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Retour08 mai 2025
Davide Buscemi - dbuscemi@medialo.ca
Nickel et transition énergétique : un projet minier stratégique au Québec

©Photo gracieuseté.
La présidente de Dumont Nickel, Johnna Muinonen et le chef de l'exploitation de Dumont Nickel, François Vézina.
Le 4 mars dernier, François Vézina, chef de l'exploitation chez Dumont Nickel, nous a accordé une entrevue exclusive sur l'ampleur du projet minier Dumont, ses impacts économiques et environnementaux ainsi que son rôle crucial dans la transition énergétique. Avec un investissement estimé à 3,3 milliards de dollars, ce projet vise à faire du Québec un acteur majeur dans l'industrie du nickel.
« Nous sommes à un tournant historique,» souligne M. Vézina. « Le marché mondial des minéraux critiques est en pleine mutation, et nous avons une opportunité unique de positionner le Québec comme un leader de cette industrie. »
Un investissement massif pour une vision à long terme
Dumont Nickel prévoit de débuter la construction de la mine en novembre 2025 pour une mise en production à l'horizon 2028. « L'investissement initial pour la construction est de 2,5 milliards d'euros», déclare François Vézina. «Puis, cinq ans après le début de la production, nous allons doubler la capacité.» Cette expansion nécessitera un milliard supplémentaire et devrait être complètement opérationnelle vers 2037.
Un des atouts majeurs de ce projet est sa durée de vie exceptionnelle. « On a une durée de vie de 30 ans en incluant l'expansion», ajoute M. Vézina. « C'est assez rare dans notre domaine. Nous avons déjà plus d'un milliard de tonnes de réserves, et le potentiel pourrait pratiquement doubler avec plus d'exploration.»
Ce projet représente non seulement un développement minier, mais aussi une infrastructure stratégique pour l’avenir. « Nous devons voir au-delà de la mine elle-même», indique François Vézina. « L’impact de cette exploitation se fera ressentir bien au-delà de ses frontières, en alimentant de nombreux secteurs manufacturiers.»
Une ressource essentielle pour l’industrie des batteries
Le nickel extrait servira principalement à la production de batteries de véhicules électriques, un marché en pleine expansion. «Pratiquement 80 % de notre production, voire 100 %, sera destinée à l'industrie de la batterie automobile», indique M. Vézina. Il rappelle que le nickel est l'un des composants majeurs des batteries lithium-ion, bien plus présent que le lithium lui-même. « Comme un de mes collègues dit, c'est comme la poudre à pâte dans une recette de gâteau.»
Le développement de la filière batterie au Québec pourrait donc s’appuyer directement sur la production de Dumont Nickel. « C’est un enjeu stratégique : sécuriser l’approvisionnement en matières premières essentielles à l’industrie des batteries. Cela garantit également une empreinte carbone réduite par rapport à des sources d’approvisionnement plus lointaines.»
Un projet aligné avec les enjeux environnementaux
Le projet Dumont s’inscrit pleinement dans la transition énergétique. «Nous voulons fournir les entreprises qui s’installent à Bécancour et en Ontario, dans la région de Windsor», explique François Vézina. «Les firmes asiatiques dominent le marché, mais nous voulons proposer une alternative locale et écologiquement responsable.»
L’une des initiatives majeures du projet concerne son raccordement au réseau d’Hydro-Québec par une ligne de transport de huit kilomètres. «Nous avons reçu une subvention de 1,1 million de dollars pour étudier cette possibilité. Cela nous permettrait d’avoir une alimentation en énergie à faible empreinte carbone.»
Un autre aspect positif du projet réside dans la nature du minerai extrait. « Notre roche absorbe naturellement du CO2», souligne M. Vézina. « Nous travaillons sur des techniques pour maximiser cette captation et contribuer encore plus à la décarbonation.»
La volonté de minimiser l’impact environnemental se retrouve également dans les méthodes d’exploitation. «Contrairement à certaines industries minières plus polluantes, nous nous engageons à respecter les normes environnementales les plus strictes et à adopter des technologies de pointe pour minimiser notre empreinte.»
Un moteur économique pour la région et un engagement local
Avec la création de 570 emplois directs, le projet Dumont Nickel promet des retombées majeures pour la région. «Nous allons embaucher localement, ce qui est essentiel pour le dynamisme économique de l’Abitibi», précise François Vézina. «Le secteur minier est un moteur important, et nous voulons nous assurer que nos emplois soient bien rémunérés et stables.»
L’implantation du siège social du projet à Amos illustre cette volonté de développement local. «Nous avons fait l’acquisition d’une ancienne usine de pâtes et papiers pour y installer nos infrastructures. Cela permettra aussi de soutenir d’autres entreprises du secteur.»
Les défis à venir et les enjeux énergétiques
Un des enjeux cruciaux du projet réside dans l’obtention d’un bloc énergétique du gouvernement du Québec. «Il y a une pénurie d’électricité, et nous devons prouver que notre projet est prioritaire», ajoute M. Vézina. «C’est l’un des seuls prêts à être construit dans le secteur des minéraux critiques, donc nous sommes confiants.»
Avec la nouvelle loi des mines, le projet de loi 69, qui est actuellement à l'étude, tous les projets nécessitant plus de cinq mégawatts d'électricité doivent obtenir l'approbation du gouvernement. «Il y a des critères stricts à respecter», explique M. Vézina. «Cette nouvelle réglementation vise à assurer un développement minier plus responsable et encadré.»
Présentement, il y a 150 projets qui ont appliqué pour de l’énergie. Ça équivaut à environ 14 000 mégawatts de demande électrique. Difficile à estimer. Monsieur Fitzgibbon, avant sa démission, parlait de 1 000 à 3 000 mégawatts qui resteraient disponibles. Par conséquent, plusieurs projets vont se voir refuser. C’est pour ça que le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie a établi des critères et fait une analyse rigoureuse pour choisir les meilleurs projets qui vont obtenir un bloc énergétique.
L’évolution de la réglementation et des politiques publiques jouera également un rôle clé. «Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités gouvernementales pour garantir que notre projet respecte non seulement les standards actuels, mais aussi les futures exigences environnementales et énergétiques.»
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