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06 février 2023

Audrey-Anne Gauthier - aagauthier@medialo.ca

Survivre à la perte d’un être cher, une larme à la fois

Laura Marcoux et Louise Trépanier

©Courtoisie - Le Citoyen Rouyn - La Sarre

Laura et sa mère, Louise.

C’est avec énormément de courage et de sensibilité que Louise Trépanier parle de sa fille Laura, qui s’est enlevée la vie en mai 2022. Elle discute de l’importance de venir en aide aux personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale.  

Il n’existe aucune manière assez délicate pour parler du suicide. Ça prend plus que du courage pour parler d’un deuil vécu à la suite de la perte d’une personne qu’on aime et vivant une trop grande détresse psychologique pour continuer de croire en la vie.

Louise Trépanier a choisi récemment de prendre part aux discussions entourant la prévention du suicide afin de rendre hommage à sa fille, Laura, qui s’est enlevée la vie en mai 2022 et qui aurait eu 30 ans prochainement. Mme Trépanier joint sa voix à plusieurs autres endeuillés qui souhaitent que le système de santé soit plus outillé pour venir en aide directement aux personnes qui vivent avec des problèmes de santé mentale. 

Pour cette maman qui vit tous les jours avec l’absence de sa fille, diminuer les tabous et parler de santé mentale est le début d’une grande guérison collective qui pourrait changer le destin et la trajectoire de plusieurs.  

 

« Ma fille est décédée d’un cancer de l’âme. C’est une maladie insidieuse sur laquelle nous n’avons pas d’emprise parce que nous ne sommes pas dans la tête des gens. Laura était bien entourée, elle avait une vie saine, elle avait des projets. Mais un jour, elle n’a plu eu la force de continuer d’avancer. Elle n’a jamais pu mettre des mots concrets sur sa douleur, probablement parce qu’elle en avait honte.  Personne n’aurait pu déceler son mal-être. Elle démontrait une grande joie de vivre, elle était dynamique et lumineuse. C’est ce qui a rendu l’événement aussi tragique puisque personne ne s’en doutait. » 

Tenu par le secret professionnel 

Lorsque la mère de Laura a reçu le rapport médical des cinq dernières années de la part de son médecin traitant, elle a été chamboulée par ce qui y était inscrit.

« Je me suis rendue compte à quel point son médecin traitant, qui était son confident depuis longtemps, avait les mains liées par le secret professionnel alors qu’il était évidemment inquiet. Il n’a donc pu nous informer ou la référer en psychiatrie sans son consentement », raconte avec émotion, Mme Trépanier.

Malheureusement, la loi entourant le secret professionnel est très complexe. Le danger doit être imminent pour pouvoir informer les proches et les spécialistes.

« Le problème avec ça, c’est que les personnes en détresse psychologique comme Laura ne sont plus capables de raisonner, elles sont à un point de non-retour. C’est alors très difficile pour elles de s’exprimer sur leur douleur profonde. C’est pour ça que je pense vraiment qu’il y a un travail à faire pour déconstruire les tabous à propos de la santé mentale. Il faut en parler. Il faut écouter les gens lorsqu’ils nous donnent des signes, aussi petits qu’ils puissent paraître. Il ne faut jamais minimiser le fait que quelqu’un autour de nous ne va pas bien. »

Dans sa quête, Mme Trépanier souhaite qu’on puisse collectivement améliorer la rapidité des services offerts aux personnes qui ont des problèmes mentaux, mais également assouplir la loi entourant l’aide mentale au niveau du secret professionnel. 

Rendre hommage à sa fille 

Pour la mère de Laura, prendre parole pour inciter les gens à demander de l’aide est la voie naturelle à prendre afin de rendre hommage à sa fille et de la garder vivante, même s’il est impossible de revenir en arrière. C’est une façon de l’honorer en transmettant un message qui est essentiel. 

« Lorsque je parle de Laura et de ce qu’elle a vécu, j’ai comme l’impression de l’aider, de poursuivre quelque chose comme si c’était elle qui me guidait là-dedans, je ne sais pas, mais j’ose croire que ma démarche contribue à un message qu’elle n’a pas réussi à transmettre elle-même. »

Pour Mme Trépanier, il est clair qu’il faut vraiment enrayer le tabou entourant la santé mentale et la gêne qui l’entoure. « Il faut que ce soit traité comme n’importe quelle autre maladie. Une personne ne devrait jamais se sentir diminuée parce qu’elle porte en elle des problèmes de santé mentale, ça n’enlève rien à la valeur de la personne. » 

Sur la voie de la guérison 

Selon Claude, le beau-papa de Laura, la communauté de Val-d'Or les a soutenu. « On ne se sentait pas seuls, nous sentions que tout le monde était avec nous et nous aidait à passer à travers cette épreuve.»

Il y a des choses essentielles qui aident Mme Trépanier et son entourage à cheminer à travers le deuil. L’écoute de conférences qui viennent en aide aux personnes endeuillées par le suicide, l’écriture, qui l’aide à mettre des mots, à sa manière, sur son chagrin et le temps.

« Au-delà de ça, je dois faire confiance au temps. C’est une larme à la fois, en les acceptant totalement. Quand j’ai besoin de pleurer, je pleure. Je m’occupe parce que sinon les pensées m’envahissent, je pense constamment à elle. Je dois apprendre à accepter la situation. Ce qui est très difficile pour un parent, c’est que nous nous sentons vite coupables. J’aurais aimé m’en rendre compte, l’aider, la soutenir, empêcher ça. On se culpabilise rapidement, il faut donc accepter du mieux qu’on peut que nous n’avons pas le contrôle. Je m’ennuie d’elle tous les jours, mais c’est un cheminement qui durera toute ma vie, mais je le vis un jour à la fois, sans jugement. » 

L’Abitibi-Témiscamingue compte sept Centre de prévention suicide répartis aux quatre coins de la région. N’hésitez jamais à demander de l’aide, pour vous ou pour vous proches.  

Pour en savoir plus : https://www.preventionsuicide.ca/ 

Laura Marcoux

©Courtoisie - Le Citoyen Rouyn - La Sarre

Laura lorsqu'elle était âgée de 21 ans

Laura Marcoux

©Courtoisie - Le Citoyen Rouyn - La Sarre

Parfois, même un sourire peut cacher une grande détresse psychologique, comme ça été le cas avec Laura.

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