provenait de campagnes de financement effectuées dans le milieu. Si aujourd’hui, les sources de revenu pour maintien des services deviennent de plus en plus anémiques, il en était tout autrement un an après son ouverture. Elle affichait alors un bénéfice net de 80 000 $ et comptait 4219 membres suivis par une dizaine de médecins de famille.