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05 septembre 2019

Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca

Arsenic dans le Vieux-Noranda: un problème complexe

La situation est rapportée par les médias locaux depuis le début des années 2000

Fonderie_Horne_annees_1940

©BAnQ - Fonds Joseph Hermann Bolduc - Le Citoyen Rouyn - La Sarre

À l’époque prédatant la construction de l’usine d’acide sulfurique, les cheminées de la Fonderie Horne rejetaient d’imposantes quantités de polluants dans l’atmosphère, occultant les rayons du soleil et recouvrant parfois le centre-ville d’un brouillard jaunâtre.

Les problèmes liés aux émissions d’arsenic par la Fonderie Horne sont connus et transmis au grand public depuis près de 40 ans. Toutefois, au fil des dernières années, le problème est devenu de plus en plus complexe.

Déjà, dans son édition du 25 avril 2001, l’hebdomadaire La Frontière avait publié un dossier sur la question, à la suite de la publication du classement des pollueurs canadiens par PollutionWatch. Cette compilation, non-scientifique, mentionnait alors que Rouyn-Noranda occupait le premier rang au pays en matière de risques de cancer, en raison des émissions d’arsenic dans l’air.

Croissance incontrôlable de l’arsenic

En janvier 2002, la Direction de santé publique (DSP) et des représentants de la Fonderie Horne avaient ensuite rencontré les citoyens du Vieux-Noranda pour leur faire part d’une augmentation des quantités d’arsenic dans les sols et l’air de leur quartier.

La Frontière avait alors précisé que l’arsenic émis directement par les cheminées de l’usine en une année était passé de 45 tonnes en 1990 à 60,2 tonnes en 2000, alors que la compagnie Noranda espérait plutôt avoir ramené cette quantité à 25 tonnes.

Le journal avait aussi mentionné que la Fonderie Horne avait, sans aucune exigence de la part des ministères de la Santé et de l’Environnement, décidé d’investir 10 M $ pour réduire de 85 % ses émissions d’arsenic d’ici 2003.

L’idée d’une zone tampon

En février 2002, à la suite d’une averse de neige parsemée de particules polymétalliques dans le quartier, une trentaine de résidents du Vieux-Noranda avaient demandé à la Régie régionale de la santé et au ministère de l’Environnement de resserrer leurs contrôles face aux émissions de poussières de la Fonderie Horne. Dans une entrevue accordée à La Frontière, les citoyens habitant la zone la plus critique avaient même lancé l’idée que Noranda rachète leurs maisons pour établir une zone tampon.

Pas de panique

La publication, le 11 novembre 2004, de l’Avis sur l’arsenic dans l’air ambiant de Rouyn-Noranda, après trois ans de travail, avait conduit le ministère de l’Environnement à demander à Noranda de réduire par dix fois les émissions d’arsenic de la Fonderie Horne dans un délai de 18 mois afin que leur taux passe d’une moyenne de 603 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) entre 1991 et 2002 à 10 ng/m3 et qu’on vise, idéalement, la cible de 3 ng/m3 le plus rapidement possible.

Dans l’édition du 17 novembre 2004 de La Frontière, la DSP avait qualifié la situation d’inacceptable, tout en invitant la population à ne pas céder à la panique, soutenant que les risques pour la santé restaient minimes.

«Il serait impossible pour le moment de faire un lien direct entre des cas de cancer du poumon et la présence d’arsenic dans l’air, pouvait-on lire. Pour un taux moyen de 76 cas sur 100 000 personnes au Québec, Rouyn-Noranda affiche un taux de 93 cas. Toutefois, à Val-d’Or, où l’on ne retrouve aucune présence d’arsenic, le taux est de 104 cas. Pour trouver un seul cas additionnel dû aux taux d’arsenic identifiés dans le rapport, il faudrait 10, 20, voire 40 ans.»

Pas de lien avec le cancer du poumon

Par la suite et jusqu’à la fin de 2007, le sujet de l’arsenic avait régulièrement défrayé les manchettes de La Frontière, informant la population de Rouyn-Noranda sur l’évolution du dossier.

La Fonderie Horne ainsi que le Syndicat des employés de la mine Noranda avaient, chacun leur tour, qualifié d’irréalistes les objectifs de réduction fixés par le ministère de l’Environnement. Le syndicat avait cependant aussi dénoncé l’insouciance publique face au problème des émissions d’arsenic, allant même jusqu’à réclamer une nouvelle enquête médicale, celle-là sur l’ensemble de la population et sur une base volontaire.La DSP avait cependant rejeté cette requête, alléguant que bien que la situation eût été préoccupante, aucun lien n’avait pu être établi entre les cas de cancer du poumon rapportés chez des résidents du Vieux-Noranda au cours des 15 dernières années et l’arsenic.

