Pascal Rheault au gouvernement : « les bottines doivent suivre les babines »

  • Publié le 29 nov. 2024 (Mis à jour le 23 mai 2025)
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Le président de l’UPA régionale, Pascal Rheault, s’exprime sur l’année écoulée pour les agriculteurs témiscabitibiens ; sur ses attentes également dans le sillage de l’assemblée générale annuelle de la semaine dernière. L’UPA, à cette occasion, a célébré son centenaire avec une devise : « du cœur au ventre ».

Le bilan agricole est mitigé. « On a des relents de l’année 2023 avec la sécheresse qu’on a eue. Au niveau de la première coupe et du foin, c’était relativement correct. La deuxième coupe, c’était catastrophique. On a fait des études avec Carole Lafrenière, une chercheuse de l’UQAT. Elle expliquait que les nodules des plantes étaient mortes. Elle avait raison », se désole le président de la Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) d’Abitibi-Témiscamingue, Pascal Rheault. 

Dans un autre domaine, l’impact est moindre. « Pour les grains, ça a été bien. Il y a des secteurs où les rendements ont été très bons ; d’autres, c’était moyen. La sécheresse a fait de grands dégâts et ça a continué en 2024 », ajoute-t-il. 

La relève 

La moyenne d’âge des producteurs agricoles est de 54 ans indique l’UPA. Ce qui est sensiblement la même que la moyenne québécoise. Une relève est requise. « On travaille énormément pour trouver des façons à intégrer la relève. On est une région assez jeune mais on a des producteurs sans relève. On doit les mettre en lien avec des jeunes qui veulent partir en agriculture. » 

La relève, pour pallier les départs en retraite, doit arriver dans les 10-15 ans à venir. « C’est dans ce contexte-là qu’on doit travailler. Faire venir des jeunes de l’extérieur qui peuvent venir s’établir ici. On a un lieu de travail intéressant à cause du prix des terres qui est moins dispendieux que dans le centre de la province. Ça peut être attrayant. Mais ça prend de bonnes conditions pour perdurer », soutient-il. 

M. Rheault indique que le prix des terres, même en Abitibi-Témiscamingue, pourrait augmenter. « Il va y avoir un certain rattrapage dans le futur. » Pour la relève, il serait donc propice de s’installer dans notre région maintenant, sous-entend-il. 

Aides gouvernementales 

À l’instar d’autres secteurs, l’agriculture nécessite des fonds. Le ministère de l'Agriculture apporte un soutien financier. « Ça ne répond pas à nos attentes. On a déposé une résolution d’urgence à notre assemblée, la semaine dernière. Le gouvernement doit investir prioritairement dans les régions périphériques. Ça prend un coup de pouce », tranche-t-il. 

Pascal Rheault avance que les agriculteurs sont mieux protégés dans le reste du Canada : « on a moins d’appuis financiers qu’eux autres ». 

Pour avoir un tableau précis de l’agriculture locale, il faudra attendre. « On va avoir un décompte du nombre de fermes, un portrait fidèle de chaque MRC dans deux ans avec le Plan de développement de la zone agricole (PDZA). On saura quelles sont les terres qui pourraient avoir un preneur. On pourra faire un lien entre la relève et ceux qui sont en fin de carrière », résume-t-il. 

Déception post-COVID 

Ce producteur céréalier exprime une certaine déception quant à l’après-COVID de la part du gouvernement Legault : « pendant la pandémie, il y a eu un certain relent pour l’agriculture. Mais, depuis deux ans, ils préfèrent investir dans les nouvelles technologies, les batteries. On dirait que l’agriculture est mise de côté ». 

« Ça fait mal » 

Il en va de même concernant la politique qui a trait aux changements climatiques, dont M. Rheault est parfaitement conscient. « Ça fait mal. Ils mettent des règles de plus en plus strictes pour produire. On sent la pression d’année en année. On est conscient que l’environnement doit être préservé, mais ça prend des conditions pour produire. Les bottines doivent suivre les babines », glisse malicieusement le président de l’UPA d’Abitibi-Témiscamingue. 

La concurrence étrangère n’arrange rien. « Face aux produits importés, on est moins compétitif, car on a des normes à respecter. Les bandes riveraines, moins de pesticides, protéger les cours d’eau, on est d’accord : on doit faire notre part, mais le gouvernement aussi », s’emporte M. Rheault. 

Le président de l’UPA ajoute que les agriculteurs canadiens subissent moins de règles que ceux du Québec. « On ne joue pas sur la même patinoire », lâche-t-il. 

Absence d’abattoirs 

La majorité des producteurs agricoles en Abitibi œuvrent dans les milieux bovin et laitier. Au Témiscamingue, il y a beaucoup plus de producteurs de grains. 

Pour le secteur bovin, un problème majeur se pose : aucun abattoir dans notre région. Les animaux sont acheminés sur des centaines de kilomètres. « C’est onéreux de tenir un abattoir. C’est un dossier qu’on regarde à l’UPA », conclut M. Rheault. 

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