Carrières dans votre région Avis de décèsÉdition Électronique Rabaischocs.com

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Santé

Retour

01 décembre 2021

Dominic Chamberland - dchamberland@lexismedia.ca

Décès d’un homme de Senneterre après 2 heures d’attente: «On savait que ça arriverait»

Centre de santé de Senneterre

©Photo: Archives

Le Centre de santé de Senneterre.

La Ville de Senneterre déplore le décès de l’un de ses citoyens dans des circonstances troublantes, un décès qui, selon elle, aurait pu être évité avec une urgence ouverte 24 heures sur 24 et une meilleure couverture ambulancière.

«C’est particulièrement triste de voir que la peur que nous avions se concrétise aussi rapidement. On savait que ça arriverait, on ne savait juste pas quand. On le disait, mais personne ne voulait nous croire, exprime la mairesse de Senneterre, Nathalie-Ann Pelchat, au sujet des craintes de la population locale concernant la fermeture de l’urgence de l’endroit 16 heures par jour, depuis le 18 octobre, dans le cadre du plan de contingence du Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue (CISSSAT).

«Aujourd’hui, c’est toute une communauté qui est en deuil et sous le choc. C’est épouvantable ce que l’on vit, nous sommes tous bouleversés, car c’est comme si toute la population de Senneterre venait de perdre un membre de la famille tellement on est unis dans cette lutte pour faire rouvrir l’urgence 24/24», renchérit Mme Pelchat sur le décès de Richard Genest, 65 ans.

Une question de minutes

Selon ce que rapporte la Ville de Senneterre, l’histoire s’est passée dans la nuit du 30 novembre (lundi à mardi), alors que l’urgence était fermée. Après avoir contacté le 9-1-1 vers 2h40 pour obtenir du secours alors qu’il était pris d’un malaise à l’abdomen, M. Genest aurait attendu plus de deux heures pour recevoir de l’assistance et a malheureusement rendu l’âme tout juste avant d’atteindre la table d’opération.

«Au moment de l’appel, l’ambulance de Senneterre était déjà en route vers Val-d’Or (pour transporter un autre patient). C’est finalement l’ambulance de Barraute qui a été déployée pour répondre à l’appel (de M. Genest). La Ville de Senneterre déplore cette situation qui aurait pu être évitée si les services d’urgence étaient encore disponibles à temps plein. La découverture ambulancière est un enjeu décrié par la Ville depuis déjà plusieurs semaines et qui comporte des risques importants pour les citoyens», affirme-t-on dans un communiqué de la Ville.

D’abord transportée à l’hôpital de Val-d’Or, entre 5h et 6h du matin, la victime aurait ensuite été transférée à l’hôpital d’Amos afin d’être opérée d’urgence par un chirurgien vasculaire, mais serait décédée dans l’ascenseur menant à la salle d’opération, selon le récit de Mme Pelchat.

«C’était une question de minutes, l'équipe de chirurgie l'attendait. On ne saura jamais si M. Genest aurait survécu s’il avait pu se rendre à la salle d’opération, mais ce qui est sûr, c’est qu’il aurait eu plus de chances de survivre en étant pris en charge par un médecin plus rapidement, ce qui aurait été le cas avec une urgence ouverte 24 heures sur 24 à Senneterre. De cette façon, il aurait pu être envoyé directement à Amos», fait observer la mairesse Pelchat en signalant que l’homme demeurait à seulement 10 ou 12 minutes de marche du centre de santé de sa localité.

Le ministre Dubé interpellé

Tout en offrant ses condoléances aux proches et à la famille de la victime, la Ville de Senneterre s’engage à poursuivre ses démarches visant à assurer une réouverture de son urgence le plus vite possible et demande aussi au gouvernement de mettre en place des mesures concrètes afin d’éviter toute découverture ambulancière.

«Malgré la collaboration du CISSSAT pour trouver des solutions et recruter la main-d’œuvre manquante (pour rouvrir l’urgence 24h/24), le travail ne se fait pas assez rapidement, estime Nathalie-Ann Pelchat. L’hiver s’est installé, la population est inquiète et on souhaite à tout prix éviter qu’une telle situation ne se reproduise, on ne veut surtout pas d’autres morts. Il faut absolument que le ministre de la Santé (Christian Dubé) et la PDG du CISSSAT (Caroline Roy) revoient les modalités du plan de contingence pour assurer à la population un accès à des services de proximité qui répondent à leurs besoins. Ce plan de contingence ne fonctionne définitivement pas», mentionne Mme Pelchat, qui a d’ailleurs fait parvenir une missive au ministre Dubé pour le presser d’agir.

 

LA FERMETURE DE L’URGENCE NE SERAIT PAS EN CAUSE, CONCLUT LE CISSSAT

Invitée à commenter cette affaire, la direction du CISSSAT a émis un communiqué dans lequel sa présidente et directrice générale Caroline Roy, tout en offrant ses sincères condoléances aux proches de la personne décédée, souhaite préciser certains éléments et assure qu’une revue diligente de l’ensemble de la situation a été effectuée à la suite du malheureux incident, selon ses dires.

«Les informations transmises concernant les services ambulanciers, les informations au dossier de l’usager et les échanges réalisés avec les équipes soignantes concernées ont permis de conclure que l’ensemble des protocoles en vigueur ont été respectés, indique Mme Roy. L’analyse des circonstances et de la séquence d’interventions réalisées auprès de la personne démontre que la fermeture du CLSC de Senneterre n’est pas un facteur ayant contribué au décès de la personne», soutient-elle.

Le CISSSAT ajoute que le Bureau du coroner a été contacté et que celui-ci a décidé de ne pas prendre le dossier en charge, «étant donné qu’aucun élément ne justifiait une enquête». L’organisation réitère aussi que «tous les efforts sont déployés afin que les citoyens reçoivent des soins de santé de qualité et sécuritaires».

Pour sa part, la mairesse Pelchat dit avoir du mal à comprendre que le CISSSAT ne fasse pas de liens entre le décès de Richard Genest et sa prise en charge tardive due à la fermeture de l’urgence de Senneterre le soir et la nuit.

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web - Caméléon Média