«Pour qu’il soit cancérigène, l’arsenic devrait être 2000 fois plus concentré que ce qu’il est actuellement» - La DSP

Plus d’arsenic chez les enfants que les adultes

Vers la fin de 2005, la DSP avait néanmoins amorcé un vaste échantillonnage d’urine auprès de 200 résidents du Vieux-Noranda qui devait s’échelonner jusqu’à la fin de 2006 afin de mesurer les niveaux d’exposition à l’arsenic. La DSP avait précisé que les analyses d’urine étaient un bon moyen de mesurer la quantité d’arsenic absorbée dans le corps. Les résultats de chacune des cinq campagnes de prélèvement avaient été publiés dans La Frontière.

Puis, dans l’édition du 2 mai 2007, le rapport final avait conclu que les enfants affichaient un taux d’arsenic dans le corps plus élevé que les adultes, mais que, dans tous les cas, l’exposition à ce contaminant, sous ses concentrations actuelles, avait peu d’impact sur la population exposée.

Le rapport avait aussi démontré que la quantité d’arsenic absorbée était sensiblement la même dans le Vieux-Noranda qu’à Évain, où avait été prélevé l’échantillon comparatif.

Réductions importantes

Le 17 octobre 2007, le journal avait publié un dossier sur l’évolution de l’ensemble des rejets polluants de la Fonderie Horne. On pouvait notamment y voir que la quantité d’arsenic émise par l’usine était passée de 98 314 kilos en 2001 à 15 267 kilos en 2006. Ce bilan avait également conclu que la pollution était surtout due aux émissions fugitives.

En parallèle, la Fonderie Horne avait amorcé de nombreux travaux en vue d’améliorer son bilan environnemental. Un budget de 20 M $ y avait été consenti. Un rapport réalisé par l’Agence régionale de la santé et publié dans La Frontière du 18 décembre 2009 avait démontré que les émissions fugitives d’arsenic avaient diminué de manière importante. Cependant, précisait-on, elles demeuraient tout de même 43 fois plus élevées que dans les autres villes du Québec

Dans le journal du 31 mars 2010, on pouvait toutefois apprendre que, à la suite de travaux réalisés à la Fonderie Horne au coût de 8,5 M $ en 2009, les concentrations d’arsenic dans l’air du Vieux-Noranda avaient chuté de 33 % en l’espace d’un an.

Entre 2010 et 2015, d’autres investissements ont été consentis par la Fonderie Horne pour réduire ses émissions d’arsenic.

Et maintenant?

À l’heure actuelle, la Fonderie Horne émettrait un peu moins de 100 ng/m3 d’arsenic dans l’air. En 2018, sa moyenne annuelle à la station d’échantillonnage était ainsi de 98 ng/m3, alors que sa limite autorisée par le ministère de l’Environnement est de 200 ng/m3. Celle-ci demeure cependant bien au-delà de la limite de 3 ng/m3 habituellement applicable partout au Québec.

La publication des résultats partiels d’une étude qui avait révélé que les enfants du Vieux-Noranda affichaient une concentration 3,7 fois plus élevée d’arsenic dans leurs ongles (420 ng/g) que ceux de la population témoin d’Amos (110 ng/g) a achevé de raviver les inquiétudes de la population.

Cependant, dans son rapport partiel, la DSP a précisé que «selon les connaissances scientifiques actuelles, il n’est pas possible de quantifier le risque à la santé à partir d’un seuil d’arsenic mesuré dans les ongles».

Quelques manchettes notables de La Frontière
25 avril 2001 – L’arsenic de la Fonderie Horne mettrait votre vie en danger
30 janvier 2002 – Les émissions d’arsenic ont augmenté depuis 1999 à la Fonderie Horne
27 février 2002 – Le quartier Notre-Dame somme Noranda et Québec de s’attaquer au problème de la pollution
17 novembre 2004 – La Fonderie Horne doit réduire de 10 fois ses émissions d’arsenic
24 novembre 2004 – Les travailleurs doutent qu’on puisse atteindre les objectifs de Québec
9 mars 2005 – Les pertes d’emplois chez Noranda seraient plus nocives que l’arsenic
26 octobre 2005 – «En solutionnant l’arsenic, on va régler les autres contaminants»
15 mars 2006 – Arsenic à la Horne: pas de travaux avant 2007
27 septembre 2006 – La Horne investit 20 M $ contre l’arsenic
2 mai 2007 – Arsenic: peu d’impacts chez les citoyens selon la DSP
17 octobre 2007 – La Fonderie Horne a pollué plus en 2006
26 mars 2008 – L’air de Rouyn-Noranda s’est assaini
18 décembre 2009 – Les efforts de la Fonderie Horne portent fruits

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