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24 janvier 2022

Lucie Charest - lcharest@medialo.ca

Sigwan Thivierge docteure en linguistique dans une université américaine

La jeune dame originaire de Winneway s’intéresse à la composition et l’usage de sa langue originelle

Sigwan Thivierge

©Gracieuseté

Sigwan Thivierge s’est intéressée à la langue algonquine d’aussi loin qu’elle se souvienne.

Quoique pas très connu dans notre coin de pays, le parcours de Sigwan Thivierge, est plus que fascinant. Ses études, ses recherches, son enseignement et les conférences qu’elle a données à travers le Canada et aux États-Unis se déclinent en plusieurs dizaines d’implications.

Récemment, elle a obtenu un doctorat à l’université du Maryland, College Park, aux États-Unis. Ce qui n’a pas manqué de soulever une vague de fierté dans sa communauté d’origine. «Nous sommes très fiers de l’accomplissement exceptionnel de Sigwan, a déclaré Steeve Mathias, chef de Long Point First Nation. Tout au long de son parcours académique, de son baccalauréat, qu’elle a reçu avec mention, jusqu’à sa maîtrise à l’Université de Concordia de Montréal et ses dernières cinq années d’études rigoureuses à l’Université du Maryland, elle a démontré de la détermination et de la persévérance.»

Syntaxe et linguistique

Le doctorat de Sigwan Thivierge émane de l’intérêt qu’elle porte à la syntaxe, la morphologie et la sémantique des langues algonquiennes et kartvéliennes. Plus précisément, son champ d’expertise englobe les systèmes d'accord complexes, les racines et la structure des tiges verbales, la négation, la modalité et le déplacement indexique. Elle a été particulièrement fascinée par ce qu’elle a découvert au cours de ses recherches.

«Malgré des différences mineures, chaque langue rejoint une forme de langage humain qui lui est universel, a-t-elle constaté. Ma thèse met en évidence quels sont les points communs. Ce que je souhaite, c’est d’utiliser cette perspective dans mon enseignement pour complémenter les outils déjà existants dans le domaine de la linguistique.»

«J’ai eu la chance de naître dans une communauté où le travail de réclamation de notre langue était déjà amorcé» :- Sigwan Thivierge

Sigwan Thivierge

©gracieuseté

Grand sentiment d’accomplissement pour Sigwan Thivierge, grand sentiment de fierté pour sa maman, Sharon Hunter, lors de la cérémonie entourant sa maîtrise à l’Université Concordia en 2018.

Parcours

Il faut savoir que dès sa plus tendre enfance, à Winneway où elle a grandi, Sigwan Thivierge était plutôt de type intello, le nez continuellement dans les livres. Sa mère, Sharon Hunter, a été aux premières loges pour en prendre conscience et l’encourager à se développer à travers ses apprentissages.

«Je crois que chaque enfant a la possibilité de réaliser ses plus grands espoirs et rêves dans la vie, a-t-elle confié. En tant que parent, c’est notre rôle et notre responsabilité d’encourager, d’encadrer et de mettre tous les outils nécessaires à leur disposition. Je suis très, très fière comme maman que ma fille continue, encore aujourd’hui, à réaliser ses rêves.»

Mme Thivierge est actuellement professeur adjoint à l'Université Concordia, où elle occupe un poste conjoint en études des peuples autochtones, École des affaires communautaires et publiques, et en linguistique au département des lettres classiques, des langues modernes et de la linguistique. Elle y avait précédemment complété un baccalauréat spécialisé en linguistique avec distinction en 2011-2015 et achevé sa Maîtrise en 2015-2016 dont le mémoire s’intitulait «Défaut d'accord dans le marquage inverse de Nishnaabemwin».

Espoirs

Pour Sigwan Thivierge, le Doctorat ne représentait pas un accomplissement ultime, au contraire. D’aussi loin qu’elle se souvienne, elle a éprouvé un attachement viscéral envers sa langue originelle l’Algonquin. «Ça me peinait beaucoup, quand j’étais enfant, que j’entendais les aînés parler cette langue et ne pas la comprendre, a-t-elle relaté. C’est possiblement ce qui m’a d’abord poussée à vouloir la découvrir et la comprendre.»

Aujourd’hui, non seulement elle a atteint les plus hauts niveaux de connaissances en la matière, mais elle compte contribuer, faire partie d’une vague qui rende à cette langue toute sa vitalité initiale.

«J’ai eu la chance de naître dans une communauté où le travail de réclamation de notre langue était déjà amorcé, s’est-elle réjouie. Je souhaite poursuivre ce travail en créant, pour d’autres personnes, une place pour nous dans le monde académique universitaire. Car tout le long de mon parcours, il n’y avait pas beaucoup d’étudiants et de professeurs autochtones. J’aimerais que plus d’autochtones aient une place dans ces milieux. Je n’ai pas eu de mentor autochtone pendant mon parcours. C’est culturellement pertinent d’être avec des gens qui ont un même background. Je souhaite contribuer à réduire cet écart.»

Sigwan Thivierge a tout fait dans sa vie pour se trouver à l’endroit où elle se trouve aujourd’hui. Elle est même allée étudier dans un autre pays pour atteindre ce but. Plus que tout, elle souhaite aujourd’hui que des jeunes redécouvrent leur langue, se l’approprient et la rendent vivante à nouveau et s’approprient également leur place dans l’espace des hautes études. «Ça devrait être nous qui travaillions à faire vivre notre langage, ça fait trop longtemps que les non-autochtones travaillent là-dessus pour nous», a-t-elle conclu.

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