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12 décembre 2024

Davide Buscemi - dbuscemi@medialo.ca

De la mine d’or à la mine de crayon

Le dessinateur Jacques Goldstyn, le 1er décembre 2024 au Palais des congrès de Montréal.

©Photo Médialo — Davide Buscemi.

Le dessinateur Jacques Goldstyn, le 1ᵉʳ décembre 2024, au Palais des congrès de Montréal.

Le dessinateur Jacques Goldstyn, aux multiples vies, a jadis travaillé à Val-d’Or en tant que cartographe pour la mine Kiena de la société Falconbridge.
Le Citoyen est allé, le 1ᵉʳ 
décembre, à sa rencontre, au Salon du livre de Montréal.

Quand on se penche sur son passé de géologue et sur l’origine étymologique de son patronyme (déformation de l’allemand gold stein : pierre d’or), on reste fasciné de constater que l’auteur était, somme toute, prédestiné à côtoyer le précieux métal. « Vous êtes le premier à me faire la remarque », sourit-il, un brin étonné.

Naissance d’une vocation 

C’est arrivé très tôt dans son existence. « Enfant, j'aimais le dessin. Tintin, Astérix. J'adorais Sempé et son Petit Nicolas. J'adorais Walt Disney. Je voulais devenir dessinateur. J'étais vraiment doué en dessin ; j'avais déjà la perspective dans l’œil à l'âge de 6 ans. » 

Son lectorat irait « de 6 à 106 ans », plaisante-t-il. 

Si ses parents l’ont laissé s’épanouir dans son domaine, c’est ailleurs que la pression s’est fait ressentir. « À l'âge de 8 ans, le directeur d'école (à Montréal) nous demanda quel métier on voulait faire. Un copain voulait devenir joueur de hockey ; un autre, policier. Le directeur approuve », se remémore M. Goldstyn. 

« Moi, c’est dessinateur. Il pense à dessinateur technique. Non, dis-je, je veux devenir dessinateur de bande dessinée, d'humour. ''Avec ça, tu ne mettras pas de beurre sur ton pain'', telle fut sa réponse. J'étais terrorisé. Donc, j'ai choisi un autre métier », ajoute-t-il.

« J'aimais beaucoup la science sans être le meilleur à l'école. Mon père prenait des livres à la bibliothèque sur l'astronomie, la botanique, etc. Les océans m'intéressaient beaucoup aussi. Enfin, lors d’un voyage en France, j’ai rendu visite à un oncle qui travaillait au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Pendant une excursion en géologie, on a ramassé des fossiles, puis ça m'a plu », poursuit-il.

''Les Débrouillards'' du dessinateur Jacques Goldstyn

©Photo gracieuseté.

Dessin extrait du magazine "Les Débrouillards" (mai 2017) dont la Une est titrée "Les roches, ça m'accroche".

Un dessinateur scientifique, un scientifique dessinateur 

Il observait l’art dans les sciences. « En minéralogie, on regardait les minéraux au microscope. Je voyais des couleurs incroyables. Moi, je m'évadais avec tout ça », évoque-t-il. 

Le legs scientifique lui sert régulièrement dans ses planches à dessin où il fait montre de vulgarisation comme dans Les Petits Débrouillards et Les Débrouillards. « On a parlé des geysers, des dinosaures, etc. Il y a Van l’inventeur, un des personnages des Débrouillards », cite ce dessinateur autodidacte. 

La mine valdorienne 

Ce natif du Saguenay a œuvré quatre années en Abitibi-Témiscamingue. « J'avais une formation de géologue pour faire de la cartographie de surface et souterraine pour suivre les filons. En 1979, quand j’y étais, le cours de l'or avait beaucoup augmenté. On rouvrait, donc, des mines fermées dans les années 60 », raconte-t-il. 

Jeune géologue d’une vingtaine d’années, Jacques Goldstyn pratiquait son métier tout en étudiant. « J'étais en même temps sur le terrain, parce que c'est là que tu apprends. C’était pour la mine Kiena de Falconbridge, firme ontarienne. Ils rouvraient des mines avec des teneurs très inférieures. Il fallait vérifier le potentiel et faire la cartographie détaillée », se souvient-il.

Le dessinateur Jacques Goldstyn, le 1er décembre 2024 au Palais des congrès de Montréal.

©Photo Médialo — Davide Buscemi.

Jacques Goldstyn a toujours eu un joli coup de crayon. Ici, le 1ᵉʳ décembre 2024, au Palais des congrès de Montréal.

Autre temps, autres mœurs

« C'est très drôle parce qu'à l'époque, j'étais géologue junior. Moi, j’avais le droit de descendre dans la mine pour cartographier, mais pas ma patronne, Caroline Wilson, une géologue senior. Il y avait encore beaucoup de gens d'origine polonaise ou ukrainienne et ils ne voulaient pas qu'une femme descende dans la mine. C’était par superstition, par peur. Comme un lapin sur un bateau, ça porte malheur ; ni de femme dans certaines circonstances », explique ce sexagénaire affable.

Outre M. Goldstyn, ils étaient une cinquantaine de géologues. « J’officiais au ministère des Richesses naturelles. Il fallait créer une carte précise au niveau géologique. Relever ce qu'on appelle les affleurements rocheux, mesurer le pendage, etc. L'affleurement, c'est la roche mère qui ressort à la surface », décrypte-t-il.

Les entrailles brûlantes de la Terre 

Le gisement LaRonde, propriété d’Agnico Eagle, serait le plus profond des Amériques : trois kilomètres. Or, la température sous terre augmente de trois degrés tous les 100 mètres. « Les forages les plus profonds en Russie, c'est peut-être 10 ou 12 km, mais ça devient extrêmement compliqué », reconnaît Jacques Goldstyn.

Après avoir quitté l’Abitibi-Témiscamingue, l’illustrateur saguenay-jeannois travaillera en Gaspésie et dans l’ouest canadien (pétrole).

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