Femmes autochtones du Québec vilipende à son tour Pierre Dufour

«Le lien de confiance est brisé», dit la présidente. 

©Gracieuseté - Le Citoyen Rouyn - La Sarre

La présidente de Femmes autochtones du Québec, Marjolaine Étienne, estime que les propos de Pierre Dufour ont fait reculer la démarche de réconciliation entre le gouvernement caquiste et les Premières-Nations.

Le député caquiste d’Abitibi-Est, Pierre Dufour, ne semble pas encore sorti de l’auberge. Cette fois, c’est l’organisme Femmes autochtones du Québec qui réagit vivement à ses propos tenus le 15 mai dernier, lors de la séance du Conseil municipal de Val-d’Or.

:Femmes Autochtones du Québec qualifie d’«inacceptables et irrecevables pour l’ensemble des femmes autochtones du Québec» les propos de Pierre Dufour. «Ces faits illustrent bien, une fois de plus, la nécessité de reconnaître le racisme et la discrimination systémiques, à l’instar de tous les précédents rapports et enquêtes sur les femmes et des filles autochtones au Québec, tels que la Commission Viens, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec, l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et le rapport sur les stérilisations imposées», affirme la présidente, Marjolaine Étienne.

Un lien de confiance qui sera long à rebâtir

Mme Étienne fait peu de cas des excuses prononcées par Pierre Dufour, lui qui disait avoir parlé «sous le coup de l’émotion». «Cette réaction sous le coup de l’émotion, tel qu’il la décrit, est plutôt l’expression libre et franche du racisme et de la discrimination systémiques qui sont bien réels à tous les niveaux de la société, juge Mme Étienne. M. Dufour ne devrait pas être sans savoir que les femmes autochtones sont souvent, malgré elles, placées dans des situations socio-économiques difficiles, voire violentes, et ce, quotidiennement.  Alors que certaines d’entre elles ont eu l’immense courage, en 2015, de dénoncer les abus qu’elles ont subi, les propos de ce dernier remettent en cause leur témoignage et leur intégrité. Comment voulez-vous encourager des femmes à dénoncer les injustices qu’elles vivent dans de telles circonstances?»  

La présidente de Femmes autochtones du Québec estime que ces propos tenus le 15 mai dernier sont un net recul face à la démarche de co-construction et de réconciliation mise en place par le gouvernement caquiste. «Le lien de confiance des femmes autochtones du Québec à l’endroit du député Dufour est brisé, affirme Marjolaine Étienne. Le chemin sera long pour rétablir ce lien de confiance, et demandera beaucoup plus que de simples excuses de sa part.»  

Le principe de Joyce

L’organisme voué à la défense des femmes autochtones du Québec, comme son nom l’indique, réitère ses demandes au gouvernement Legault, et en particulier au ministre Ian Lafrenière de reconnaître le racisme et la discrimination systémiques que subissent les femmes des Premières-Nations. Des demandes répétées lors du dépôt d’une pétition à l’Assemblée nationale, en décembre dernier. En plus de la reconnaissance du racisme systémique, la pétition demandait l’application du Principe de Joyce, nommé ainsi à la mémoire de Joyce Echaquan, cette femme atikamekw décédée en septembre 2020 à l’hôpital de Joliette dans des conditions jugées inacceptables par la famille. De par ce principe, toute personne autochtone devrait avoir un accès équitable à tous les services de santé et les services sociaux. «Pour le moment, le gouvernement de François Legault fait la sourde oreille. Pourtant, nous avons tous les outils pour travailler sur les vraies choses. Qu’attendez-vous pour nous écouter et être réellement nos alliés ?», demande-t-elle.

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