Économique
Retour04 avril 2025
Lucie Charest - lcharest@medialo.ca
Un quart de siècle à promouvoir sa région d’adoption
Tourisme

©Gracieuseté - crédit : Josias Gob
Randa Napky compte bien demeurer dans l’écosystème touristique de sa région d’adoption.
Au seuil de la retraite, celle qui a occupé le siège de la direction générale de Tourisme Abitibi-Témiscamingue pendant 25 ans revisite avec nous ces tournants où la région est devenue un leader international en matière de tourisme.
Quand la jeune résidente de Thetford-Mines est débarquée en Abitibi en 1984 avec son diplôme en technologie minérale dans son baluchon, elle ne se serait pas douté qu’elle contribuerait de façon si éloquente au rayonnement de sa terre d’adoption. Si ce n’avait été de ce coup de foudre ressenti sur le champ face à cette communauté pleinement assumée.
« Cette région m’a jetée à la renverse, je n’ai jamais voulu en repartir, se remémore Randa Napky. À l’époque, je n’ai pas pu travailler dans les laboratoires de technologie minérale, car il n’y avait pas de toilettes pour femmes. Je me suis tournée vers une boutique de vêtements. Je croisais des homosexuels émancipés, j’étais sous le choc, d’être tombée dans une société tolérante, pas de préjugés, une société élevée. L’Abitibi a été fondée par 70 communautés différentes qui ne vivaient pas en ghetto. C’est ce qui fait son unicité. »

Je vais demeurer dans l’écosystème touristique de la région, du Québec. Je vais continuer d’être fière de ma région, fière de la faire connaître » - Randa Napky
Un modèle à l’échelle du globe
Au milieu des années 2000, la tendance était d’organiser le tourisme en répondant aux exigences des marchés. « À l’époque, Jocelyn Carrier était notre président, relate-t-elle. Il nous est apparu clair qu’il fallait d’abord se définir, développer pour soi et c’est ce qui attirerait les gens. Nous avons été à contre-courant. Ça coïncidait avec ce que mon père disait à ses trois filles, qu’il n’y avait que les poissons morts qui suivent le courant. Ici, nous sommes des précurseurs, nos minières sont des précurseures, notre université aussi. »
C’est à ce moment, en 2006, qu’une chartre d’engagement envers le tourisme a été créée et par la suite signée par toutes les municipalités de la région. Cette démarche a contribué à ce que tous aillent dans la même direction. « C’est de là que tout est parti, rappelle Randa Napky. Aujourd’hui, on voit des organismes comme Tourisme Montréal aller dans la même direction où le tourisme se fait en cohabitation avec les milieux. »
C’est en embrassant cette ligne directrice que le tourisme est devenu la 4e industrie de la région, que CulturAT, un mouvement qui mise sur la culture comme source d’action, de fierté et de rapprochement, a vu le jour. « Avec CulturAT, on s’est retrouvés en 2021 dans la liste des territoires leaders de CGLU (Cités et gouvernements locaux unis), l’équivalent de l’ONU, mais pour les arts. Au moins 80 % de la population mondiale en est membre, précise-t-elle. Notre mouvement a été présenté partout à travers le monde, au Japon, au Brésil, en Italie. »
Au moment de remettre les clefs de son bureau, Randa Napky quitte avec le sentiment du devoir accompli. Toutefois, il ne sera pas étonnant d’entendre encore parler d’elle, car elle tourne cette page, mais pour elle, le livre est loin d’être refermé. « Je vais demeurer dans l’écosystème touristique de la région, du Québec, a-t-elle conclu. Je vais continuer d’être fière de ma région, fière de la faire connaître. »

©Gracieuseté
Lors de la Cop 16 à Cali en Colombie, présentation du futur Pôle d’innovation en tourisme régénératif et de bien-être. Le projet de Tourisme Abitibi-Témiscamingue avait été sélectionné pour une présentation par le Programme des Nations unies pour l’environnement.
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