« Inselberg » : la montagne accouche d’une étincelle épique

  • Publié le 4 sept. 2025 (Mis à jour le 4 sept. 2025)
  • Lecture : 5 minutes
Jean-Marc Saint-Amant, de la mine Éléonore au roman fantastique. 

Photo gracieuseté.
Jean-Marc Saint-Amant, de la mine Éléonore au roman fantastique.  Photo gracieuseté.

Jean-Marc Saint-Amant travaille pour la mine Éléonore le jour. En soirée, il opère sur une autre pépite : son roman Inselberg qui va se décliner en cinq tomes. Le premier Inselberg : l’étincelle du destin est sorti en juillet en France et au Québec ; le deuxième, sur le point de sortir ; le troisième, partiellement écrit. L’écrivain sera présent le 4 septembre à 18 h au bar-librairie Livresse de Rouyn-Noranda pour présenter le premier opus. 

Dans le civil, M. Saint-Amant, un Rouynorandien âgé de 58 ans, est aviseur technique à la mine Éléonore. De là à dire que son premier roman recèle des onces d’or littéraires, il n’y a qu’un pas (de loup). 

Dites son nom : Inselberg ! Il ne s’agit pas du pseudonyme de M. Saint-Amant qui mènerait quelque double vie. Un inselberg figure un relief rocheux et abrupt. Le terme dérive de deux mots allemands qui veulent dire île et montagne. L’Office québécois de la langue française donne comme équivalent le mot monticule. 

Dans notre région, le Mont Chaudron illustre ce qu’est un inselberg. Dans cette fiction, le Mont Chaudron est appelé Mont Œil du nord. Toutefois, dans le réel, Chaudron et Œil du nord sont deux montagnes distinctes et distantes d’une dizaine de kilomètres.

"Inselberg", une fresque romanesque en 5 tomes dont le premier est sorti
L’inselberg dans la réalité.
Photo gracieuseté.

Quarante ans plus tard… 

La saga Inselberg puise son origine dans un passé lointain, familial et mystique. « L’histoire est ancienne. C’est celle de mon oncle qui est décédé à 93 ans. Il a parcouru ces forêts-là dans les années 40. Il y était bûcheron. Parallèlement, il y avait découvert une géologie particulière. Ça l’avait vraiment intrigué. Il y est retourné dans les années 80. Mon récit se poursuit aussi 40 ans plus tard. Puis, survient l’étincelle (du destin). Jérémie, le personnage, a un contact électrique par le biais d’une étincelle sur la pierre. C’est là que tout commence. C’est là que son destin se dessine. » 

Ensuite, il se produit des événements. Le personnage (inspiré par l’oncle) pense qu’il « a offensé un site sacré ».  

De mauvaises nouvelles se sont greffées. Jérémie, cet antihéros, impute cela à la profanation dudit site. Finalement, il y retourne 40 ans plus tard. Là, démarre une quête en lien avec les Premières nations. 

Son oncle incarnait une sorte de « clochard céleste », au sens kerouacien : un être en quête d’absolu immergé dans la nature, un pèlerin de la forêt. « Mon oncle vivait en solitaire passant ses étés en communion totale avec la nature. Un vrai passionné ! Toute sa vie durant, il avait travaillé à la Fonderie Horne à Rouyn. La forêt était son lieu d’évasion. Ses connaissances sur la nature étaient incroyables et détaillées. Il savait lire la nature comme personne sûrement comme les Premières Nations, jadis. » 

Les premiers pas 

« J’y pensais depuis longtemps puis je me suis lancé à l’automne 2021. » C’est à ce moment que Jean-Marc Saint-Amant, technicien forestier de formation et aujourd’hui gestionnaire dans le secteur minier, a décidé de se consacrer sérieusement à l’écriture. 

« Ce que j’ai décidé d’écrire vient en bonne partie de mon vécu, de l’expérience que j’ai eue sur différents territoires, avec les Premières Nations entre autres, et de lieux spécifiques en Abitibi-Témiscamingue. » 

« Plusieurs idées me sont venues grâce aux gens, aux lieux de notre région que j’ai fréquentés. Certains endroits m’ont toujours fait me questionner. Mon imaginaire se nourrit de tout cela. L’histoire se promène entre le réel et l’imaginaire. Elle est à cheval entre les deux. » 

Le défi de l’édition 

Le « jeune » écrivain se heurte déjà aux réalités de l’univers littéraire. Publié par une maison d’édition française (Persée), il négocie pour que son deuxième tome soit publié par la même maison. 

