Une mini-tournée régionale en constante évolution pour Steven Bilodeau

HUMOUR – N’ayant jamais l’habitude de passer inaperçu, l’humoriste Steven Bilodeau n’a pas fait de compromis sur sa présence scénique pour son spectacle «L’heure de la retraite a sonné». Le public valdorien a eu droit à la pleine expérience, alors que cet humoriste de la relève et ex-militaire faisait un arrêt au Resto-bar chez Jen et Pat, samedi soir dernier.

Cet arrêt au camping Le Sagittaire venait conclure une mini-tournée de trois dates en Abitibi-Témiscamingue, qui s’était amorcée avec des arrêts à Ville-Marie et à Amos. Devant des dizaines de curieux et plaisanciers, l’ancien militaire de 45 ans a offert une performance de près de deux heures pour son premier one-man show. 

De son expérience dans l’armée canadienne jusqu’à son retour en civil, celui qui a intégré le programme de Création humoristique de l’École nationale de l'humour en 2021 laisse une place aux ajustements quant à ses prestations. 

«Je regarde ma mise en scène de manière instinctive. Ceci doit arriver avant cela, et je travaille en essais et erreurs. Je suis rendu à près de 40 représentations, mais je déplace encore des morceaux en fonction de l’énergie de la salle. Habituellement, je ne fais jamais d’entracte, mais ce soir, j’en ai fait un pour permettre au resto-bar de faire plus de ventes. Je suis encore en apprentissage, je suis encore en développement, mais j’ai un spectacle qui est bien assis», donne en exemple Steven Bilodeau. 

Fondateur du «Soundcheck Podcast» et invité régulier des soirées «Le Gong Show», celui qui habite maintenant dans la capitale fédérale a aussi plongé dans le monde de l’hôtellerie et de l’immobilier, en parallèle à son emploi militaire. Se disant bénéficiant de gains émotionnels remplis en sensations fortes lorsqu’il prend place sur la scène, Bilodeau veut aussi montrer qu’il peut y avoir une suite atypique et non-linéaire après un passage dans l’armée. 

«Beaucoup de gens dans l’armée ont de la difficulté à trouver une nouvelle identité et à se valoriser d’une autre façon. Beaucoup d’entre eux transitionnent pour devenir agent de sécurité ou des avenues qui ressemblent à l’armée. Je ne suis pas certain que ce soit la solution, surtout quand tu souffres d’un problème mental lié au service militaire», explique Steven Bilodeau, qui estime qu’une bonne partie des vétérans ont des préjugés négatifs sur les services de santé. 

Une route plus rocailleuse 

Le principal intéressé est le premier à le dire, le monde de l’humour est loin d’être un fleuve tranquille, comme il le croyait au début de son aventure. Il s’est vite rendu compte de la différence de culture quant il est question des anciens militaires.  

«La réceptivité des gens dans le Canada anglophone est beaucoup plus favorable. Le Québec n’a pas nécessairement une amertume ou une aversion envers l’armée, seulement une indifférence. Je suis à contre-courant, car il y a des préjugés. Toutefois, ça peut se déconstruire», croit-il. 

Le choc provient aussi du fait d’évoluer comme humoriste de la relève dans la mi-quarantaine. Même s’il ne fait pas ça pour l’argent ou espérer en vivre à long terme, Steven Bilodeau est confronté à un milieu compétitif, tout en côtoyant des jeunes aspirants qui ont parfois la moitié de son âge. 

«Peu importe le milieu dans lequel j’évolue, je vais avoir de la difficulté à connecter avec des jeunes. Ils peuvent parfois me voir comme un extra-terrestre, car je n’ai pas la même expérience de vie qu’eux. De voir que je suis capable d’être autonome aussi tôt, comme humoriste de la relève, c’est beaucoup de questionnements pour eux», analyse-t-il. 

De passage sur plusieurs plateformes, le grand gaillard de 6’5’’ ne cache pas qu’il a une future invitation au Festival de l’humour de l’Abitibi-Témiscamingue sur sa liste de souhaits. Il se dit très ouvert et enchanté de faire un passage au prochain Festival de l’humour émergent, à l’été 2024.