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29 janvier 2020

Formation professionnelle: le parent pauvre de l’éducation

Le financement a diminué de 14 M $ entre 2014 et 2018

AB-FormationProfessionnelle_contexte

©Photo Commission scolaire de Rouyn-Noranda

La diminution de la clientèle étudiante à la formation professionnelle a entraîné une baisse de son financement. Pour plusieurs directions de centres de formation professionnelle, il s’agit d’un véritable casse-tête.

Entre l’année scolaire 2014-2015 et 2017-2018, quatre des cinq commissions scolaires de la région ont vu leur financement de la formation professionnelle être amputé de 4 à 63 %. Le mode de financement mal adapté serait la raison principale. 

Le financement de la formation professionnelle est principalement tributaire du nombre d’élèves inscrits. Selon le ministère de l’Éducation, les effectifs scolaires ont diminué d’environ 6 % entre 2014-2015 et 2017-2018 sur l’ensemble du territoire québécois. Cela expliquerait en partie que le financement pour la formation professionnelle, au Québec, soit passé de 776 158 676$ à 762 259 122$ durant la même période. Des 68 commissions scolaires pour lesquelles nous avons obtenu des détails grâce à la Loi d’accès à l’information, 45 ont vu un recul dans le financement de leur formation professionnelle. 

Persévérance cruciale 

Contrairement au financement pour le volet jeunesse, où le financement est accordé en raison du nombre d’élèves inscrits à une date fixe du calendrier scolaire, le secteur de la formation professionnelle obtient son financement lors de l’évaluation de chacune des compétences du programme. 

«Par exemple, en Charpenterie-menuiserie, le programme comporte 19 compétences. Nous recevons du financement pour un élève lorsque celui-ci fait un examen après avoir reçu l’enseignement nécessaire pour la compétence. Par contre, si l’élève suit les cours, utilise le matériel fourni lors des exercices, mais qu’il ne se présente pas à l’examen pour toutes sortes de raison, nous n’obtenons pas de financement pour lui», a expliqué le directeur du Centre Polymétier de Rouyn-Noranda, Stéphane Royer. 

Cette façon de procéder oblige donc les directions des centres de formation professionnelle à ouvrir les groupes à pleine capacité et à souhaiter que tous les élèves inscrits persistent dans leur formation pour pouvoir atteindre l’équilibre budgétaire. «Nous pouvons déployer tous les efforts et les ressources possibles pour les garder à l’école, mais au final, c’est l’élève qui prend la décision. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, la motivation scolaire des élèves est mise à rude épreuve», n’a pas caché M. Royer. 

Des modifications réclamées 

Plusieurs acteurs du milieu scolaire demandent au ministère de l’Éducation de revoir sa façon de financer la formation professionnelle. C’est le cas de la Table des responsables de l’éducation des adultes du Québec (TRÉAQ), un réseau qui regroupe les commissions scolaires et les organismes autochtones afin de faire le lien avec le ministère de l’Éducation à propos des questions qui touchent l’éducation des adultes. 

«Autant les gens que nous représentons que le Ministère conviennent que le mode de financement qui est utilisé depuis de nombreuses années ne fonctionne plus. Le Ministère a d’ailleurs mis sur pied à l’automne 2019 un comité qui se penche sur cette question. Il faut surtout rappeler que les budgets n’ont pas diminué à cause des coupures faites par le Ministère dans le financement de la formation professionnelle, mais bien en raison de la baisse du nombre d’élèves», a fait observer le président de la TRÉAQ, Normand Lacasse. 

Dans ses communications avec notre journaliste, le ministère de l’Éducation a soutenu que les règles budgétaires peuvent être revues annuellement et qu’elles peuvent être modifiées. 

«Si l’élève suit les cours, utilise le matériel fourni lors des exercices, mais qu’il ne se présente pas à l’examen pour toutes sortes de raison, nous n’obtenons pas de financement pour lui» - Stéphane Royer 

Un ministre à l’écoute? 

Les changements au sein du gouvernement ont aussi un impact sur le dossier du financement de la formation professionnelle. 

«Quand on change de ministre, on se rend compte que certains sont plus proactifs dans ce dossier que d’autres. Le budget du Ministère reste sensiblement le même, mais la répartition des sommes peut différer. Notre ministre actuel pousse beaucoup le dossier des maternelles 4 ans. Dans le budget pour la réalisation de ce projet, il utilise en partie l’argent qu’il économise en formation professionnelle», a signalé le président du TRÉAQ. 

Pistes proposées 

La TRÉAQ a fait part au ministère de l’Éducation de quelques solutions, dont le fait d’avoir un financement de base qui pourrait assurer l’ouverture de groupes. «Par exemple, un centre pourrait faire la demande d’ouvrir un groupe de cinq personnes en Foresterie et le gouvernement pourrait s’assurer de maintenir le financement pour ces cinq élèves peu importe ce qui arrive», a imagé Normand Lacasse. 

Une autre possibilité serait d’offrir certaines formations en rotation. D’ailleurs, c’est une avenue qui est étudiée par la Commission scolaire du Lac-Témiscamingue. 

Stéphane Royer estime pour sa part qu’une des solutions serait de revenir à un mode de financement en concomitance comme cela était le cas il y a quelques années. «Autrefois, nous recevions un montant en fonction du nombre d’inscriptions à la 16e journée de classe. Cela pourrait être une avenue envisageable», a-t-il supposé. 

La formation professionnelle en chiffres 

Les données sur le financement de la formation professionnelle ont été obtenues dans le cadre d’une demande d’accès à l’information faite auprès du ministère de l’Éducation. 

Données sur le financement de la formation professionnelle pour la région de l’Abitibi-Témiscamingue et du Québec 

 

2014-2015 

2015-2016 

2016-2017 

2017-2018 

Écart 2014 et 2018 

Proportion 

C.S. Lac-Témiscamingue 

740 589$ 

586 505$ 

474 512$ 

267 129$ 

-473 460$ 

-63% 

C.S Rouyn-Noranda 

3 531 538$ 

3 425 416$ 

3 362 430$ 

3 224 557$ 

-306 981$ 

-8,7% 

C.S de l’Harricana 

6 500 140$ 

6 890 630$ 

6 597 257$ 

5 997 374$ 

-502 766$ 

-7,7% 

C.S de l’Or-et-des-Bois 

4 878 405$ 

5 323 496$ 

6 066 499$ 

7 308 835$ 

+2 430 430$ 

+49,8% 

C.S du Lac-Abitibi 

2 810 713$ 

3 183 608$ 

2 770 109$ 

2 690 123$ 

-114 590$ 

-4,1% 

Abitibi-Témiscamingue 

18 461 385$ 

19 409 655$ 

19 207 807$ 

19 494 018$ 

+1 032 633 

+5,6% 

Québec 

776 158 676$ 

763 501 047$ 

775 822 734$$ 

762 259 122 

-13 899 554$ 

-1,79% 

 

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