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10 juillet 2021

Jessica Gélinas - jgelinas@lexismedia.ca

Boom Town, entre réalité et fiction

L’histoire de Rouyn-Noranda sous un nouveau jour grâce à l’univers de deux autrices de la région

Boom Town_1

©Nina Courtois

Le déambulatoire est d’une durée approximative de deux heures sur une distance de 1.5 Km.

Du 15 au 24 juillet, le déambulatoire théâtral Boom Town se mouvera au travers des lieux emblématiques de la ville Rouyn-Noranda afin de revisiter les moments charnières de son histoire et questionner ses différentes versions. 

Sous l’habile plume de Mélanie Nadeau et de Julie Renault, le spectacle déambulatoire fera découvrir «la relation fusionnelle unissant les personnages de Rouyn et Noranda, ainsi que l'univers déjanté de leur entourage». Ce projet est né grâce à l’union de la Maison Dumulon et le théâtre du Tandem. 

«La Maison Dumulon voulait fêter son quarantième anniversaire et Mélissa Dallaire a eu l’idée de créer une pièce de théâtre. Elle ne voulait pas que ce soit une visite historique, on a tout de suite senti une grande liberté de création» a expliqué Mélanie Nadeau, co-autrice et comédienne de la pièce Boom Town.  

«Elle voulait aussi rendre hommage aux talents de la région ainsi qu’aux pionniers de la Ville de Rouyn-Noranda tout en réunissant plusieurs talents dans le même spectacle», a poursuivi Julie Renault. 

En effet, les artistes sont tous originaires de la région, quelques-uns, avec grand plaisir, sont revenus le temps du projet tandis que d’autres, comme le metteur en scène Adam Faucher, sont revenus s’implanter en Abitibi-Témiscamingue. Cependant, le comédien d’origine biélorusse, Alexander Peganov fait exception, car ce dernier habite la ville de Montréal. Mais son séjour à Rouyn-Noranda lui a permis de découvrir un lien avec la Ville qu’il était loin de soupçonner. 

«Alexander est content d’être d’ici, car il ne savait pas qu’il y avait des gens de l’Europe de l’Est et de chez lui qui ont contribué à bâtir la Ville. Ça le touche beaucoup, a confié Julie Renault, co-autrice et productrice de la pièce Boom Town. Il découvre la Ville et retrouve une partie de son histoire au travers de cette expérience. Ça crée des liens entre tout le monde.» 

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©Photo – Julie Renault

Boom Town fera relâche le 18 et 19 juillet.

Choix des personnages 

Lors du processus de création, il était important pour Mélanie Nadeau et Julie Renault de mettre en lumière des personnages féminins pour ainsi leur donner de l’importance.  

«J’ai découvert des personnages vraiment intéressants, surtout des femmes, mais, malheureusement, elles sont souvent écartées de l’histoire», a raconté Julie Renault. 

«J’ai entre autres découvert Jeanne Corbin. C’était une jeune militante et syndicaliste dans les années trente. Elle était toute menue, mais elle faisait des discours qui soulevait les foules pour se rebeller et demander de meilleures conditions de travail pour les bucherons et les mineurs. Elle a exercé une grande influence», a-t-elle ajouté. 

Les deux créatrices voulaient également inclure différents regards via les personnages campés par Alexander Peganov et Jacqueline Michel, comédienne autochtone de Kitcisakik, qui d’ailleurs interprète son propre rôle dans la pièce.  

«Ces deux personnages servent un peu de regard extérieur. Ils questionnent à savoir c’est quoi la vraie version de l’histoire, car l’histoire est souvent écrite d’un seul point de vue, celui des hommes blancs» a expliqué Julie Renault. 

Les spectateurs auront même la chance d’entendre des répliques dans les langues maternelles des deux protagonistes. 

Boom Town -Jacqueline Michel

©Photo - Christian Leduc

La comédienne Jacqueline Michel lors d’une répétition de la pièce Boom Town.

L’art, une tribune pour les autochtones 

Lorsque Julie Renault a approché Jacqueline Michel pour lui offrir le rôle, cette dernière a tout de suite accepté. Les co-autrices ont inclus la comédienne de Kitcisakik dans le processus d’écriture de ses répliques afin de rendre justice à la manière dont les Anishnabe s’expriment. 

«J’ai beaucoup apprécié. Il y avait des mots que je ne comprenais pas parce que je ne parle pas le français à 100 %. Alors, je demandais : qu’est-ce que tu veux dire par là? Après, je les mettais dans mes mots. On a changé les textes pour l’adapter à ma façon, à comment je parle, moi», a raconté la comédienne Jacqueline Michel. 

À la fois réalisatrice, autrice et comédienne, Mme Michel a toujours mis à profit son statut d’artiste ainsi que son talent au service de la culture anishnabe. 

«Les personnes qui ne sont pas autochtones voyaient plus le côté négatif des autochtones. Il n’essayait pas de comprendre pourquoi certains consommaient et ils ne voyaient pas le vécu derrière chaque personne», a confié la comédienne de Kitcisakik. 

«Quand j’étais jeune, je voyais ce qui se passait, j’entendais les mots qui se disaient sur les autochtones, alors je m’étais dit que quand je serai grande, j’allais me lever et dire ; moi je suis fière d’être autochtone, je suis fière aussi de dévoiler ce que j’ai appris de mes parents, de génération en génération. J’essaie de développer des liens positifs pour qu’on puisse nous connaitre et savoir qui sont les autochtones. C’est ça qui m’intéresse dans le fait d’être artiste», a-t-elle conclu. 

Une myriade de raisons d’assister à l’expérience Boom Town 

En faisant redécouvrir la Ville au travers de leur univers poétiquement éclaté, Mélanie Nadeau et Julie Renault engendreront, sans l’ombre d’un doute, des discussions et des réflexions. 

«Après le spectacle, je crois que les gens vont avoir la curiosité de se demander ce qui est vrai ou non, de savoir ce qui s’est réellement passé. Les gens vont vraiment apprendre des choses. Je pense que le monde ne verra plus le monument des pionniers de la même façon», a fait valoir Mélanie Nadeau. 

«Les gens vont pouvoir se rassembler, assister à un spectacle, réfléchir, entendre différentes langues, voir notre ville autrement parce que le décor, c’est la Ville. J’ai assisté à une répétition, c’était sur le quai et il y avait Noranda juste devant. Avec la perspective c’était tellement beau. Tu ne peux pas vivre ça dans une salle de spectacle, a confié Julie Renault. 

«La gang d’acteurs est merveilleuse. Il y a des gens qu’on connait déjà qui sont d’ici et qu’on aime. Il y a aussi de nouveaux visages et je pense que ça va vraiment être le fun de découvrir ces talents-là qu’on connait moins et qui sont extraordinaires. Pour tout ça, ça vaut la peine de venir voir le spectacle», a-t-elle renchéri.  

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