Chasseur d’images au cœur sauvage 

  • Publié le 14 juill. 2025 (Mis à jour le 14 juill. 2025)
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Le photographe Jérémie LeBlond-Fontaine.

Photo gracieuseté.
Le photographe Jérémie LeBlond-Fontaine. Photo gracieuseté.

Le photographe Jérémie LeBlond-Fontaine pratique professionnellement depuis 2011. Originaire de Lévis, il s’est rendu dans notre région à quelques reprises pour des clichés de la faune. À l’hiver 2023, il était ici pour le lynx. Un peu de fraîcheur en cette période chaude. 

Il s’est promené tout autour et à l’intérieur de l’Abitibi-Témiscamingue. «En Abitibi, j’ai fait deux ou trois séjours pour y photographier la faune. Quand je vais faire mes expéditions à la baie James, je passe par l’Abitibi-Témiscamingue. Je suis limitrophe parfois.
Quand je me trouve dans le sud de la région du Nord-du-Québec ou dans le nord des Laurentides, ce sont des biotopes qui se ressemblent beaucoup. J’ai dû faire une demi-douzaine de séjours au total si on compte les régions aux alentours de l’Abitibi-Témiscamingue.»  

Sur les chemins forestiers de Joutel  

Sa dernière visite en Abitibi remonte à fin février 2023. «J’y suis resté une semaine et demie pour chercher le lynx, notamment dans le coin de Val-d’Or et de Joutel (le village abandonné). J’étais juste en Abitibi et ensuite j’ai gravité autour », résume-t-il.  

À Joutel, M. LeBlond-Fontaine évoque des routes accessibles. «C’est l’avantage des régions comme l’Abitibi par rapport à la Jamésie. C’est un peu plus industrialisé, il y a plus de foresterie donc beaucoup de chemins ouverts. Ça permet de ratisser un peu plus large que dans d’autres régions.»  

Des repérages simples pour des clichés rares  

Son dernier séjour abitibien n’a pas été précédé de préparatifs notables. «Je prépare mon matériel, la nourriture, le chauffage. En 2023, j’avais surtout apporté les vêtements adéquats. Je sais que je vais visiter un secteur ou une région mais je ne sais pas exactement. Je me fie aux signes de présence faunique.»   

Quelques repérages Google Maps font son affaire. Ils lui permettent d’appréhender les différents types de territoires correspondant plutôt au lynx ou davantage à l’orignal.  

Le Lévisien n’a pas de formation biologique mais au fur et à mesure de ses pérégrinations, il a acquis quelques connaissances sur les habitudes de telle ou telle espèce. «Je lis, regarde des documentaires sur la faune que je photographie.Il y a une foule d’informations à aller chercher facilement. »

Le photographe animalier Jérémie LeBlond-Fontaine. 
L’homme et la nature, une cohabitation plurimillénaire.
Photo gracieuseté Jérémie LeBlond-Fontaine.

Entre patience, raquettes et instinct  

Au cœur de l’hiver 2023, Jérémie LeBlond-Fontaine s’est tapi tantôt au fond des bois, tantôt dans son véhicule. «En général, je trouve un endroit où il y a des traces (le lynx en l’occurrence) où il y a un bon potentiel. Puis, je ratisse une partie du territoire avec ma voiture. L’autre partie, je la fais en raquettes. Aller marcher plusieurs heures à la recherche de passages frais ou d’animaux directement.»  

Le photographe décrit le lynx du Canada comme un animal qui n’est pas hyper farouche mais il n’est pas facile à observer quoiqu’il ne fuie pas «la présence humaine. J’ai déjà eu un lynx qui est passé peut-être à 2 mètres et demi de moi. Il était trop proche pour un cliché ».  

Observer sans effrayer : l’art du mouvement  

Parmi ses collègues en quête d’images, d’aucuns préfèrent se concocter un abri camouflé par les feuillages et attendre l’animal. M. LeBlond-Fontaine se meut et va à la rencontre de la créature tant désirée.  

Le lynx présente l’élégance propre à la gent féline. Le photographe cite le renard roux comme l’une de ses «cibles» favorites qu’il a maintes fois capturé sur son appareil. «Il est très expressif», s’exclame-t-il avant de qualifier l’orignal de majestueux.

Le renard roux en hiver photographié par Jérémie LeBlond-Fontaine
Le renard roux.  
Photo gracieuseté Jérémie LeBlond-Fontaine.

Renards, orignaux et félins discrets  

Ses rencontres avec ce «gros chat», il les compte sur les doigts d’une main, incluant celles réalisées en 2023 dont les clichés agrémentent cet article. «C’est un animal assez discret. Il faut vraiment tomber dessus, ça prend énormément de temps pour parvenir à le croiser. Ce sont des rencontres vraiment marquantes. C’est un privilège d’avoir une belle proximité avec lui.»  

Pour «traquer» le lynx, il convient de rester en éveil bien que les nuits soient plus longues. «Le sommeil, c’est particulier. Cette semaine-là (février 2023), il faisait -25° à -30° Celsius. Dans la voiture, je n’avais qu’une petite chandelle pour éliminer un flux d’humidité durant la nuit. À l’intérieur, la température ne montait pas au-dessus de -15° environ.»   

Il a dépensé «autant d’énergie à se reposer qu’en éveil» puisqu’il lui a fallu combattre le froid vigoureux. «La fatigue se faisait sentir au fil du périple.»  

Traque tout en tact   

En Abitibi, il a effectué deux rencontres animalières : un renard puis une femelle lynx avec son jeune la dernière journée. L’anecdote indique le niveau de surveillance requis. «Je reviens sur un chemin où j’étais passé 15 minutes auparavant. Je note des traces toutes fraîches.  

C’était ce jeune lynx qui avait un peu moins qu’un an. J’ai entendu la mère du lynx qui l’appelait avec une sorte de miaulement. Elle était à 10 mètres maximum de moi.»  

L’hiver limite un peu le travail photographique. Il faut suffisamment de lumière. « Je sors une heure avant le lever de soleil et je termine peut-être une heure après le coucher de soleil ».   

Faune endormie ou éveillée, spectacle enchanteur  

L’hiver, certaines espèces hibernent comme l’ours noir mais la plupart des autres acteurs fauniques sont bel et bien présents. Comme avantage, les empreintes sur le sol enneigé s’avèrent plus faciles à repérer. Et l’hiver, point de maringouins, s’amuse Jérémie LeBlond-Fontaine. «En Abitibi, c’est facile de perdre quelques livres de sang durant la saison estivale », précise-t-il fort de son expérience.  

«La neige a un effet purificateur sur le décor.Quelque chose de magique. » Et cela fait de beaux clichés photogéniques.

Le lynx sur la neige photographié par Jérémie LeBlond-Fontaine.  
Le lynx du Canada.  
Photo gracieuseté Jérémie LeBlond-Fontaine.

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