Société
Retour13 mars 2023
Audrey-Anne Gauthier - aagauthier@lexismedia.ca
Monastiraki : une huile d’olive produite par un amossois
Rencontre avec Pierre-Luc Chartré, en direct de la Grèce

©Gracieuseté Pierre-Luc Chartré - Le Citoyen Rouyn - La Sarre
Pierre-Luc, s’occupant de sa récolte d’olives. Il les apportera par la suite à la transformation dans la même journée pour garantir une qualité de produit inégalée.
Pierre-Luc Chartré, originaire d’Amos, produit l’huile d’olive Monastiraki, une huile de qualité supérieure et biologique, fabriquée en petits lots. Une belle rencontre avec un gars d'ici et agriculteur sur la plus grande des îles grecques, la Crête.
Pierre-Luc et sa conjointe Katerina demeuraient en Colombie-Britannique depuis plusieurs années avant de s’envoler outremer, sur la côte ouest de la Crête, dans le village de Monastiraki, d'où le nom du produit.
« Pourquoi attendre d’avoir 55 ans et d’être à la retraite avant de déménager? La pandémie nous a fait réfléchir à notre situation familiale. Ma copine est crétoise d’origine et nous avions déjà pensé y déménager, mais on pensait que ça allait être plus tard. Finalement, on a décidé de tout vendre sans avoir de plans précis », raconte Pierre-Luc.
Arrivé sur l’île, dans le même village où habite la famille de sa copine, il se rend compte que les salaires sont moins élevés et doit trouver un emploi pour mettre du pain et du beurre sur la table, comme il dit. « La mer, les montagnes, la température, la bouffe, tout était parfait, mais je devais trouver un emploi. J’ai toujours eu des emplois saisonniers, j’ai planté des arbres pendant plusieurs années et j’ai été bûcheron aussi. C’est là que j’ai décidé de devenir agriculteur. Mon beau-père avait déjà des fermes. Il avait encore une centaine d’arbres, mais il était à la retraite depuis quelques années. Ç’a été comme naturel de me recycler comme producteur d’huile d’olive. »
Afin de pouvoir vivre de ce nouveau projet, Pierre-Luc se devait tout de même d’acquérir plus d’oliveraies pour en faire une plus grande production, même si elle reste à petite échelle. « En Grèce, la population est vieillissante. Ce que j’ai fait, c’est que je me suis tourné vers les membres les plus âgés de la famille qui n’avaient plus la force de continuer à s’en occuper. Je leur ai proposé un deal comme quoi j’allais louer leur terre en échange d’un certain pourcentage des profits. J’ai donc maintenant 3000 oliviers. »
Pour ce faire, il a dû ravigoter des arbres qui étaient laissés à l’abandon depuis un moment. Cette année, il a pu amasser les fruits de ses labeurs avec une belle 2e récolte. « Ça va bien! C’est ma plus grande récolte, même si elle est petite. Je suis content. En plus, avec tous les bienfaits qu’on connaît de l’huile d’olive, c’est vraiment un produit que je suis fier de travailler. »

©Gracieuseté Pierre-Luc Chartré - Le Citoyen Rouyn - La Sarre
Toute la vie tourne autour des olives, sur l’île de Crête, en Grèce. Un savoir qui perdure depuis des millénaires.
Au gré des saisons
Comme ses anciens emplois, Pierre-Luc vit et travaille à temps complet sur son entreprise, au rythme des saisons qui passent. Loin de la monoculture industrielle, les 40 petites fermes qu’il possède vivent en symbiose avec la température idyllique de la méditerranée, entourées d’autres espèces végétales, ce qui procure à son huile une meilleure qualité.
« La récolte, c’est au mois d’octobre, novembre, décembre, un petit peu en janvier. Après ça, c’est la taille des arbres. En ce moment, je suis là-dedans à temps plein. Puis, quand l’été arrive, c’est plus relax. Tu arroses, tu contrôles, tu fais du désherbage, des petites choses comme ça. Tu as tout le temps quelque chose à faire dans le fond. »
Un savoir ancestral et une huile d’olive parmi les meilleures au monde
La Grèce se retrouve en 3e position en termes de production d’huile d’olive au niveau mondial et l’île de Crête contribue au tiers de la production au pays. Dans la famille de sa conjointe, la production d’huile d’olive est un savoir qui se perpétue depuis l’époque de ses arrière-grands-parents.
« C’est une tradition ici, l’huile d’olive. Tout tourne autour de ça. Les fermiers sont super fiers de leurs arbres et de leurs produits. L’huile ici, est incomparable à ce que l’on retrouve en général sur les tablettes d’épiceries au Québec ou ailleurs dans le monde. J’ai découvert les subtilités des saveurs avec le temps, c’est un goût qui se développe. Ma belle-famille nous envoyait une centaine de litres d’huile d’olive chaque année quand nous étions dans l’ouest. L’huile que je produis est tellement riche en arôme, c'est une huile d’olive de qualité. Celle ici, elle est presque verte fluo. Tu peux pratiquement goûter la mer sur le bout de ta langue dû au fait qu’elle est sur l’île, entourée de la mer justement. »
Pour qu’une huile soit extravierge, plusieurs caractéristiques sont importantes à respecter et celle de Pierre-Luc n’y fait pas exception. « Pour que l’huile puisse avoir 100% de ses propriétés médicinales et culinaires, elle doit être récoltée au tout début dans le fond. Pour savoir, la date est indiquée sur la bouteille et le taux d’acidité aussi. Si c’est inscrit entre 0.2% et 0.8%, c’est extravierge, pour vrai. Celle que je produis est à 0.3%, c’est de l’huile extravierge premium mettons », ajoute Pierre-Luc, qui en aurait long à dire sur les détails techniques!

©Gracieuseté Pierre-Luc Chartré - Le Citoyen Rouyn - La Sarre
Les précieuses olives.
De la ferme à nos assiettes
Chaque matin, Pierre-Luc se rend à la Coopérative agricole au bout du village pour effectuer la transformation avant qu’elle puisse être vendue et savourer.
« La coop représente tous les fermiers du coin. Tu amènes tes sacs et elle transforme ça live, direct devant toi. Pour l’instant, c’est aussi la coop qui s’occupe de la mise en marché et c’est surtout du bouche-à-oreille. Un de nos objectifs à long terme serait quand même de trouver un grossiste ou un distributeur québécois qui est capable de placer l’huile d’olive extravierge Monastiraki sur les tablettes des petits commerces puis des épiceries locales, en Abitibi, et peut-être même à travers le Québec. On aimerait vraiment offrir une huile top qualité à un prix raisonnable. »
Sur cette île avec ses plages paradisiaques et l’horizon d’un bleu à couper le souffle, Pierre-Luc et sa conjointe on bien envie de se diversifier et caressent le projet de créer des circuits touristiques agroalimentaires, ou bien d’offrir des séjours découvertes sur l’île. D’ici là, on souhaite pouvoir un jour retrouver l’huile d’olive Monastiraki sur nos tablettes ou dans les marchés locaux pour en savourer toutes les subtilités et découvrir un produit fabriqué par un gars d’ici!
Visitez sa page Instagram pour suivre la vie agricole et en savoir plus sur le produit : @monastiraki_goldenblood ou la page Facebook : Monastiraki Olive Oil

©Gracieuseté Pierre-Luc Chartré - Le Citoyen Rouyn - La Sarre
La fille de Pierre-Luc, s’amusant à remplir les sacs avec des olives.
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