Refus de la misère : qui s’engagera pour vrai ?

À l’occasion de la Journée du Refus de la misère le 17 octobre prochain, les groupes Agir Tous pour la Dignité Quart Monde (ATD-QM) et le Regroupement d’Éducation Populaire de l’Abitibi-Témiscamingue (RÉPAT) invitent la communauté et particulièrement les candidats aux élections à participer à trois temps forts axés sur l’écoute, la réflexion et l’engagement concret en faveur des personnes en situation de pauvreté.

L’événement, organisé chaque année à travers le monde depuis 1987, prend cette année une tournure politique assumée à Rouyn-Noranda. Non seulement les aspirants élus sont invités à participer à différentes activités communautaires, mais les noms de ceux qui feront de la lutte contre la pauvreté une priorité seront rendus publics. Une démarche qui soulève des questions sur le rôle des municipalités dans ce combat, mais aussi sur la responsabilité citoyenne et politique de transformer les promesses en actions.

Pour mieux comprendre la portée de cette initiative et les raisons derrière l’appel lancé aux candidats municipaux, Yvette Bélanger, porte-parole du groupe ATD Quart Monde à Rouyn-Noranda, explique la démarche.

Selon Mme Bélanger, il est essentiel de rappeler que les municipalités ont un rôle clé à jouer dans la lutte contre la pauvreté. « On souhaite que cette journée mène à de vrais engagements, qu’on pose les bonnes questions et qu’on prenne des décisions concrètes. Le 17 octobre, c’est la Journée mondiale du refus de la misère. Pour nous, c’est une journée importante, une journée pour les personnes défavorisées, et on veut que ce soit aussi un moment fort, un moment de reconnaissance. »

« Pour ce 17 octobre, on veut faire de cette journée un moment vraiment spécial. Il y aura quelque chose d’unique, mais je ne peux pas tout dévoiler pour l’instant. Ce sera une occasion de voir, de ressentir et de mieux comprendre l’ampleur de la pauvreté. »

On sait qu’à Rouyn-Noranda, plusieurs enjeux sont à aborder. Des initiatives, telles que la gratuité du transport en commun, ont déjà contribué à améliorer le quotidien de plusieurs personnes, et ATD Quart Monde et le RÉPAT souhaitent que de telles mesures soient maintenues et développées.

Une responsabilité partagée

Pour Yvette Bélanger, porte-parole d’ATD Quart Monde, la lutte contre la pauvreté ne repose pas uniquement sur les épaules de quelques élus ou organismes. « Tout le monde est concerné. Ce n’est pas la responsabilité d’un ou deux, c’est l’affaire de toute la collectivité. On est tous engagés », insiste-t-elle. Il s’agit, selon elle, d’un effort collectif qui commence par une prise de conscience et une volonté de réfléchir ensemble à des solutions durables.

Dans cet esprit, ATD Quart Monde s’est engagé à rendre publics les noms des élus municipaux qui choisiront de faire de la lutte contre la pauvreté une priorité pendant leur mandat. Une façon de valoriser ceux qui s’impliquent concrètement, tout en appelant à plus de transparence et de responsabilité politique.

À la Dalle du Refus, on réclame le changement

Érigée en 1993, la Dalle du Refus de la misère de Rouyn-Noranda est la première du genre en Amérique du Nord. Ce monument symbolique a été installé en mémoire des personnes vivant dans la pauvreté, trop souvent invisibles aux yeux de la société. Depuis plus de 30 ans, chaque 17 octobre, des citoyens, militants et personnes concernées se rassemblent autour de cette dalle pour faire entendre « la voix des sans voix ».

Cette année, le rassemblement aura une résonance particulière, alors que l’itinérance prend de l’ampleur dans la ville. « Ça devient une tragédie. Il y a trop d’itinérance à Rouyn-Noranda, et c’est inacceptable. Il faut qu’on trouve une solution ensemble, déplore Yvette Bélanger. Mais pour y arriver, il faut que les élus nous écoutent. Il faut qu’on soit au cœur des décisions et des projets liés à la lutte contre la pauvreté. »