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18 octobre 2021

Dominic Chamberland - dchamberland@lexismedia.ca

Mort de Serge Paré: 10 ans et demi de prison pour Stéphane Morin

Stéphane Morin

©Photo - Facebook

Stéphane Morin a plaidé coupable à une accusation réduite d'homicide involontaire coupable concernant la mort de Serge Paré, tué d'une décharge d'arme à feu en septembre 2018 dans un camp de chasse près de Desmaraisville.

Coup de théâtre, et tout un, lundi matin au palais de justice de Val-d’Or.

Ce qui s’annonçait comme un long procès de quatre semaines s’est réglé en moins d’une heure en ce 18 octobre quand le Valdorien Stéphane Morin, qui était accusé de meurtre prémédité contre la personne de Serge Paré, a plaidé coupable à une accusation réduite d’homicide involontaire coupable, à la suite de négociations entre la défense et la Couronne, pour ainsi écoper d’une peine de prison de 10 ans et demi.

Compte tenu de la détention préventive d’un peu plus de trois ans (qui compte pour quatre ans et demi puisque le temps en détention préventive est multiplié par 1,5), il reste à Stéphane Morin 5 ans et 10 mois de prison à purger, à compter d’aujourd’hui (le 18 octobre).

Rappelons que l’individu de 58 ans est détenu depuis le 12 septembre 2018 relativement au décès de Serge Paré, 61 ans, tué la veille d’une décharge d’arme à feu de calibre .12 dans un camp de chasse du lac Opawica, près de Desmaraisville, au nord de Lebel-sur-Quévillon.

«La peine la plus juste dans les circonstances»

Estimant la suggestion commune des deux parties raisonnable, le juge Richard Grenier, de la Cour supérieure, l’a entérinée sans aucune hésitation. Ce règlement surprise vient donc annuler la tenue d’un long et coûteux procès qui devait s’ouvrir lundi matin, après plus de trois ans de procédures.

«Nous sommes dans la fourchette de 9 à 15 ans de détention pour des dossiers semblables, a signalé le procureur de la Couronne, Me Jonathan Tondreau. Ce sont de nouveaux éléments de preuve, lesquels nous étaient inconnus jusqu’à tout récemment, qui ont permis de dénouer l’impasse par rapport aux négociations (avec la défense). Sans dire que nous n’avions pas de chances raisonnables de condamnation (pour meurtre prémédité), il était préférable, considérant la gestion du risque, de discuter avec la défense sur une infraction réduite d’homicide involontaire coupable», a-t-il expliqué sans vouloir élaborer sur la teneur des nouveaux éléments de preuve en question.

Si plusieurs personnes estiment sur les réseaux sociaux que l’accusé s’en tire plutôt à bon compte avec une sentence de 10 ans et demi de prison, Me Tondreau fait valoir que «cette peine est la plus juste et la plus appropriée dans les circonstances, en se basant sur des causes du même type. Aucune peine ne peut ramener un être cher pour les proches de la victime, mais elle tient compte des principes de détermination des peines», a assuré le procureur.

Deux hommes intoxiqués

Dans le récit des faits de cette triste histoire, Me Tondreau a souligné à la cour que l’enquête policière avait démontré que la mort de Serge Paré est survenue en cette soirée fatidique du 11 septembre 2018 alors que la victime et Stéphane Morin étaient intoxiqués par l’alcool, un facteur déterminant dans ce règlement.

M. Morin avait été embauché par son ami pour entretenir son camp de chasse, mais la relation entre les deux hommes est devenue tendue quand M. Paré lui a fait savoir que son contrat ne serait pas renouvelé pour l’année suivante. «M. Morin (selon l’enquête policière et des témoins) se sentait traité injustement, il estimait que M. Paré lui manquait de respect et avait verbalisé le souhait de le tirer. Le soir du 11 septembre 2018, un témoin a entendu un premier coup de feu vers 20h25 et un deuxième environ 15 minutes plus tard», a relaté le procureur Tondreau.

L’enquête démontrera par la suite que ces coups de feu tirés par l’accusé ont causé la mort de la victime. Stéphane Morin va multiplier les appels téléphoniques à diverses personnes au cours de la soirée et la nuit suivant les coups de feu en racontant plusieurs versions différentes, en plus d’envoyer une photo de la victime à un adolescent par Messenger (Facebook).

«M. Morin (après avoir contacté le 9-1-1) va demeurer longtemps au téléphone avec un négociateur de la Sûreté du Québec. Il parlait de suicide, il était en détresse psychologique et disait que le coup était parti par accident, avant de se rendre pacifiquement aux policiers le lendemain (12 septembre 2018)», a défilé Me Tondreau en ajoutant que l’accusé renonçait aujourd’hui à une défense par accident pour éviter un procès pour meurtre au 1er degré et accepter ce règlement.

«L’intoxication est l’un des facteurs pris en compte, a ensuite signifié le procureur en point de presse. Il reste certaines zones d’ombre sur ce qui s’est passé dans le camp de chasse (en raison de l’intoxication des deux hommes), mais l’ensemble de la preuve amassée par les enquêteurs nous a quand même permis d’avoir un portrait assez clair des événements», a affirmé Me Tondreau.

La défense très satisfaite

Pour sa part, l’avocat de Stéphane Morin, Me Martin Latour, a accueilli ce dénouement avec beaucoup de satisfaction, considérant que son client était passible de la prison à vie avec l’accusation de meurtre prémédité (au 1er degré). «Ce règlement est un soulagement pour mon client, qui n’a jamais eu l’intention de tuer M. Paré, a-t-il commencé par dire.

«Ça fait deux ans, soit depuis mes débuts dans le dossier, que je suis prêt à régler pour homicide involontaire. C’était le verdict le plus plausible et le plus raisonnable dans les circonstances, a soutenu Me Latour. Quand l’intoxication entre dans un dossier, certains faits deviennent un peu flous. On peut comprendre les gens se trouvant dans des régions isolées de s’armer pour se protéger contre les animaux sauvages, sauf que les armes et l’intoxication ne font pas bon ménage», a fait remarquer l’avocat criminaliste de Montréal.

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