« Il faut que j’aie une discussion avec eux autres quand j’aurai terminé la correction. Ma coach littéraire (de Rouyn-Noranda) a déjà livré ses corrections. Il me reste à faire une dernière révision et je leur enverrai le deuxième roman. C’est un tome à la fois. » 

L’accouchement ne fut pas immédiat. « J’avais envoyé mon roman à une dizaine de maisons d’édition. Deux réponses positives en France. Aucune au Québec. C’est très risqué pour les maisons d’édition de se lancer. Surtout celles à compte d’éditeur. Risqué de se lancer dans des investissements surtout qu’il y a plusieurs tomes. » 

Il a finalement choisi les Éditions Persée, à Paris, où son premier roman a vu le jour le 9 juillet. « C’est un partage de risques. J’investis comme ma maison d’édition investit. »

Sous l’œil de la coach

Jean-Marc Saint-Amant précise qu’il a commencé à travailler avec sa coach littéraire en janvier 2024. Le romancier décrit son intervention comme une petite révolution dans ses habitudes. « Il m’a fallu utiliser des techniques d’écriture. Ce que ma coach appelle “les cinq sens”. En lisant, on doit pouvoir sentir la résine de l’épinette, entendre le vol d’oiseaux. Il s’agissait de tout décrire pour consolider mes phrases, que ça paraisse bien vivant dans la tête du lecteur. »

Sous les crocs du loup 

L’auteur a aussi appris à renforcer les scènes d’action. « Ma coach littéraire est intervenue dans les passages où il y avait de l’action. À un moment, le protagoniste se fait attaquer par les loups. J’ai dû étirer cette scène. Ma coach m’avait conseillé de rajouter du matériel. Il fallait faire en sorte que ce soit le lecteur qui ressente la morsure du loup. Tenir en haleine le lecteur d’un chapitre à l’autre, d’un tome à l’autre même ! » 

Une discipline ascétique 

L’écrivain s’impose une discipline rigoureuse. « Je travaille à 4 h 30 du matin. Je rentre le soir à 6 h. Après le souper, je commençais à écrire. J’écrivais tous les soirs. C’était mon rythme. C’est ce que je m’étais donné comme objectif, puis je n’ai jamais cessé. Je continuerai tant que je ne serai pas rendu au bout du cinquième tome. » 

Les deux premiers volumes d’Inselberg formaient d’abord un seul manuscrit. « Les deux tomes faisaient partie d’un tout » : 600 pages que l’auteur a scindées en deux. Et la suite ? « J’ai les trois quarts du troisième tome d’écrit. Quand je vais avoir terminé mon tome trois, je vais revenir achever la correction du tome deux. »

Les voyages formateurs 

Les voyages ont enrichi son imagination. « J’ai toujours vécu en Abitibi mais j’ai voyagé avec ma conjointe. Pour le travail en particulier. J’ai fait l’Amérique centrale : Costa Rica, Honduras. Ensuite, le Mexique. Nous sommes allés en Écosse. Les États-Unis également bien sûr. Ça a nourri mon récit. » 

Un message d’espoir 

Jean-Marc Saint-Amant est un humaniste convaincu. « Le point central, ce sont les valeurs humaines. J’aimerais sensibiliser les gens à ça. Les sensibiliser à l’humain au sens collectif, pas individuel. Enfin, souvent, on ne prend pas le temps de voir les petites choses autour de nous. Ces petites choses vont devenir grandes au fur et à mesure que les tomes vont avancer. L’essentiel, c’est vraiment l’humain et sa connexion avec la nature. » 

La verve fantastique qui jaillit des écrits de Jean-Marc Saint-Amant sert de liaison entre ses personnages issus de diverses communautés. Pour en faire sourdre la paix des âmes, la réconciliation. « Le fantastique vient souder tous les éléments parce qu’on a besoin de l’autre pour continuer à avancer dans cette quête. »

"Inselberg : l’étincelle du destin", premier tome d'une saga littéraire made in Rouyn
La couverture de son premier tome Inselberg : l’étincelle du destin
Photo gracieuseté.

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